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"Sleepy Joe", "Corrupt Joe", "China Joe"... Les 10 surnoms pas très aimables que Donald Trump a (déjà) donnés à Joe Biden

Le président américain ne porte pas son adversaire dans son cœur. En témoigne la très longue liste de sobriquets qu'il utilise pour le désigner et le dénigrer. 

Article rédigé par Raphaël Godet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10min
A gauche, le candidat démocrate à la présidentielle américaine, Joe Biden. A droite, le candidat républicain et président sortant, Donald Trump. (ROBYN BECK / AFP)

"Joe Biden ? Connais pas…" Pour désigner son adversaire à la présidentielle américaine, Donald Trump l'appelle rarement par son prénom et son nom. Il utilise à la place un tas de surnoms qui visent toujours un point précis de la personnalité, de l'attitude ou des idées de son rival. A quelques heures du premier débat entre les deux candidats, mardi 29 septembre, franceinfo en a déjà compté 10, et ce n'est certainement pas fini.

"Sleepy Joe"

Traduction : "Joe l'endormi" ou "Joe le somnolent"C'est LE surnom que l'on entend le plus dans la bouche du président sortant. Il le dégaine quand il souhaite se moquer de l'âge de son rival qui va sur ses 78 ans (il les aura deux semaines après l'élection), alors que Donald Trump affiche 74 ans.

C'est d'ailleurs ainsi qu'il a salué l'annonce de la candidature à la présidentielle de Joe Biden au printemps 2019. "Bienvenue dans la course Sleepy Joe, écrit-il sur Twitter, le 25 avril. J'espère seulement que vous aurez l'intelligence, ce dont on doute, (...) pour mener une campagne réussie."

"Joe Hiden"

Traduction : "Joe le planqué". C'est la dernière trouvaille de Donald Trump : elle fait référence au fait que Joe Biden s'est retranché, ou "caché" ("hidden", en anglais) selon Donald Trump, dans sa maison du Delaware pendant deux mois à cause de l'épidémie de coronavirus. "Le gars s'est endormi dans son sous-sol", répète régulièrement le candidat républicain, pour rappeler que lui multiplie les déplacements.

Début septembre, dans une série de tweets, Donald Trump accusait par exemple "Joe Hiden" de recevoir les questions de certains journalistes en avance, afin de leur lire des réponses écrites à l'avance.  

"Slow Joe"

Traduction : "Joe la lenteur". Là encore, inutile d'être bilingue pour deviner le sens de ce surnom, qui a pour but de railler le manque de vivacité supposé de son adversaire. Donald Trump estime que Joe Biden est un vieil homme hésitant, incapable de terminer une phrase. "Il a l'air différent de ce qu'il avait l'habitude de faire, il agit différemment de ce qu'il faisait auparavant, il est encore plus lent qu'avant", déclarait-il en juin 2019 depuis les jardins de la Maison Blanche.

Samedi 12 septembre, lors d'un meeting dans le Nevada, Donald Trump a carrément imaginé une discussion entre le candidat démocrate et son épouse (à partir de 24'30), toujours pour se moquer du peu d'énergie qu'il aurait. Voici la teneur de l'échange fictif : 

- Chérie, s'il te plaît, je veux aller au lit. Je suis épuisé, j'ai fait un discours hier...

- Mais chéri, ils t'ont donné les questions et les réponses à l'avance...

- Je sais, mais c'était fatigant pour mes yeux...

"1% Joe"

Traduction : "Joe 1%". Si vous n'avez pas la carrière politique de Joe Biden en mémoire, vous n'aurez pas la référence. L'ancien vice-président de Barack Obama s'est déjà présenté à deux reprises aux primaires démocrates par le passé... Sans grand succès. En 1988, il est contraint d'abandonner en route après avoir été accusé de plagiat lors d'un discours. Vingt ans plus tard, en 2008, il se retire encore de la course après avoir mis en doute la capacité de Barack Obama à être président. Ce qui ne l'empêchera pas, quelques mois plus tard, de devenir le vice-président de... Barack Obama.

Deux tentatives, deux échecs, qui amusent beaucoup Donald Trump. "Bon, j'ai écouté Biden, qui est un perdant. Joe n'a jamais obtenu plus de 1%, sauf qu'Obama l'a sorti de la poubelle", déclare-t-il, en juin 2019.

"Wacko"

Traduction : "Cinglé". Au moins, les choses sont claires. "C'est un cinglé depuis des années et tout le monde le sait, a tweeté le président américain, le 7 octobre. Les médias se retrouvent coincés avec lui et essaient juste de le protéger. Vous avez remarqué comme toutes les choses négatives, comme son très faible QI, ne sont plus jamais mentionnées ? Fake News !".

