Une fine pluie tombe sur la Floride. Les regards sont extatiques. C'est le troisième meeting de la journée pour Ron De Santis. "Tout le monde aux États-Unis sait qui est Ron De Santis. On l'adore. Il fait de la Floride le meilleur endroit pour vivre", s'enthousiasme une femme dans le public. Ron De Santis, le gouverneur sortant de Floride, joue sa réélection lors des élections de mi-mandat le 8 novembre 2022. >>> Elections de mi-mandat aux Etats-Unis : le pouvoir d'achat et la question de l'IVG au coeur de la campagne des "Midterms" Il a ravi cet état aux Démocrates en 2018, avec le soutien de Donald Trump, et est devenu depuis un des hommes politiques les plus en vue dans le pays. Ce sérieux prétendant républicain à la Maison Blanche fait de la Floride l'exemple de ce que pourraient devenir les États-Unis s'il était élu président en 2024. La Floride, hier encore un état pivot, est désormais un état quasi perdu pour les Démocrates. En quatre ans, le parti Républicain a vu le nombre de ses adhérents grimper en flèche. Pine Hills, banlieue de la classe moyenne d’Orlando, était jadis une terre acquise aux Démocrates. Mais cette année, Aristide, un immigré haïtien a choisi de voter De Santis. "Niveau économie, la Floride est un état stable. Ce mec [Ron de Santis] ? C'est le meilleur gouverneur du pays."Aristide, immigré haïtienPas d'obligation vaccinale et quasiment pas de confinement : la gestion de la pandémie a permis à Ron De Santis de conquérir la Floride, et peu à peu, l’ensemble des États-Unis. "Une chose que vous devez comprendre avec De Santis, c'est qu'il est très fort pour repérer les problèmes ailleurs, et voit comment ça se passerait en Floride, explique Suzanne MacAnnus, professeur de sciences politiques à Tampa. Il regarde ce qui fait le buzz dans le pays, il regarde comment tirer profit de ça en Floride, et comme c'est la Floride, ça lui vaut l’attention du pays entier."Une proximité assumée avec lobby ultra-conservateur Faisant des parents son cœur de cible, Ron De Santis a lancé la réécriture des programmes scolaires, sous la houlette de l'Heritage Foundation. Un lobby ultra-conservateur et climato-sceptique, qui dénonce le wokisme, les questions raciales, l'homosexualité, les théories du genre, et questionne la séparation de l'Église et de l’État. Le courant "woke" est la menace ultime pour Ron de Santis, qui en a fait l'objet d’une loi spécifique. Il est soutenu par les Mums for Liberty, un puissant lobby de parents, qui dénoncent – sans craindre les exagérations ni les inexactitudes – les dangers du système éducatif. "En maternelle, on leur dit qu’ils peuvent être indifféremment un garçon ou une fille. En 6e, on leur parle de fellation et de sexe anal, et de tout ce qu’on peut faire, c'est monstrueux ! s'exclame horrifiée, Tina Descovitch l'une de ses co-fondatrices. Et en 3e, on leur apprend l’avortement, et comment ça se passe… Et les parents ne le savent même pas !" Aux États-Unis, l'organisation conservatrice, née en Floride compte désormais plus de 100 000 adhérents en deux ans d'existence.L’été dernier, Ron De Santis a mis la Floride à la une en créant une polémique nationale avec les migrants. Il a réduit les délais d’avortement de 24 à 15 semaines, sans exception pour les viols ou l'inceste. Sa gestion des suites du terrible ouragan Ian, le mois dernier, lui a permis de montrer ses capacités managériales. Sa popularité fait désormais de lui, le principal rival de Donal Trump, son ancien mentor.