Cet article date de plus de dix ans.
Les petits New-Yorkais plébiscitent le français
A New York, ils sont des centaines à se mobiliser pour ouvrir des programmes bilingues anglais-français à l'école. La demande pour apprendre la langue de Molière explose. C'est en 2007 qu'a vu jour la première classe bilingue dans le quartier de Carroll Gardens à Brooklyn, désormais surnommé «little Paris». Aujourd'hui, un millier d'élèves apprennent le français dans les écoles de «big Apple».
Publié
Temps de lecture : 3 min
«Je vais écrire oiseau, regarde...» La petite Victoria dépose sur la table ses cartes-alphabet : o-i-s-e-a-u. D'autres élèves de cette grande section de maternelle s'entraînent à la lecture en français, assis sur un grand tapis. «Nous faisons de la phonétique, apprenons des poèmes. Ils connaissent déjà tous les sons et lisent dans les deux langues. Leur cerveau marche tellement vite, c'est extraordinaire», se réjouit leur institutrice française, Valérie de Lhomme.
La demande pour l'apprentissage du français n'a jamais été aussi forte qu'aujourd'hui. Et l'offre a du mal à y répondre. Adrienne Berman, maman d'une petite fille de 5 ans, voudrait la scolariser dans une école bilingue. Une recherche désespérée et vouée à l'echec dans le très chic Upper East Side. «C'est ma seule opportunité pour que ma fille apprenne le français, car nous ne parlons qu'anglais à la maison. Les Américains ont besoin de gens qui parlent d'autres langues, de comprendre d'autres cultures, car je pense que c'est de ce genre de compétences dont nos enfants auront besoin pour être des citoyens du XXIe siècle». Elle rêve de lancer elle-même ce genre de programme dans son quartier.
New York est l'une des villes du monde où l'on trouve le plus d'écoles bilingues. Plus de 400 établissements proposent des classes d'espagnol. Le mandarin arrive en 2e position et le français en 3e, «parce que c'est la langue de l'élite», plaisante à moitié Adrienne. Ce type d'établissement scolaire répond surtout à une logique d'immigration et d'intégration. Dès qu'une classe atteint une quinzaine d'élèves parlant une autre langue que l'anglais, le maire oblige l'école à ouvrir une classe bilingue. Faute de nombre suffisant de Français vivant à New York, les francophones doivent utiliser d'autres moyens.
Paradoxalement, ce sont les écoles aux résultats médiocres qui acceptent le plus facilement la création de programmes bilingues. «C'est l'un des principaux atouts. Grâce à une communauté de parents très impliqués, des enfants issus de milieux un peu plus privilégiés que la moyenne, cela permet de tirer vers le haut un établissement. Tout le monde est gagnant», souligne Fabrice Jaumont, attaché éducatif à l'ambassade de France.
La formule fonctionne bien à Brooklyn, mais dans les quartiers plus aisés comme le sud de Manhattan, cela se complique. «Ici, il n'y a pratiquement que de bonnes écoles, qui ont déjà du mal à accueillir toutes les demandes du quartier», explique Andrew H.Clark, professeur de littérature. Ce père de deux filles de 5 et 7 ans souhaite leur faire apprendre le français. «Ma femme et moi sommes américains. Cet apprentissage doit forcément passer par l'école.»
Quel que soit la quartier, le financement d'un tel projet reste toutefois un obstacle. Pour y remédier, Fabrice Jaumont a lancé le 5 décembre 2013 une collecte de fonds afin de tripler le nombre de programmes bilingues d'ici cinq ans et atteindre le chiffre de 7000 élèves. Avec l'aide de l'association French American Cultural Exchange, il espère recueillir 2,8 millions de dollars.
Fin janvier, un article du New York Times met le feu aux poudres et enflamme la toile. Consacré au boom de l'enseignement du français, il suscite débats et controverses avec une question : quel intérêt à apprendre le français au moment de la montée en puissance de la Chine et de l'importance de l'espagnol aux USA? Des arguments repris par le magazine d'opinion The New Republic et largement commentés sur les sites the americain conservative ou encore business insider.
