Présidentielle américaine : le vote Trump ne fait aucun doute pour les "ranchers" texans
Le Texas, porte d’entrée de l’immigration illégale sur le sol américain, partage plus de 2 000 km de frontière avec le Mexique. Franceinfo est allée à la rencontre des propriétaires de ranchs qui vivent le long de cette frontière et qui votent, sans réserve, pour Donald Trump.
Le Texas est la porte d’entrée de l’immigration illégale aux Etats-Unis. L’Etat partage plus de 2 000 km de frontière avec le Mexique. C’est là que passent la plupart les clandestins qui cherchent à gagner le territoire américain. Franceinfo est allée à la rencontre des propriétaires de ranchs qui vivent le long de cette frontière et qui votent, sans réserve, pour Donald Trump.
Shannon Ivey, 36 ans, vit et travaille sur le grand plateau désertique du Chihuahua. Sa famille y cultive le coton et les noix de pécan depuis quatre générations. Au bout de son champ, une grande clôture métallique couleur rouille de cinq mètres de haut, maillage serré. Elle a été construite en 2006 sous l’administration Bush. De l’autre côté, c’est le Mexique.
Régulièrement, les garde-frontières poursuivent les illégaux sur la propriété. Le Secure Fence Act les autorise à circuler comme ils l’entendent dans une bande de 40 kilomètres de large, y compris sur les terrains privés. "Un moindre mal", dit Shannon, qui a grandi sans la barrière et se souvient d’avoir vu passer, petit, sur les vergers, "des groupes de 30, 40 personnes avec des enfants, et même des grand-mères en fauteuil roulant". "Maintenant ce sont surtout des hommes jeunes. Ils lancent des grappins, ils s’accrochent, ils escaladent et ils retombent de ce côté. Mais depuis qu’il y a la barrière, ça arrive beaucoup moins", constate-t-il.
Tous les employés de l’exploitation sont Mexicains, "en situation régulière". Le jeune agriculteur, qui dénonce l’immigration illégale "au nom de la sécurité nationale", applaudit la proposition de Donald Trump de construire un autre mur encore plus étanche entre le Mexique et les Etats-Unis.
Un sentiment d'insécurité exacerbé
A moins d’un kilomètre de la ferme de Shannon, la clôture en effet s’arrête net, en plein désert. A cet endroit, le Rio Grande est censé servir d’obstacle naturel. Mais il n’est ni très large ni très profond. Le franchir est un jeu d’enfant. "Il y a un trou de 20 kilomètres avant que la barrière reprenne. Or, côté mexicain, toute la zone est contrôlée par les cartels. C’est un boulevard pour la contrebande et le trafic de drogue !" peste George Brenzovich, 70 ans, Stetson sur le crâne, droit dans ses santiags.
George est en colère. Il dit qu’il a dû arrêter d’élever du bétail. A cause des Mexicains qui coupaient ses barbelés pour passer, les animaux s’échappaient. George dit aussi que ceux qui frappent à sa porte pour réclamer à boire cachent souvent une arme dans leur dos, que des voisins ont été agressés, vandalisés. Il a déjà retrouvé, abandonnés derrière un buisson, des téléphones portables et des faux papiers.
Le premier poste de police est à 90 kilomètres. Vous ne pouvez pas compter sur l’Etat. On n’a pas le choix, ici les gens doivent se protéger eux-mêmes !
L’ancien instructeur a longtemps entraîné les policiers au maniement des armes. Il a aussi préparé les étudiants au permis du port d’arme (la formation est en option à l’Université d’El Paso). Il a un pistolet 9 mm accroché à son ceinturon, un AK-47 à l’arrière de son pick-up, et chez lui, quatre ou cinq armes supplémentaires car au Texas les permis n’imposent pas de limites. George s’entraîne régulièrement, derrière chez lui. Quand il tire, c’est pour tuer. Pas pour blesser.
Obsédé par l’insécurité, cet ultra-conservateur se définit comme "un patriote", "un résistant" face à l’immigration clandestine. "Il y a des lois dans ce pays ! Ils veulent les réécrire. Mais non ! Ils doivent faire demi-tour, suivre la procédure légale, passer par la porte d’entrée. Et surtout laisser leurs bagages de l’autre côté. Ces gens n’ont pas nos valeurs, s’ils se mélangent à notre population, notre culture va s’affaiblir", affirme-t-il. Il approuve d’ailleurs "à 100%" la rhétorique de Donald Trump, qui a qualifié les Mexicains de "violeurs" et de "criminels". "Au moins il ne fait pas de grands détours pour dire ce qu’il pense", apprécie le sexagénaire.
La chasse aux fugitifs se fait souvent à pied, "à l'ancienne"
George soutient les milices paramilitaires créées dans la région pour faire la chasse aux clandestins. Lui-même assure avoir intercepté plus de 1 500 personnes, qu’il a ensuite remis aux garde-frontières. La police aux frontières a besoin de ses services. Dans l’immensité du désert, les caméras thermiques, les drones ou les patrouilles motorisées ne suffisent pas toujours. Très souvent d’ailleurs le travail se fait à pied, à l’ancienne. Pour retrouver les fugitifs avant qu’ils ne rejoignent la route et s’engouffrent dans des voitures, il faut, dit l’agent Rush Allen Carter, "lire le terrain, repérer les cailloux qui ont été dispersés, les touffes d’herbe écrasées".
L’agent Carter a choisi de rejoindre la Border Patrol peu après les attentats du 11 septembre 2001. La question terroriste, il l’a toujours en tête, même ici. "Les terroristes peuvent se mêler aux migrants et aux contrebandiers, ou utiliser les mêmes routes. C’est une chose qu’on prend très au sérieux", dit-il..
Plus de 600 tonnes de drogues ont été saisies l’an dernier sur la frontière mexicaine, 337 000 personnes interpellées. D’autres sont passées. Il y a un peu plus de 12 millions d’illégaux sur le territoire américain, 3,5% de la population globale.
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