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Climat, Clinton, torture... Donald Trump, l'homme qui change (beaucoup) d'avis

France info a fait la liste des positions sur lesquelles le président élu a d'ores et déjà fait marche arrière. Et il y en a beaucoup. 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Le président-élu des Etats-Unis, Donald Trump, dans le hall des locaux du "New York Times", mercredi 23 novembre 2016.  (SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Les électeurs de Donald Trump risquent d'être déçus. Depuis son élection, le 8 novembre 2016, le président élu des Etats-Unis n'a eu de cesse de revenir sur quelques-unes de ses promesses de campagne. Mercredi 23 novembre, celui qui fut un candidat ouvertement climatosceptique (convaincu que l'homme ne joue pas un rôle majeur dans l'accélération du réchauffement de la planète) a notamment adouci sa position sur le sujet. 

Et ce n'est pas la première fois que Donald Trump président-élu s'éloigne du discours prôné par le Donald Trump candidat.  

Sur l'accord de Paris sur le climat : il garde l'esprit ouvert 

Ce qu'il disait : "Je vais annuler l’accord de Paris sur le climat. Cet accord donne à des bureaucrates étrangers le contrôle sur la façon et la quantité d’énergie que nous pouvons consommer dans notre pays. Pas question !"  Le 26 mai 2016.

Ce qu'il dit aujourd'hui : "Je regarde ça de très près. Je reste ouvert sur cette question (...). Le 23 novembre 2016

Ce qu'il faut comprendre : Attention, Donald Trump ne s'est pas transformé en Nicolas Hulot. Il s'est d'ailleurs empressé de nommer un climatosceptique proche des milieux pétroliers, Myron Ebell, à la tête de l'Agence de protection de l'environnement. Toutefois, il n'est plus aussi catégorique sur sa volonté de sortir de l'accord de Paris, une démarche qui pourrait prendre jusqu'à quatre ans (soit une mise en œuvre à la fin de son mandat). En revanche, si, comme il l'a prévu, il veut  annuler les restrictions sur le charbon, le gaz et le pétrole de schiste, les Etats-Unis ne pourrait pas atteindre les objectifs prévus par ledit accord. 

Sur le rôle de l'homme dans le réchauffement climatique : "Il y a un lien"

Ce qu'il disait : "Le concept de réchauffement climatique a été inventé par et pour les Chinois afin de rendre l'industrie américaine non compétitive." Le 6 novembre 2012. 

Ce qu'il dit aujourd'hui : Il y a un lien [entre l'activité humaine et le changement climatique], il y a quelque chose, mais tout dépend dans quelle mesure." Le 23 novembre 2016.

Ce qu'il faut comprendre : C'est la première fois que Donald Trump concède un lien entre l'activité humaine et l'accélération du réchauffement climatique. Dès 2012, il avait déclaré qu'il s'agissait d'un "canular." En septembre 2015, alors qu'il courtisait les électeurs républicains dans le cadre des primaires, il avait répété : "Je ne crois pas au changement climatique. Ça a toujours été comme ça : le temps change, il y a des tempêtes, de la pluie et des belles journées."

Sur Hillary Clinton : "Je ne veux pas [lui] nuire"

Ce qu'il disait : "Si je gagne, je vais donner l'ordre à mon ministre de la Justice de nommer un procureur spécial pour faire la lumière sur votre situation, parce qu'il n'y a jamais eu autant de mensonges, autant de choses cachées." Le 10 octobre 2016.

Ce qu'il dit aujourd'hui : "Je ne veux pas nuire aux Clinton, vraiment pas. Cela a été dur pour elle, elle a beaucoup souffert, par bien des côtés. La campagne a été cruelle." "[Lancer une enquête n'est] pas quelque chose qui me tient à cœur (...)  [Et cela] diviserait énormément le pays."

Ce qu'il faut comprendre : C'est un vrai revirement de la part du président-élu qui avait fait campagne avec le slogan : "Enfermez-là !" Il estimait notamment qu'elle risquait la prison dans l'affaire des courriels. Hillary Clinton a d'ailleurs un temps fait l'objet d'une enquête dans ce dossier. Elle était accusée d'avoir partagé des informations secrètes via une boîte mail non sécurisée, et d'avoir donc mis en péril la sécurité nationale, selon Trump.  

Sur la torture : "Cela ne marche pas aussi bien que les gens le pensent" 

Ce qu'il disait : "Je pense que la simulation de noyade, c'est de la gnognotte par rapport à ce qu'ils nous font subir." Le 22 novembre 2015.