Malgré ce scepticisme, la langue française reste un must, un signe d'appartenance à une élite et un signe d'excellence. Pour Andrew H.Clark, cette controverse initiée par the New Republic n'a pas lieu d'être. «Le débat qui consiste à savoir si c'est utile ou pas de parler français est ridicule. On n'investit pas dans une langue uniquement par utilitarisme mais parce que savoir parler une autre langue permet de s'ouvrir au monde.»
La demande pour l'apprentissage du français n'a jamais été aussi forte qu'aujourd'hui. Et l'offre a du mal à y répondre. Adrienne Berman, maman d'une petite fille de 5 ans, voudrait la scolariser dans une école bilingue. Une recherche désespérée et vouée à l'echec dans le très chic Upper East Side. «C'est ma seule opportunité pour que ma fille apprenne le français, car nous ne parlons qu'anglais à la maison. Les Américains ont besoin de gens qui parlent d'autres langues, de comprendre d'autres cultures, car je pense que c'est de ce genre de compétences dont nos enfants auront besoin pour être des citoyens du XXIe siècle». Elle rêve de lancer elle-même ce genre de programme dans son quartier.
New York est l'une des villes du monde où l'on trouve le plus d'écoles bilingues. Plus de 400 établissements proposent des classes d'espagnol. Le mandarin arrive en 2e position et le français en 3e, «parce que c'est la langue de l'élite», plaisante à moitié Adrienne. Ce type d'établissement scolaire répond surtout à une logique d'immigration et d'intégration. Dès qu'une classe atteint une quinzaine d'élèves parlant une autre langue que l'anglais, le maire oblige l'école à ouvrir une classe bilingue. Faute de nombre suffisant de Français vivant à New York, les francophones doivent utiliser d'autres moyens.
Paradoxalement, ce sont les écoles aux résultats médiocres qui acceptent le plus facilement la création de programmes bilingues. «C'est l'un des principaux atouts. Grâce à une communauté de parents très impliqués, des enfants issus de milieux un peu plus privilégiés que la moyenne, cela permet de tirer vers le haut un établissement. Tout le monde est gagnant», souligne Fabrice Jaumont, attaché éducatif à l'ambassade de France.
La formule fonctionne bien à Brooklyn, mais dans les quartiers plus aisés comme le sud de Manhattan, cela se complique. «Ici, il n'y a pratiquement que de bonnes écoles, qui ont déjà du mal à accueillir toutes les demandes du quartier», explique Andrew H.Clark, professeur de littérature. Ce père de deux filles de 5 et 7 ans souhaite leur faire apprendre le français. «Ma femme et moi sommes américains. Cet apprentissage doit forcément passer par l'école.»
Quel que soit la quartier, le financement d'un tel projet reste toutefois un obstacle. Pour y remédier, Fabrice Jaumont a lancé le 5 décembre 2013 une collecte de fonds afin de tripler le nombre de programmes bilingues d'ici cinq ans et atteindre le chiffre de 7000 élèves. Avec l'aide de l'association French American Cultural Exchange, il espère recueillir 2,8 millions de dollars.
Fin janvier, un article du New York Times met le feu aux poudres et enflamme la toile. Consacré au boom de l'enseignement du français, il suscite débats et controverses avec une question : quel intérêt à apprendre le français au moment de la montée en puissance de la Chine et de l'importance de l'espagnol aux USA? Des arguments repris par le magazine d'opinion The New Republic et largement commentés sur les sites the americain conservative ou encore business insider.
Malgré ce scepticisme, la langue française reste un must, un signe d'appartenance à une élite et un signe d'excellence. Pour Andrew H.Clark, cette controverse initiée par the New Republic n'a pas lieu d'être. «Le débat qui consiste à savoir si c'est utile ou pas de parler français est ridicule. On n'investit pas dans une langue uniquement par utilitarisme mais parce que savoir parler une autre langue permet de s'ouvrir au monde.»
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.