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Messages cryptés des djihadistes, un défi pour les services anti-terroristes

Le second tueur de l'église de Saint-Étienne-du-Rouvray était fiché depuis peu pour radicalisation. Comme le premier terroriste identifié, il est passé à travers les mailles du filet des services du contre-terrorisme. Ses messages cryptés laissaient entendre qu'il s'était radicalisé et que son geste était prémédité.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
L’utilisation de l'application cryptée Telegram par les djihadistes complique la traque des enquêteurs anti-terroristes. (EyePress News / EyePress)

Selon des échanges sur la messagerie mobile Telegram, révélés par L'Express et confirmés de source proche de l'enquête, Adel Kermiche, né le 25 mars 1997 à Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime), avait prémédité son geste. Le 19 juillet, il déclarait dans un message téléphonique à un destinataire non identifié: «Tu prends un couteau, tu vas dans une église, tu fais un carnage, bim. Tu tranches deux ou trois têtes et c'est bon, c'est fini.» 

La veille de l'attaque, il indiquait sur l’application cryptée Telegram qu'il préparait de «gros trucs». «Je vous préviendrai à l'avance, trois quatre minutes avant et quand le truc arrivera, il faudra le partager direct.» Message audio qu’il a partagé avec 200 contacts et aussitôt effacé, a précisé Europe 1. Ce langage crypté utilisé par les djihadistes, de portable à portable sans être stocké sur un serveur, inquiète les services anti-terroristes dépassés par ces pratiques technologiques. 

Telegram, inventé par des Russes 
Inventé par des Russes, le système de communication sécurisée, Telegram, n’est pas seulement utilisé à des fins terroristes ou criminelles. Selon L'Express, l’application mobile gratuite séduit aussi de nombreuses personnalités politiques qui craignent d'être écoutées. 

Le procureur de Paris, François Molins, a fait part, à plusieurs reprises, de la difficulté des enquêteurs à accéder aux contenus de smartphones cryptés dans des affaires anti-terroristes. Or la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) s'est prononcée contre l'utilisation dans les procédures judiciaires de «portes dérobées», ces logiciels permettant l'accès aux informations cryptées. Pour la Cnil, le chiffrement est «un élément clé de la robustesse des systèmes» pour lutter contre les attaques informatiques. 


Aux Etats-Unis,les efforts dans le domaine du cryptage avaient été renforcés après les révélations d'Edward Snowden, en 2013, sur les capacités de surveillance de l'Agence de sécurité nationale (NSA), rappelait le site Geopolis, en novembre 2015.

La justice américaine avait demandé qu'Apple aide le FBI à accéder au contenu d'un iPhone utilisé par un des auteurs de l'attentat San Bernardino, qui a fait 14 morts début décembre 2015 en Californie. Le FBI et la NSA veulent empêcher Apple ou Google de commercialiser ces applications cryptées inviolables sur mobile, dont seul l'utilisateur détiendrait la clé d'accès aux données (chiffres, textes, photos, vidéos).

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