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Avec ses menaces de frappes en Syrie, Donald Trump veut "s'en prendre à la logistique des armes" du régime

Jean-Marc Tanguy, journaliste spécialiste des questions de défense, a expliqué, mercredi sur franceinfo, que "Donald Trump va faire ce qu'il a annoncé depuis des mois".

Article rédigé par franceinfo
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Donald Trump, le 13 mars 2018, à la Maison Blanche, à Washington. (MANDEL NGAN / AFP)

"Que la Russie se tienne prête : les missiles arrivent sur la Syrie". Le tweet de Donald Trump est explicite, mais "le but de Donald Trump n'est pas de détruire le régime syrien, pas cette fois-ci, mais de clairement s'en prendre à la logistique des armes", a expliqué, mercredi 11 avril sur franceinfo, Jean-Marc Tanguy, journaliste spécialiste des questions de défense.

Le régime de Bachar Al-Assad est accusé d'être responsable d'une attaque chimique dans le bastion rebelle de Douma, près de Damas, mais il dément toute responsabilité. De son côté, Moscou met en garde "contre tout acte pouvant déstabiliser la région".

franceinfo : Que va faire Donald Trump ?

Jean-Marc Tanguy : Donald Trump va faire ce qu'il a annoncé depuis des mois. Il y a une ligne rouge, elle ne doit pas être franchie et manifestement cette fois-ci elle a été franchie. Sur le type d'armement qui va être mis en lice, il n'y a pas d'exclu, c'est ce qui sert par ailleurs sur d'autres types d'opérations. Ce que l'on peut observer depuis le début de l'après-midi, c'est qu'un certain nombre d'avions de ravitaillement sont en vol, ce qui veut dire que les avions qui vont peut-être bombarder sont eux aussi en vol.

Que vont chercher à détruire les Américains ?

Comme pour les Français, le but n'est pas de détruire le régime syrien, pas cette fois-ci, mais de clairement s'en prendre à la logistique des armes chimiques qui ont été utilisées. Donc, soit s'en prendre à des avions qui peuvent larguer des containers d'armes chimiques, soit des endroits où ils sont stockés. Il faut absolument éviter de frapper les alliés de Damas. C'est une erreur qu'il faut éviter si on ne veut pas rentrer dans une logique de surenchère. Déjà, Poutine est remonté comme une pendule, donc si vous lui donnez des raisons de lever l'escalade on sera dans une logique beaucoup plus guerrière. En ciblant, précisément les objectifs, on sort de cette logique là et cela permet aux présidents américain et français de dire : "Vous voyez, on fait ce qu'on a dit."

Est-ce le retour de ce qu'on appelle les frappes chirurgicales ?

Par nature, une frappe l'est toujours. Le but n'est pas de toucher les civils qui sont à proximité. Une bonne partie des opérations se font en zone urbaine, donc en règle générale vous aurez toujours des civils. Par contre, si vous ciblez des bases militaires vous réduisez ce risque et si vous prenez des armes qui sont relativement intelligentes avec des modes de guidage qui sont redondants vous limitez ce risque de frapper des innocents.

La Russie pourrait-elle contrer une frappe des Américains ?

Très clairement, depuis un bon bout de temps, des armes russes menées par des techniciens russes sont en place en Syrie, précisément pour ce genre de situation. Il y a notamment le S400 qui peut détecter et abattre un avion jusqu'à 400 km de portée. Les Occidentaux n'ont pas d'arme de ce type. Ce genre d'arme peut aussi se leurrer et se contrer, donc ce n'est pas la panacée.

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