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Présidentielle américaine : trois questions pour comprendre les enjeux du vote des grands électeurs

Les grands électeurs peuvent-ils contredire le résultat des urnes et ne pas élire Donald Trump ? Résultat lundi à l'issue de leur vote.

Article rédigé par franceinfo
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Une opposante à Donald Trump manifeste le 18 décembre 2016 devant le Capitole de Denver, où se réuniront les grands électeurs de cet Etat le lendemain.  (CHRIS SCHNEIDER / AFP)

Un vote sans suspense ? Lundi 19 décembre, les quelque 538 membres du collège électoral américain se rassemblent pour élire formellement les prochains président et vice-président des Etats-Unis. Si pour beaucoup, la confirmation de Donald Trump à la Maison Blanche ne fait aucun doute (le milliardaire a raflé 306 grands électeurs sur les 270 nécessaires lors de l'élection du 8 novembre), rarement dans l'histoire américaine les grands électeurs se sont réunis dans un climat d'agitation politique pareille. Franceinfo revient sur les principaux enjeux du scrutin.

Qui sont les grands électeurs ? 

Les grands électeurs se répartissent, par Etat, en fonction du nombre de représentants au Congrès. Si le nombre de sénateurs est invariable (deux, quel que soit son poids démographique de l'Etat), le nombre d'élus à la Chambre des représentants dépend de la population. La Californie, l'Etat le plus peuplé des Etats-Unis, compte 55 grands électeurs, contre 3 pour l'Alaska.

Si le mode de nomination diffère d'un Etat à un autre, les grands électeurs sont généralement sélectionnés en remerciement de leurs services pour le parti ou le candidat, note Le Monde. Des personnalités très variées ont ainsi été désignées pour l'élection de 2016. Dans l'Etat du Missouri, le parti républicain a ainsi choisi Tim Dreste, un militant radical anti-avortement condamné dans les années 1990 pour incitation à la violence, rappelle Politico (en anglais)

Seule condition pour pouvoir devenir grand électeur : ne pas faire partie du Congrès ou être membre d'un bureau fédéral au moment de l'élection.

Sont-ils obligés de suivre le vote des électeurs dans leurs Etats ?

Non. C'est ce qui fait espérer le camp démocrate. Si la tradition historique veut que les grands électeurs suivent sans coup férir le choix de leurs électeurs, la loi fédérale ne leur interdit pas de contredire le résultat des urnes. Certains grands électeurs pourraient tout au plus faire l'objet de sanctions, à l'image d'une peine d'amende, en vertu d'une loi adoptée dans plusieurs Etats.

Désireux de livrer une dernière bataille, les supporters démocrates multiplient depuis plusieurs jours les pressions sur leurs grands électeurs. Plusieurs sites, à l'image de Ask The Electors, proposent aux citoyens américains de leur écrire afin de les faire changer d'avis. Une grande électrice de l'Etat de Phoenix explique au quotidien britannique The Guardian (en anglais) recevoir "entre 1 000 et 3 000 e-mails par jour". Une pétition en ligne appelant au sursaut a, de son côté, recueilli près de cinq millions de signatures.

Autant de tentatives qui, à ce jour, ont peu de chance d'aboutir. Seul un candidat républicain, le Texan Christopher Suprun, a annoncé publiquement qu'il ne voterait pas pour Trump, le considérant "pas qualifié pour la fonction". Pour faire basculer le scrutin, les démocrates auraient besoin d'au moins 37 défections.

Quand connaîtra-t-on le résultat ?

Le 6 janvier 2017, à 13 heures. C'est la date à laquelle le Congrès se réunit pour compter les votes des grands électeurs. Le vice-président sortant et président du Sénat, Joe Biden, sera chargé de présider le décompte, au cours duquel les résultats de chaque Etat sont donnés dans l'ordre alphabétique.

En cas d'absence de majorité (270 grands électeurs), les Américains ne retourneront pas voter, rappelle Libération. En pareil cas, le 12e amendement de la Constitution américaine prévoit que la Chambre des représentants (actuellement à majorité républicaine) choisisse un président parmi les trois candidats arrivés en tête du suffrage électoral. Le scénario s'est déjà produit en 1836, lors de l'élection du président démocrate Martin Van Buren.

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