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La fin des essais nucléaires en Corée du Nord peut déboucher sur "quelque chose d'historique"

Selon le journaliste Dorian Malovic, spécialiste de la Corée du Nord, samedi sur franceinfo, l'annonce de Kim Jong-un d'arrêter les essais nucléaires et les tirs de missiles intercontinentaux démontre "une phase d'apaisement".

Article rédigé par franceinfo
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Le leader nord-coréen Kim Jong-un a annoncé son intention de mettre fin au programme nucléaire de son pays. (JUNG YEON-JE / AFP)

"C'est une annonce assez spectaculaire." Pour le journaliste Dorian Malovic, samedi 21 avril sur franceinfo, la déclaration par la Corée du Nord de la fin des essais nucléaires et des tirs de missiles est "quelque chose qui peut être historique" Le chef du service Asie au quotidien La Croix a expliqué "qu'on est dans une phase d'apaisement"

Le dictateur Kim Jong-un poursuit donc sa politique de réchauffement des relations avec le monde occidental, après avoir multiplié les provocations en 2017 et début 2018. Kim Jong-un doit d'ailleurs rencontrer le président américain Donald Trump dans les mois à venir.

franceinfo : L'annonce de Kim Jong-un était-elle attendue ou est-ce une surprise totale ?

Dorian Malovic : Dans la dynamique diplomatique accélérée que l'on connait depuis le mois de janvier et l'optimisme qui prévaut en ce moment, (...) c'est quelque part un déroulé tout à fait logique de la part du leader nord-coréen. C'est lui qui a tendu la main à son voisin du Sud pour dire : "Je suis prêt à ce que nous discutions". Aujourd'hui, beaucoup plus que les sanctions de l'ONU, de mon point de vue, c'est cette garantie nucléaire qui lui permet de dérouler toute la démarche qui se fait depuis le mois de janvier de rapprochement, de réchauffement pour arriver vers un processus de paix, vers une réconciliation avec Washington. Voilà ce qui va se dérouler là dans les deux mois qui viennent. Le cœur du dossier restera toujours la dénucléarisation. C'est le cœur du problème nord-coréen. On sent qu'on va y arriver progressivement, mais aujourd'hui on est dans une dynamique où il faut parler, il faut négocier, il faut se rencontrer, avant de toucher vraiment au cœur du réacteur.

Faut-il se réjouir de cette annonce ?

On ne peut pas nier le fait que c'est une annonce assez spectaculaire, que c'est très important. Ça vient renforcer cette idée que Kim Jong-un, le jeune leader, est de bonne foi. C'est ça qu'il veut aussi essayer de montrer. On voit d'ailleurs que pour la politique intérieure nord-coréenne, c'est très important. La grande présentatrice qui a annoncé cette mesure, c'est un peu la Léon Zitrone nord-coréenne. Cela veut dire que Kim Jong-un présente cet arrêt et ce gel comme une victoire du pays. En 2012, il a lancé sa stratégie du "Byungjin". Cela signifie la double poussée : d'une part le nucléaire accéléré et de l'autre "accentuer l'économie", comme il l'a déclaré lors de la rencontre du Parti des travailleurs cette semaine. On voit donc bien que, dans la logique, c'est d'arriver à un allègement des sanctions progressivement et de développer le pays.

Cette décision est-elle le fruit de la diplomatie agressive de Donald Trump ?

Il est certain que cela a dû jouer quelque part un certain poids, parce qu'effectivement la Corée du Nord, économiquement, aurait pu supporter des sanctions encore pour longtemps. Mais, le leader n'était probablement pas dans cette logique-là. Il faut bien comprendre que cette accélération est prévue par la Corée du Nord quand même depuis un an et demi ou deux ans. Ça n'est pas une improvisation de la part de Pyongyang, alors que du côté américain, Donald Trump n'est là que depuis un an. Après le bras de fer pendant toute l'année 2017 où les deux leaders ont montré les muscles, on voit qu'on est dans une phase d'apaisement et que ça débouche aujourd'hui sur quelque chose qui va peut-être être historique.

Kim Jong-un veut développer l'économie socialiste. Sent-on déjà des évolutions en Corée du Nord ?

Kim Jong-un a déjà lancé ses réformes économiques depuis 2012. J'étais en Corée du Nord au mois d'octobre et j'ai bien vu que depuis 2012 les magasins étaient bien fournis, les gens étaient bien habillés, bien mieux habillés que par le passé, que vous aviez des hommes d'affaires, de l'argent, des devises pour faire fonctionner les choses et que ce processus est déjà lancé. Il veut le faire passer à une seconde étape, car s'il n'a pas d'investissements étrangers, ça ne va pas pouvoir continuer. Donc effectivement, on sent très bien qu'il va vers des réformes encore plus importantes et qu'il a besoin de tous ses voisins et notamment du Sud pour les mener à bien.

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