A vrai dire, Joe Biden n'est pas le premier à être traité de "cinglé" par Donald Trump. Une rapide recherche nous permet de découvrir que d'autres personnalités (adversaires ?) y ont eu droit avant lui. L'ancien congressman de New-York, Anthony Weiner, en a fait les frais dès 2013, après que des nouveaux messages à caractère sexuel envoyés à différentes femmes ont été dévoilés.

Sur la liste, on trouve aussi le démocrate Bernie Sanders en décembre 2015... ou encore Kim Jong-un en août 2016. Cette fois-là, le président américain avait expliqué à une journaliste de Fox News qu'il trouvait que le dictateur nord-coréen avait "un côté cinglé". 

"Corrupt Joe"

Traduction : "Joe le corrompu". Ici, la référence est, disons-le, moins limpide, voire légèrement fourre-tout. Donald Trump estime que son rival démocrate est corrompu, et il le répète (sans avancer de preuves concrètes) dès qu'il le peut, comme sur le plateau de Fox News, le 25 juin 2020 (à partir de 5') : "Je l'appelle Corrupt Joe, il est corrompu", déclare-t-il, sans en dire beaucoup plus. Enfin si : pêle-mêle, il l'accuse avec Barack Obama d'avoir espionné sa campagne, ou encore d'avoir minimisé les violences dans certaines villes quand il était vice-président des Etats-Unis. Rappelons qu'en 2016, Donald Trump avait déjà baptisé son adversaire Hillary Clinton "Crooked Hillary", soit "Hillary la corrompue".

Plus récemment, en pleine crise du coronavirus, il s'est ému sur Twitter que "Corrupt Joe" s'oppose à la réouverture des écoles "pour des raisons politiques" et "non pour des raisons de santé".  

"China Joe"

Traduction : "Joe la Chine". Donald Trump dégaine ce surnom quand il veut rappeler que Joe Biden (et plus globalement l'administration Obama) a toujours été, selon lui, et contrairement à lui, trop gentil avec la Chine. Crise du coronavirus oblige, le sobriquet "China Joe" revient en force dans la bouche du président sortant, analyse I'Indian Express (lien en anglais). Dans sa ligne de mire : "les entreprises américaines qui ont externalisé leur production en Chine". Le quotidien indien estime d'ailleurs que "la Chine a remplacé la Russie en tant que main étrangère dans la politique américaine".

"O'Biden"

Traduction : "O'Biden". Ce surnom, contraction de "Obama" et "Biden", Donald Trump l'emploie dès qu'il veut dire tout le mal qu'il pense du bilan de l'ancien locataire de la Maison Blanche et de son vice-président. Pratique, les reproches faits à l'un valent aussi pour l'autre, puisqu'ils ont travaillé ensemble pendant huit ans.

Il s'en est servi le 17 août dernier, dans son discours de campagne à Mankato (Minnesota), pour dire que Joe Biden ferait des Etats-Unis un "pays socialiste très ennuyeux qui finirait en enfer". "C'est court, j'aime ce terme 'O'Biden'", dira-t-il, satisfait, une nouvelle fois, de sa trouvaille (à partir de 17'50). 

"Crazy Joe Biden"

Traduction : "Joe Biden le fou". Ce surnom remonte à mars 2018 : à l'époque, Joe Biden s'en prend violemment à celui qui n'est pas encore son adversaire après que des commentaires obscènes à l'égard des femmes lui ont été attribués. "Si nous étions au lycée, je l'emmènerais derrière le gymnase et je lui mettrais une rouste", déclare le démocrate dans une prise de parole depuis l'Université de Miami.

Donald Trump contre-attaque quelques heures plus tard sur Twitter. "Crazy Joe Biden essaie d'agir comme un dur à cuire, écrit-il. En fait, il est faible, à la fois mentalement et physiquement, et pourtant il me menace, pour la deuxième fois, d'agression physique. Il ne me connaît pas. Mais il tomberait vite et fort en pleurant tout le temps. Ne menacez pas les gens, Joe !"

"Sleepy Creepy Joe"

Traduction : "Joe l'endormi vicelard". C'est ainsi que Donald Trump rappelle régulièrement que son rival est accusé d'agression sexuelle par une ancienne assistante. Révélés en mars 2020, les faits remontent à 1993, lorsqu'il était sénateur et qu'elle travaillait pour son équipe à Washington. Sans véritable "échanges de mots", a raconté la victime, Joe Biden "m'a mise contre le mur", embrassée et "il m'a pénétrée avec ses doigts". 

"Cela n'est jamais arrivé, point à la ligne", se défend un mois plus tard le candidat démocrate à la Maison Blanche, dans un entretien sur la chaîne MSNBCPas de quoi freiner les ardeurs du président Trump – lui-même accusé d'agression sexuelle, de harcèlement ou de viol par plus d'une dizaine de femmes – qui ira jusqu'à partager une vidéo parodique d'une quinzaine de secondes montrant un avatar de Joe Biden en train de renifler le vrai Joe Biden et de le tripoter.

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