Etats-Unis : après les midterms, la probable candidature de Donald Trump à la prochaine présidentielle déjà fragilisée
L'ancien président américain, qui devrait annoncer sa candidature à la présidentielle 2024 le 15 novembre, voit son projet contrarié par l'issue des élections de mi-mandat.
Le plan ne se déroule pas comme prévu. L'ancien président américain Donald Trump devrait mettre fin, mardi 15 novembre, au faux suspense entourant sa candidature à l'élection présidentielle de 2024. Un lancement en direct de sa résidence floridienne de Mar-A-Lago qui devait surfer sur une vague républicaine aux élections de mi-mandat. Mais les démocrates du président Biden ont bien mieux résisté que prévu, parvenant à conserver le contrôle du Sénat et limitant la casse à la Chambre des représentants.
Cette contre-performance n'est que l'un des éléments qui fragilisent le projet de l'ancien président.
Des élections de mi-mandat décevantes pour le parti républicain
Portés par une forte inflation, les républicains ont longtemps cru avoir un boulevard devant eux pour reprendre les deux chambres lors de ce scrutin traditionnellement difficile pour le parti au pouvoir. Ils sont bien partis pour prendre le contrôle de la Chambre des représentants, mais cette victoire s'annonce nettement plus courte que prévu. La chaîne NBC News projetait samedi matin une frêle majorité de cinq sièges pour les républicains avec 220 élus contre 215 pour les démocrates. Près de 20 scrutins n'ont cependant toujours pas donné leur verdict, principalement en Californie.
Surtout, ils n'ont pas repris le contrôle du Sénat. Le parti démocrate a remporté samedi dans le Nevada le siège qui lui manquait pour conserver le contrôle de la chambre haute. La réélection de Catherine Cortez Masto porte à 50 sur 100 le nombre d'élus démocrates au Sénat, ce qui permet à la vice-présidente, Kamala Harris, d'ajouter une 51e voix pour départager les deux blocs comme depuis deux ans. Les démocrates pourraient même encore gagner un siège dans l'Etat de Géorgie, où un second tour sera organisé le 6 décembre.
Selon le leader de la majorité démocrate sortante, Chuck Schumer, cette victoire signifie que les Américains ont "judicieusement rejeté la direction antidémocratique, autoritaire, méchante et source de division que les républicains MAGA voulaient donner à notre pays", en référence au mouvement "Make America Great Again" de Donald Trump, omniprésent pendant la campagne.
Un rival renforcé au sein de son camp
A l'inverse de Donald Trump, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, réélu triomphalement, est auréolé de l'image de grand gagnant de cette saison électorale. La large victoire de cette star de la droite dure, avec 20 points d'avance, a conforté sa place de rival de l'ex-président pour l'investiture républicaine. Cela n'a pas échappé au milliardaire, qui a enchaîné cette semaine piques et moqueries contre celui qu'il surnomme "Ron-la-Morale".
Agé de 44 ans, ce catholique pratiquant né à Jacksonville s'est fait connaître pendant l'épidémie de Covid-19 en s'opposant à l'obligation vaccinale et au port du masque. Il est aussi l'une des voix les plus remarquées des "guerres culturelles" qui divisent le pays. Il a signé cette année une loi interdisant d'enseigner des sujets en lien avec l'orientation sexuelle ou l'identité de genre à l'école primaire. Le texte, dénoncé pour son homophobie, a été surnommé par ses opposants "Don't say gay" ("Ne dites pas le mot gay").
Il ne cache pas ses ambitions. Le soir de sa réélection, il a assuré que "le combat ne fai[sait] que commencer" et n'a pas eu un mot pour l'ancien président, qui lui avait pourtant donné un important coup de pouce pour sa première élection en 2018. La route est cependant encore longue : les sondages réalisés pour les primaires républicaines le donnent pour le moment largement derrière Donald Trump, rappelle le site Five Thirthy Eight*.
Des critiques des médias du groupe Murdoch
Depuis le début de sa carrière politique, Donald Trump a bénéficié du soutien bienveillant du groupe de médias conservateurs du milliardaire Rupert Murdoch (Fox News, le New York Post et le Wall Street Journal). Ce n'est plus le cas. La chaîne ultra-conservatrice a publié sur son site internet une tribune titrée* "Ron DeSantis est le nouveau leader du parti républicain", accompagnée du sous-titre : "Les républicains sont prêts à lâcher Donald Trump". "Encore une fois, l'ancien président pourrait avoir coûté aux républicains le contrôle du Sénat, alors que c'était aux démocrates de le perdre", s'y lamentait l'éditorialiste conservatrice Liz Peek quelques jours avant l'annonce de la victoire du parti de Joe Biden.
Le tabloïd new-yorkais a lui mis à l'honneur Ron DeSantis, rebaptisé "Ron le futur" en une, avant de se moquer de Donald Trump, jugé "toxique".
Gros souci pour Trump, désormais considéré "toxique" par le tabloïde de droite @nypost de l'empire Murdoch. Le New York Post a choisi son champion et c'est Ron DeSantis, qu'il a surnommé "Ron DeFUTURE" pic.twitter.com/bcgtHNCSBi
— Sébastien Blanc (@sebastienblanc) November 10, 2022
Enfin, le Wall Street Journal a tout simplement estimé, dans un éditorial remarqué*, que l'ancien président était le "plus grand perdant" du parti républicain, en égrenant les défaites de ces dernières années. La section "tribunes" du quotidien financier était remplie, ces derniers jours, de contenus critiquant Donald Trump et saluant son rival.
The real Red Wave: When the entire Murdoch empire — Fox News, the N.Y. Post, and the WSJ Opinion section — turns simultaneously on Trump pic.twitter.com/mFY41KqgDp
— Doyle McManus (@DoyleMcManus) November 10, 2022
* Les liens marqués d'un astérisque sont en anglais.
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