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New Shepard, la seule fusée spatiale réutilisable

Pour la première fois, un engin spatial est revenu sur Terre, prêt à être réutilisé après un vol suborbital. La firme Blue Origin et son lanceur New Shepard prennent de l’avance sur les concurrents.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le module spatial New Shepard à son retour sur terre. (NOTIMEX/FOTO/BLUE ORIGIN/COR/SCI/)

Comme la fusée de Tintin, le lanceur allume ses rétro-fusées (en fait un unique moteur) et se pose doucement sur ses pieds (4 au lieu de 3 chez Hergé). Mais ici point de science-fiction. Nous sommes à Dallas au Texas, et ce 24 novembre 2015, c’est un très grand bon pour la conquête spatiale. Pour la première fois, un lanceur d’engin revient sur terre après un vol suborbital à cent kilomètres d’altitude, prêt à être réutilisé.
 
Lors de son retour dans l’atmosphère, le lanceur a déployé huit aérofreins, réduisant sa vitesse de moitié (622 km/h). La fusée a ensuite rallumé son moteur à 1500 m d’altitude, freinant la vitesse jusqu’à parcourir les 30 derniers mètres à 8km/h, pour un contact avec le sol en douceur.
 
La capsule expédiée dans l’espace était vide pour ce vol expérimental. Elle pourra transporter en phase d’exploitation six personnes, et elle sera également réutilisable. Pour le PDG de Blue Origin, le rêve sera très bientôt réalité, tant ce vol a été parfait. «Bientôt vous pourrez monter à bord de New Shepard et devenir un astronaute.»

Le vol commercial touristique est une chose. Mais la récupération des lanceurs est un axe majeur de la réduction des coûts des programmes spatiaux. Notamment lorsqu’il s’agit de placer en orbite des dizaines de satellites. Jusqu’à présent, les engins sont perdus après leur usage, à l’exception notable de la navette américaine, mais dont le programme a été abandonné en raison de son coût d’entretien prohibitif.
 
Plusieurs compagnies se sont placées sur ce marché prometteur. Blue Origin, dont le patron Jeff Bezos est aussi celui d’Amazon, est la mieux placée. Son principal concurrent, Space X, n’a jamais réussi à récupérer son lanceur Falcon 9 sur une barge en Atlantique. Mais comme plaide son boss, Elon Musk, Space X place ses fusées en orbite, ce qui rend plus difficile leur récupération.
 
A en juger par la lutte acharnée que se livrent les deux entreprises, le marché potentiel semble juteux. Space X a fait annuler le brevet déposé par son concurrent sur l’atterrisage sur une plateforme. Et après une rude bataille, il a obtenu l’exploitation d’un pas de tir à Cap Kennedy. Enfin, il faut noter la présence d’un troisième acteur, l’Européen Airbus, qui depuis 2010 planche sur ce projet.

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