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Les lieutenants de Donald Trump en visite dans une Europe déboussolée

Trois ténors de l'administration du nouveau président des États-Unis, Donald Trump, sont en Europe de mercredi à dimanche. Les diplomates français espèrent que certains sujets seront mis sur la table, afin de clarifier une situation parfois floue.

Article rédigé par Franck Mathevon, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président américain Donald Trump, entouré du vice-président des Etats-Unis, Mike Pense (à gauche) et du secrétaire d'Etat à la Défense, James Mattis, le 27 janvier 2017, au Pentagone. (MANDEL NGAN / AFP)

Les lieutenants de Donald Trump débarquent en Europe à partir de mercredi 15janvier. Le Vieux Continent accueille en effet jusqu'à la fin de la semaine plusieurs ténors de l'administration américaine : d'abord le secrétaire à la Défense, James Mattis, qui assiste mercredi à une réunion de l'Otan à Bruxelles, puis le ministre des Affaires étrangères, Rex Tillerson, qui participe au sommet du G20 jeudi à Bonn, en Allemagne, enfin le vice-président, Mike Pence, qui se rend à la conférence internationale de Munich sur la sécurité. Il s'agit d'une occasion pour l'administration Trump de clarifier certaines de ses positions, car pour le moment, les partenaires des Américains sont un peu perdus.

Des hauts fonctionnaires perdus

La diplomatie américaine est naturellement un point de référence, un repère, pour toutes les chancelleries du monde. Or, depuis des semaines, personne ne connaît précisément les positions de l'administration Trump sur une multitude de sujets, comme la Russie, le Proche-Orient, l'Iran, la Chine, ou encore les Nations-Unies.

Sur tous ces dossiers, le gouvernement américain a fait des volte-face ou a maintenu des flottements. Des déclarations sont démenties par des tweets et inversement. "Ce qui m'a le plus surprise, c'est cette impréparation totale au pouvoir, décrit Kareen Rispal, une haute diplomate française, directrice des Amériques au Quai d'Orsay. Au fond, la politique de Donald Trump n'est pas du tout définie pour l'instant, avec parfois des signaux contradictoires selon les interlocuteurs."

On a eu l'impression que Donald Trump lui-même était surpris d'avoir été élu.

Kareen Rispal, haute diplomate française

à franceinfo

Pourtant, "on avait sous l'administration Obama une excellente relation de travail avec les Américains". C'est pourquoi, "parfois on a l'impression que le fil est un peu coupé, et ce n'est pas très rassurant", conclut Kareen Rispal.

Une transition compliquée aux États-Unis

Suite aux élections américaines, il faut remplacer quelques 4 000 postes au département d'État, l'équivalent du ministère des Affaires étrangères. Il s'agit d'un système très différent de la France, où les diplomates restent en fonction malgré les alternances politiques.

Ce processus est généralement long mais cette fois, les records sont battus. "L'administration Trump a du retard sur le retard, en quelque sorte, explique Justin Vaïsse qui dirige le centre d'analyse, de prévision et de stratégie du Quai d'Orsay. Cette administration est pour l'instant sous-peuplée. On a des difficultés à rencontrer des homologues et à avoir des lignes politiques concertées."

Il va d'ailleurs falloir prendre son mal en patience, puisque "ce n'est pas avant la fin du printemps probablement qu'on aura une administration vraiment en place et des homologues dans tous les départements ministériels", prédit Justin Vaïsse.

Des fuites à répétition

Il n'y a jamais eu autant de fuites au sein d'une administration que sous celle de Donald Trump. Cela est lié à la résistance anti-Trump qui s'est installée au coeur même de l'administration.

Les diplomates français obtiennent donc des informations par des canaux inhabituels. C'est ainsi que l'on a appris que le président des États-Unis avait appelé à 3h du matin son désormais ex-conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, pour savoir s'il était préférable que le dollar soit fort ou faible. Ces fuites proviennent directement de la Maison Blanche.

Les diplomates français doivent s'adapter aux aspects parfois baroques de cette nouvelle équipe. "On ne parle que de ça, raconte même Kareen Rispal, du Quai d'Orsay. À chaque réunion, on fait un point sur les États-Unis, parce que c'est LE sujet dont on parle."

J'ai dû m'abonner au compte Twitter de Donald Trump, parce que c'est ma première source d'informations.

Kareen Rispal, haute diplomate française

à franceinfo

"Au fond, on ne sait pas très bien à qui parler", conclut-elle. Mais pour autant, les diplomates français ne sont pas alarmistes. Ils constatent que Donald Trump est conforme à la radicalité de sa campagne sur les questions plutôt liées à la politique intérieure, c'est-à-dire l'immigration, l'avortement, ou encore la remise en cause des traités commerciaux. Mais il se montre plus modéré sur de nombreux dossiers géopolitiques. Le président des États-Unis a ainsi affirmé qu'il adhérait finalement au principe de la Chine unique, et a admis que l'expansion des colonies israéliennes n'était "pas une bonne chose" pour la paix.

Reste la question majeure des relations avec la Russie et, d'une manière générale, le caractère imprévisible de Donald Trump. Une diplomate résume : il est "totalement fou".

Trump est "totalement fou"

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