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On vous explique le conflit entre le Venezuela et le Guyana autour de la région de l'Essequibo

L'Essequibo est un territoire riche en ressources, sous administration guyanienne et revendiqué par le Venezuela depuis des décennies.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 5min
Le président vénézuélien Nicolas Maduro montre une carte du pays intégrant la région de l'Essequibo, pourtant sous administration guyanienne, lors d'un discours donné à Caracas le 5 décembre 2023. (ZURIMAR CAMPOS / VENEZUELAN PRESIDENCY / AFP)

La tension monte entre le Guyana et le Venezuela. Alors que le président vénézuélien Nicolas Maduro a ordonné l'octroi de licences pétrolières dans l'Essequibo, région pourtant sous administration du Guyana, son homologue guyanien, Irfaan Ali, a estimé, mardi 5 décembre, que ces déclarations constituaient "une menace directe" envers son pays.

Plus tôt, pour tenter de calmer la situation, la Cour internationale de justice avait ordonné au gouvernement vénézuélien de "s'abstenir de toute action susceptible de modifier la situation" dans l'Essequibo et aux deux parties de "s'abstenir de toute action susceptible d'aggraver ou d'étendre le différend". Des déclarations qui sonnent comme un vœu pieux, le Venezuela ne reconnaissant pas la compétence de plus haute instance judiciaire de l'ONU dans cette affaire. Franceinfo vous explique le conflit autour de territoire riche en matières premières.

Un territoire de 160 000 km² en jeu

L'Essequibo (parfois appelé Guayana Esequiba) est un territoire de 160 000 km² situé entre les deux frontières en pointillés ci-dessous. Sous administration guyanienne, il représente plus des deux tiers du Guyana et 125 000 personnes y vivent, ce qui représente un cinquième de la population du pays.

La région de l'Essequibo, entre le Guyana et le Venezuela. (CAPTURE D'ECRAN DE GOOGLE MAPS / FRANCEINFO)

Le Venezuela revendique cette région depuis des décennies. Caracas soutient en effet que le fleuve Essequibo, qui longe la région par l'est, constitue sa frontière naturelle, comme à l'époque de l'empire espagnol. Le Guyana estime, de son côté, que la véritable frontière remonte à l'époque coloniale anglaise et a été entérinée en 1899.

Une zone riche en pétrole

L'Essequibo fait l'objet de toutes les convoitises, notamment car il est riche en pétrole. En effet, la revendication du Venezuela est devenue encore plus pressante depuis la découverte d'or noir dans la région par l'entreprise ExxonMobil en 2015. Une nouvelle découverte a eu lieu en octobre sur le territoire, ajoutant aux réserves du Guyana au moins dix milliards de barils, soit plus que celles du Koweït.

Avec ces récentes trouvailles, le Guyana dispose désormais des plus grandes réserves de pétrole par habitant au monde. Le Venezuela possède pour sa part la plus importante réserve exploitable de la planète en valeur absolue. Par ailleurs, l'Essequibo recèle d'autres richesses minières, comme l’or et la bauxite, rappelle Guyane La 1ere.

Un référendum qui a ravivé les tensions

Les tensions sont montées d'un cran ces derniers jours, après l'organisation par le Venezuela d'un référendum consultatif, dimanche 3 décembre, portant sur le statut de l'Essequibo. Selon les chiffres officiels – contestés par de nombreux observateurs – quelque 10,4 millions d'électeurs vénézuéliens y ont participé et 95% se sont dits favorables à l'intégration de la zone à leur pays. "Cette démarche semble en partie motivée par la volonté de détourner l'attention des problèmes politiques [de Nicolas Maduro] dans son pays, en attisant la ferveur nationaliste", a commenté le New York Times.

Surfant sur cette "victoire", comme il s'en est félicité sur X (anciennement Twitter), le président vénézuélien a ordonné mardi au géant public pétrolier PDVSA d'accorder des licences d'exploitation de pétrole et gaz dans cette région. Il a également proposé que le pays se dote d'une loi spéciale interdisant la signature de contrats avec des entreprises travaillant dans le secteur en vertu de concessions accordées par le Guyana. Nicolas Maduro a évoqué un délai de trois mois donné à ces sociétés pour se retirer d'une zone "à délimiter", en se disant toutefois "ouvert à la discussion".

Il a aussi demandé que soit promulguée une loi pour créer la province du Guayana Esequiba, qu'un recensement y soit conduit et que des cartes d'identité vénézuéliennes soient délivrées aux habitants. Le président vénézuélien a néanmoins appelé à "un accord diplomatique, juste, satisfaisant pour les parties et amical" tout en affirmant que son pays allait "récupérer" l'Essequibo.

Au Guyana, la population s'est rassemblée pour défendre "l'intégrité territoriale" du pays. Le président Irfaan Ali a prononcé une allocution exceptionnelle à la nation mardi en fin de soirée, retransmise sur les réseaux sociaux.

Irfaan Ali a dénoncé ce qu'il considère comme "une menace imminente" et a assuré que le Guyana "intensifiera les mesures de précaution pour sauvegarder son territoire". "J'ai parlé ce soir au secrétaire général des Nations unies et à plusieurs dirigeants pour les alerter de cette évolution dangereuse et des actions désespérées du président Maduro qui mettent en péril le droit international et constituent un risque important pour la paix et la sécurité internationales", a-t-il ajouté. Qualifiant le Venezuela de "nation hors-la-loi", il demande "instamment au président Maduro de revenir sur ses erreurs".

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