Décret Trump sur l'immigration : "Ce qui est dans la balance, c'est la nomination du futur ministre de la Justice"
Invitée de franceinfo, Annick Cizel, maître de conférences en histoire et civilisation des Etats-Unis, estime que le décret Trump limitant l'immigration va à l'encontre du premier amendement de la Constitution américaine.
Le président américain Donald Trump a limogé, lundi 30 janvier, la ministre de la Justice par intérim, Sally Yates. Elle refusait l'application du décret limitant l'immigration aux États-Unis, un texte qui interdit temporairement l'entrée des ressortissants de sept pays à majorité musulmane et celle des réfugiés.
Interrogée mardi sur franceinfo, Annick Cizel, maître de conférences en histoire et civilisation des Etats-Unis à l'université Sorbonne nouvelle, rappelle que "depuis son entrée en fonction, aucun dcontre-pouvoir n'arrive ni à faire taire [Donald Trump], ni à l'empêcher d'agir" par le Congrès, à majorité républicaine.
franceinfo : Est-ce que le décret Trump de fermeturte partielle des frontières survivra à la mobilisation politique, populaire et judiciaire contre lui ?
Annick Cizel : Ce qui est dans la balance, aujourd'hui, c'est la ratification de la nomination du futur ministre de la Justice, Jeff Sessions [sénateur de l'Alabama, il s'est opposé à plusieurs projets de régularisation de sans-papiers et a provoqué une controverse pour des propos racistes tenus il y a plusieurs décennies]. Pour répondre à la question, il faudrait avoir une boule de cristal. Est-ce que le Congrès républicain, qui a la majorité dans les deux chambres, va ratifier la proposition de nomination de Jeff Sessions ? Au Sénat, est-ce que les démocrates vont réussir à emporter suffisamment de voix du côté des républicains pour bloquer sa nomination ? Tout est dans la balance, aujourd'hui et dans la semaine qui vient.
Il y a des doutes sur la légalité du décret limitant l'immigration ?
Les différentes cours de justice fédérales sont toutes mobilisées à l'unisson et rappellent le côté non-constitutionnel d'une partie de ce décret. Le texte crée une forme de discrimination positive envers certaines minorités religieuses. S'il favorise l'entrée de minorités religieuses sur le territoire américain, il s'oppose au premier amendement qui garantit la liberté de religion. C'est là-dessus que le Civil Liberties Union, un lobby de défense des libertés individuelles, attaque actuellement ce décret.
Est-ce que Donald Trump va plier, ou résister à ces contre-pouvoirs, à l'administration, au Congrès ?
Depuis son entrée en fonction, aucun de ces contre-pouvoirs n'arrive ni à le faire taire, ni à l'empêcher d'agir. Je doute que Donald Trump se plie devant qui que ce soit. C'est tout le pari de l'intervention rapide de Barack Obama. On est président contre président. Dans son discours d'adieu, il a prêché pour la démocratie participative. Il a appelé les communautés américaines à se mobiliser pour protéger la démocratie. La parole de Barack Obama a du poids pour mobiliser la société civile, elle a du poids au niveau du système judiciaire, et ne serait-ce que pour mobiliser les minorités démocrates dans les deux chambres du Congrès.
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