Ce qu'il dit aujourd'hui : Donald Trump rapporte les propos de James N. Mattis, ancien directeur d'Etat major américain : Il m'a dit : "[La torture] n'a jamais été utile. (...) Donnez-moi un paquet de cigarettes et quelques bières, et j'obtiendrai de meilleurs résultats.' Cette réponse m'a beaucoup impressionné. [La torture], cela ne marche pas aussi bien que les gens le pensent." Le 22 novembre 2016.

Ce qu'il faut comprendre : Depuis son élection, Donald Trump s'entretient avec nombre de personnalités politiques, mais aussi avec des conseillers militaires. Ainsi, il aurait pris conscience que son intention de rétablir la torture n'était pas pertinente en discutant avec un ancien directeur d'Etat major américain. Sans oublier qu'une telle mesure exposerait les Etats-Unis à des poursuites pour crimes de guerre, au regard du droit international, et notamment de la convention de Genève. 

Obamacare : "C'est quelque chose que nous allons tenter de garder"

Ce qu'il disait : "Nous allons abroger et remplacer l'Obamacare, qui tue des emplois. C'est un désastre complet." Le 23 juin 2016.

Ce qu'il dit aujourd'hui : "Obamacare sera soit amendée, soit abrogée, soit remplacée (...). "J'aime beaucoup [deux de ses dispositions]." Le 12 novembre 2016.

Ce qu'il faut comprendre : Le président américain élu Donald Trump gardera quelques éléments de la réforme de l'assurance-maladie Obamacare, mise en place par son prédécesseur. Il songe notamment à conserver deux aspects de l'Affordable Care Act, la réforme phare du président sortant Barack Obama : l'interdiction faite aux assureurs de refuser un patient en raison de son état de santé et la possibilité pour des parents de faire bénéficier plus longtemps leurs enfants de leur couverture santé. Lui qui avait pourtant tiré à boulets rouges sur cette réforme votée en 2010 a expliqué avoir infléchi sa position après sa rencontre à la Maison Blanche avec le président Obama, qui lui aurait suggéré de conserver ces dispositions.

Sur l'immigration : expulser "les criminels" 

Ce qu'il disait : "Nous avons au moins 11 millions de personnes dans ce pays qui sont arrivées illégalement. Elles vont partir." Le 26 février 2016.

Ce qu'il dit aujourd'hui : "Ce que nous allons faire, c’est prendre les gens qui sont des criminels et qui ont des casiers judiciaires, qui appartiennent à des gangs, qui sont des trafiquants de drogue. Nous avons beaucoup de ces gens, 2 millions, peut-être même 3. Eux vont partir ou être mis en prison (...) Une fois la frontière sécurisée, que la situation se sera normalisée, on prendra une décision en ce qui concerne le reste des clandestins qui sont des gens très bien."

Ce qu'il faut comprendre : Le candidat avait déjà revu à la baisse son engagement d’expulser la totalité des 11 millions d’immigrés sans papiers présents aux Etats-Unis. Fin août, il indiquait ne vouloir reconduire que les "mauvais". Autrement dit, les délinquants. A titre de comparaison, l’administration Obama a expulsé 2,5 millions de clandestins au cours de la période 2009-2015, dont 91% d’entre eux possédaient un casier judiciaire. 

Sur le mariage gay : "Ça ne me pose pas de problème"

Ce qu'il disait : "Si je suis élu, je vais nommer des juges à la Cour suprême qui pourraient bien changer ça. La Cour suprême n'aurait pas dû [légaliser le mariage entre couples de même sexe sur tout le territoire], mais laisser chaque Etat libre de l'autoriser ou non. Je serais très favorable à la nomination de juges pour abroger la loi." Le 31 janvier 2016.

Ce qu'il dit aujourd'hui : "Ça a été réglé, cette affaire s'est retrouvée devant la Cour suprême et maintenant, c'est la loi. Et ça ne me pose pas de problème." Le 13 novembre 2016.

Ce qu'il faut comprendre : Entouré de ses enfants et de sa femme, Melania, Donald Trump a soutenu, quelques jours après son élection, qu'il n'était plus de son ressort de légiférer sur le mariage entre homosexuels. En effet, même s'il nomme un juge conservateur à la Cour suprême, il est très improbable que la cour soit de nouveau appelé à trancher, explique la BBC. Ce qui n'empêche pas les associations LGBTQ de rester vigilantes. 

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