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Twitter, Facebook, Snapchat : comment les réseaux sociaux prennent position face à Donald Trump

Le président américain est accusé d'induire en erreur les électeurs, voire d'attiser la haine alors que des centaines de milliers de personnes défilent depuis dix jours pour dénoncer les violences policières contre la population noire.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Un tweet posté par Donald Trump après la mort de George Floyd, accompagné d'un message de Twitter indiquant que le contenu du texte violait le règlement du réseau social concernant l'apologie de la violence, le 29 mai 2020. (OLIVIER MORIN / AFP)

"LA LOI ET L'ORDRE !", "RENDEZ SA GLOIRE A L'AMERIQUE !", "C'est tellement pathétique de voir les "fake news" venant des médias ringards qui minimisent la gravité et la dépravation de la gauche radicale"... Les jours passent, et les messages publiés par Donald Trump sur Twitter se ressemblent. Mais depuis peu, et particulièrement après la mort de George Floyd, cet Afro-Américain de 46 ans mort à la suite de son arrestation par un agent de police blanc à Minneapolis (Minnesota), l'agressivité du président américain sur les réseaux sociaux est encore montée d'un cran.

En cause ? Les mesures prises par plusieurs plateformes pour limiter la diffusion des messages du chef d'Etat, après des propos accusés d'induire en erreur  les électeurs, voire d'attiser la haine à l'heure où des centaines de milliers de personnes défilent pour dénoncer les violences policières contre la population  noire. Franceinfo vous résume comment Twitter, Snapchat et Facebook ont choisi de se positionner face à l'imprévisible et tempétueux Donald Trump.

Avec Twitter, la guerre est déclarée 

Avec 81,7 millions d'abonnés, le compte @realDonaldTrump est l'un des dix plus suivis sur Twitter. Mais le dirigeant américain est en conflit avec le réseau social, qui a signalé deux de ses tweets sur le vote par correspondance en y apposant la mention "Vérifiez les faits".

Le réseau social cofondé par l'entrepreneur Jack Dorsey a ensuite masqué un message du président américain pour violation des règles sur l'"apologie de la violence". "Quand le pillage commence, la fusillade démarre", déclarait Donald Trump dans ce tweet posté dans le contexte des heurts entre manifestants et policiers, après la mort de George Floyd.

Courroucé par ce qu'il estime être un parti-pris de Twitter en faveur de ses adversaires démocrates, le locataire de la Maison Blanche a répliqué en assurant vouloir abroger la section 230 du "Communications Decency Act". Pierre angulaire de l'internet américain, cette loi offre aux réseaux sociaux une immunité contre toute poursuite judiciaire liée aux contenus publiés par des utilisateurs, rapporte Numerama. Donald Trump a martelé son souhait de modifier le champ d'application de cette loi, afin de ne pas accorder cette immunité à ceux qui pratiquent, selon lui, la "censure de certains points de vue".

Pas de quoi faire plier Twitter. Invité à s'exprimer lors d'une audition parlementaire au Royaume-Uni, jeudi 4 juin, le directeur de la stratégie de politique publique du réseau social n'a pas exclu de suspendre le compte de Donald Trump s'il continuait à publier des messages incendiaires enfreignant le règlement de la plateforme.

Snapchat brocarde la "violence raciale" de Trump

Très prisé des adolescents et des jeunes adultes, Snapchat a décidé mercredi de prendre le même parti que Twitter. Le réseau de partage de photos et de vidéos éphémères a annoncé qu'il ne ferait désormais plus la promotion des messages de Donald Trump.

"Nous n'allons pas amplifier des voix qui incitent à la violence raciale et à l'injustice en faisant leur promotion gratuite sur Discover", le fil d'info du réseau où les utilisateurs peuvent trouver les nouveautés, les recommandations ou encore les publications de médias ou de personnalités connues, annonce l'entreprise. Les messages de Donald Trump restent toutefois visibles pour ses abonnés et continuent d'apparaître quand un usager lance une recherche spécifique.

La réponse du camp Trump n'a pas traîné. Son équipe de campagne a rapidement accusé Snapchat de vouloir "truquer" le scrutin présidentiel du 3 novembre. "Le PDG extrémiste de Snapchat Evan Spiegel préfère promouvoir des vidéos d'émeutes d'extrême gauche et encourager ses usagers à détruire l'Amérique plutôt que de partager le message positif d'unité, de justice, de la loi et de l'ordre du président", accuse l'équipe de l'homme d'affaires.

"La violence raciale et l'injustice n'ont pas leur place dans la société et nous sommes solidaires de tous ceux qui recherchent la paix, l'amour, l'égalité et la justice en Amérique", a réagi Snapchat dans un courriel.

Facebook épargne Trump et s'attire les critiques

Contrairement à Jack Dorsey et Evan Spiegel, Mark Zuckerberg a choisi de ne pas toucher aux messages controversés publiés par Donald Trump sur sa page officielle, "aimée" par plus de 28 millions d'internautes. Une décision qui a valu au patron et créateur du réseau social un torrent de critiques, aussi bien de la part d'employés de sa propre entreprise qu'à l'extérieur. 

Après s'être entretenu avec lui, plusieurs responsables de groupes américains de défense des droits civiques se sont déclarés "déçus et stupéfaits par les explications incompréhensibles" du patron de Facebook, rapporte CNBC (article en anglais)

[Mark Zuckerberg] refuse de reconnaître à quel point Facebook facilite les appels de Trump à la violence contre les manifestants. Il crée un précédent très dangereux pour d'autres voix qui exprimeraient des propos nocifs dans la même veine.

Trois responsables de groupes de défense des droits civiques

La veille, plusieurs centaines de salariés avaient désavoué leur patron en se lançant dans une grève surprise, rapporte le New York Times (article en anglais). Ils estiment que même si Facebook décide de laisser la parole des hommes politiques la plus libre possible, les propos du locataire de la Maison Blanche dépassent les limites et constituent une incitation à la violence.

Certains employés ont également claqué la porte du plus important réseau social au monde en guise de protestation. "Facebook fournit une plateforme qui permet aux hommes politiques de radicaliser des individus et de glorifier la violence", a ainsi déploré dans un message d'adieu Timothy Aveni, ingénieur de l'entreprise.

Pour tenter d'apaiser ses troupes, Mark Zuckerberg a organisé mardi une vidéoconférence devant quelque 25 000 employés. Toujours selon le New York Times, il leur a affirmé avoir eu au téléphone Donald Trump, et lui avoir signifié qu'il avait trouvé sa rhétorique "dangereuse et incendiaire". Mais il a soutenu qu'il ne fallait pas supprimer ces messages, au nom de la liberté d'expression et de l'intérêt du public à s'informer.

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