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Pourquoi l'inculpation de Michael Flynn est une mauvaise nouvelle pour Donald Trump

L'ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, Michael Flynn, a plaidé coupable vendredi d'avoir menti au FBI dans le cadre de l'enquête sur l'affaire russe.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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L'ancien conseiller de la Maison blanbche, Michael Flynn, à Washington, le 1er févrir 2017. (CARLOS BARRIA / REUTERS)

Michael Flynn, éphémère conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, a été inculpé vendredi 1er décembre pour avoir menti aux enquêteurs du FBI dans le cadre de l'affaire russe, a annoncé la justice américaine. Il a décidé de plaider coupable et accepté de coopérer avec la justice. Michael Flynn a été inculpé notamment pour avoir menti sur la teneur de ses échanges en décembre 2016 avec l'ambassadeur russe à Washington, Sergueï Kisliak, alors que Barack Obama était au pouvoir. C'est le quatrième membre de l'entourage proche du président américain à être mis en cause par le procureur spécial Robert Mueller, chargé de l'enquête sur les soupçons d'ingérence de la Russie pendant la campagne présidentielle. En quoi cette inculpation est-elle de mauvais augure pour Donald Trump ? Franceinfo fait le point.

L'étau se resserre autour de Donald Trump

L'inculpation de Michael Flynn sonne comme un coup de tonnerre à la Maison Blanche : c'est la première fois qu'un ancien membre de l'administration de Donald Trump est inculpé pour avoir menti dans cette affaire. Avant lui, trois autres proches du président ont été inculpés : Paul Manafort, ancien directeur de campagne ; Richard Gates, vice-directeur de campagne ; et George Papadopoulos, conseiller en politique étrangère de Donald Trump. Cette inculpation affaiblit la défense du président américain qui n'a cessé d'affirmer jusqu'ici qu'il n'y avait "aucune collusion" entre son équipe et la Russie, rappelle Politico (en anglais).

Général à la retraite âgé de 58 ans, Michael Flynn est un ancien directeur du renseignement militaire américain, connu pour son indulgence avec la Russie et son soutien à la Turquie de Recep Tayyip Erdogan. Il a été l'une des rares figures de la Défense américaine à avoir soutenu Donald Trump pendant sa campagne électorale. La lune de miel a toutefois été de courte durée : entré en fonctions après l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, le 20 janvier, Michael Flynn a été forcé de démissionner dès le 13 février.

A la suite des révélations du New York Times et du Washington Post (en anglais), Michael Flynn a été soupçonné d'avoir assuré par téléphone à l'ambassadeur de Russie à Washington que Donald Trump serait beaucoup moins sévère que Barack Obama à l'égard de Moscou. Une pratique prohibée par le Logan Act de 1799, qui interdit aux simples citoyens – puisque Donald Trump était élu mais pas investi et que lui n'était pas encore en poste – de négocier avec des autorités étrangères. Michael Flynn n'est en revanche pas poursuivi pour avoir enfreint le Logan Act, mais pour avoir menti devant le FBI, précise ABC News.

Après l'entretien entre le diplomate russe et Michael Flynn, Moscou avait alors choisi de ne pas répondre aux expulsions de fonctionnaires russes décidées par l’administration Obama par des mesures similaires, résume Le Monde.

Outre l'inculpation de Michael Flynn, Donald Trump pourrait être embarassé par la révélation par le procureur que l'ordre d'entrer en contact avec les Russes a été donné au conseiller par un "très haut responsable" de la campagne. Plusieurs médias américains, dont le Washington Post, Buzzfeed et l'agence AP, assurent que ce donneur d'ordre est Jared Kushner, le gendre du président américain. Ce qui impliquerait donc son entourage très proche.

Michael Flynn est prêt à coopérer avec la justice

"J'admets que les actions que j'ai reconnues aujourd'hui devant le tribunal constituent une grave erreur", a écrit Michael Flynn dans un communiqué diffusé peu après son inculpation. "Mon plaider coupable et mon accord pour coopérer avec le bureau du procureur spécial reflètent une décision que j'ai prise dans le meilleur intérêt de ma famille et de notre pays. J'accepte l'entière responsabilité de mes actions", ajoute-t-il.

Selon le document, Michael Flynn a, par ses fausses déclarations, "entravé" l'enquête du FBI. Le texte souligne par ailleurs qu'il a "contacté" les Russes fin 2016 à la demande d'un "très haut responsable" de l'équipe de Donald Trump qu'il ne nomme pas.

Ce plaider coupable prouve que "Michael Flynn pourrait avoir des révélations utiles à faire au procureur Robert Mueller, notamment sur Donald Trump", explique sur Twitter le professeur d'histoire, spécialiste des Etats-Unis, Corentin Sellin. Cet acte est d'ailleurs rare, dans les années 1980, en plein affaire "Irangate", un conseiller la sécurité national de Ronald Reagan a aussi été inculpé pour mensonges devant le Congrès mais n'a jamais plaidé coupable, note le professeur.

Reste à savoir quelle sera l'ampleur de ses révélations

Quelles informations Michael Flynn s'est-il engagé à livrer aux enquêteurs ? Jusqu'où ira-t-il pour tenter d'échapper à la prison ? Mettra-t-il directement en cause des proches de Donald Trump, voire le président lui-même ?

Selon ABC News (en anglais), Michael Flynn pourrait bien témoigner du fait que Donald Trump lui a "donné instruction d'établir un contact avec les Russes". Ces contacts n'étaient pas simplement "informels" ou de l'ordre du passage de pouvoir entre Barack Obama et Donald Trump, reprend Corentin Sellin, "il s'agirait d'un acte délibéré de trahison des intérêts américains face à une puissance étrangère hostile, la Russie".

De son côté, l'administration Trump a immédiatement tenté de minimiser le rôle de Michael Flynn au sein de son équipe. "Rien dans le plaider coupable ou les chefs d'inculpation n'implique d'autres personnes que Monsieur Flynn", a indiqué Ty Cobb, le conseil de la Maison Blanche, soulignant dans une formulation alambiquée que Michael Flynn n'avait été conseiller que pendant 25 jours et en qualifiant celui-ci d'"ancien de l'administration Obama".

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