La jeunesse américaine, une génération sacrifiée
A peine un jeune sur six travaille à temps complet. Leur taux de chômage s’établissait à 16,8% au mois d’août. A titre comparatif, 23% des moins de 25 ans sont au chômage en France et 52% en Espagne.
Environ 73% des jeunes Américains pensent qu’ils ont besoin de faire des études plus longues et poussées pour réussir. Sauf que, faire des études est un luxe. Les diplômés doivent rembourser jusqu’à 85.000 euros sans avoir la perspective d’un travail. Le montant global de la dette étudiante atteint des sommets alarmants : 1.000 milliards de dollars.
Des observateurs vont jusqu’à estimer que la bulle de l’endettement des étudiants est aussi dangereuse que la crise des subprimes. Les diplômés commencent à remettre en cause l’efficacité du système universitaire. «Toutes ces années d’études et des milliers de dollars investis pour rien ?».
Cette même question est posée par les chômeurs et les exclus réunis autour du mouvement Occupy Wall Street, inspiré des indignados espagnols. Un an après sa création, il ne s’essouffle pas. Il a fait irruption lors de convention des démocrates à Charlotte en Caroline du Nord, par exemple.
Les jeunes sont les principaux porteurs de ce mouvement. Il suffit de lire les pancartes qu’ils arborent pour comprendre qu’ils sont déçus du système. Même si certains ont la chance d’avoir un emploi, ils se sentent dévalorisés en occupant un poste pour lequel ils sont surdiplômés.
La génération boomerang
CBC, juin 2012.
Faute d’opportunités, ils mettent leur vie sur pause. Ces Américains ne peuvent pas envisager d’acheter une maison, ou de fonder une famille… Trois sur cinq habitent chez leurs parents ou chez un proche. C’est ce qu’on appelle la génération boomerang.
Leurs parents croyaient qu’ils avaient quitté le nid. Et les voilà revenus sans emploi et sans logement propre. Cet effet boomerang est vécu comme un échec. Mais bon nombre de jeunes Américains ne se laissent pas abattre et font le choix de rebondir. Ils voient ce retour au bercail comme un moyen de faire des économies pour repartir de plus belle.
Plutôt que revenir dans leur cercle familial, d’autres tentent leur chance ailleurs. Même ceux qui sont d’origine étrangère sont en train d’emprunter le chemin que leurs parents avaient emprunté. Mais dans le sens inverse. Notamment ceux, dont les parents ont quitté des pays aujourd’hui émergents. Environ 100.000 Américains d’origine indienne se sont installés dans le sous-continent en 2010, par exemple.
A la (re)conquête de cet électorat
TelegraphTV, avril 2011.
En 2008, les 18-29 ans avaient voté massivement pour Barack Obama : entre 22 et 24 millions d’Américains. C’était la deuxième fois dans l’histoire électorale américaine que les jeunes se précipitaient dans les bureaux de vote. La première fois c’était en 1972. Il s’agissait des premières élections où les citoyens âgés de 18 ans avaient le droit de voter. Richard Nixon avait été élu. Aujourd’hui, ils sont moins enthousiastes.
Conscient de sa perte de vitesse auprès de cette classe d’âge, le candidat Obama se mobilise dans les campus universitaires et dans les lycées. De plus, son gouvernement a approuvé une nouvelle loi pour limiter l’endettement des étudiants. A partir de 2014, les frais de remboursement des nouveaux emprunteurs ne devraient plus représenter que 10% de leur revenu.
La nouvelle législation prévoit aussi que si la dette persiste après vingt ans elle serait annulée. Pour les infirmières, enseignants, militaires et fonctionnaires ce serait dix ans. D'après les sondages, les Américains de moins de 30 ans soutiennent encore majoritairement Obama. Mais le président est moins populaire chez les 18-24 ans.
"Je ne vois pas pourquoi un jeune Américain voterait démocrate"
C-Span, mars 2012.
De son côté, Mitt Romey compte bien profiter de la brèche que lui offre la relative impopularité d’Obama. Comme son concurrent, il investit les lieux fréquentés par cette cible électorale si prisée. Mitt Romney aurait dépassé à la mi-août pour la première fois la barre des 41% d’intentions de vote chez les 18-29 ans. À la mi-juillet, un autre sondage avait indiqué que seuls 55% des jeunes de cette tranche d’âge avaient l’intention d’aller voter.
Ceux qui pourraient tirer leur épingle du jeu en cette année électorale sont ceux qui espèrent bénéficier du Dream Act. C’est-à-dire la régularisation de plus d’un million de jeunes sans-papiers arrivés au pays de l’Oncle Sam très tôt et qui poursuivront leurs études ou s’engageront dans l’armée pour régulariser leur situation. Le candidat Obama fait d’une pierre deux coups : les jeunes et les hispaniques très courtisés par les démocrates. Mais ils ne sont pas les seuls, les plus entreprenants s’en sortent malgré la crise.
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