Etats-Unis : on vous explique la bataille politique entre Disney et le gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis
Leur divorce est définitivement consommé. Disney a porté plainte, mercredi 26 avril, contre le gouverneur de Floride, Ron DeSantis. La raison ? Le ténor de la droite dure américaine a mis fin au statut spécial de la multinationale du divertissement dans son Etat. Une campagne de "vengeance ciblée", dénonce Disney. Franceinfo vous explique la guerre entre le géant du divertissement et Ron DeSantis.
Disney dénonce une loi LGBTphobe prise par DeSantis
Employeur majeur en Floride avec son parc d'attractions Disney World à Orlando, le géant du divertissement dérange Ron DeSantis à cause de ses positions progressistes. La tempête a débuté en 2022, lorsque le gouverneur a instauré la loi "Don't say gay", afin d'empêcher l'enseignement des sujets en lien avec l'orientation sexuelle et l'identité de genre dans les écoles primaires de l'Etat. Poussé en interne par les équipes des studios Pixar et menacé par des appels au boycott, le patron de Disney avait alors dénoncé publiquement cette loi, qui risquait selon lui d'être "utilisée pour cibler injustement les enfants et les familles gays, lesbiennes, non-binaires et transgenres", rapportait le média public NPR (en anglais).
Or, le gouverneur, pressenti de longue date comme un candidat potentiel à l'investiture républicaine dans la course à la Maison Blanche, a fait de la lutte contre le "wokisme" un de ses principaux chevaux de bataille. Ron DeSantis accuse Disney de vouloir imposer sa vision progressiste à une société américaine qui, selon lui, la refuse. Il s'est donc engagé à y faire rempart sur ses terres. Le conservateur de 44 ans porte désormais sa lutte contre Disney en étendard, dans ses discours comme dans sa récente autobiographie, où le sujet occupe un chapitre entier.
Ron DeSantis met fin aux avantages du groupe en Floride
Dans ce contexte, Ron DeSantis a sorti l'artillerie lourde : le gouverneur a supprimé en février le statut spécial de Disney dans son Etat. Il a ainsi mis fin aux avantages dont le parc d'attractions Disney World bénéficiait depuis les années 1960 : facilités administratives, autogestion du site, emprunts avantageux…
Ce n'est pas tout. A la suite de cette décision, un comité de régulation du tourisme nommé par Ron DeSantis a approuvé l'annulation d'un accord commercial récemment passé avec le parc, qui emploie 75 000 personnes et attire 50 millions de visiteurs par an. Le gouverneur a également envisagé, mi-avril, de construire une "prison d'Etat" près de Disney World, ou bien un parc d'attractions concurrent. Il a aussi évoqué l'idée de mettre en place des taxes supplémentaires sur les hôtels du site, ou des péages routiers autour.
Disney porte plainte contre Ron DeSantis
Face à cette situation, Walt Disney Parks and Resort, la branche du groupe qui gère les parcs d'attractions, a déposé plainte contre Ron DeSantis, mercredi 26 avril. La multinationale accuse le gouverneur d'avoir orchestré une "campagne" pour mener "une vengeance gouvernementale ciblée" et le punir d'avoir exercé sa "liberté d'expression". Cela "menace désormais les activités commerciales de Disney, met en péril son avenir économique dans la région et viole ses droits constitutionnels", argue l'entreprise.
Sur le plan économique, Disney dénonce dans sa plainte "une mesure de rétorsion, manifestement anti-commerce et manifestement inconstitutionnelle". Le groupe estime qu'il "n'a pas d'autres choix que d'intenter cette action en justice pour protéger ses employés, ses clients et ses partenaires".
Un impact politique incertain
Si la lutte du gouverneur de Floride contre le progressisme de Disney a reçu un écho favorable chez les républicains, ses attaques contre une grande entreprise américaine passent moins bien. Début avril, le PDG du groupe, Bob Iger, avait accusé publiquement Ron DeSantis de prendre une "mesure anti-commerce". Disney prévoit en effet d'investir plus de 17 milliards de dollars dans Disney World au cours de la prochaine décennie, de créer plus de 10 000 emplois et d'attirer encore plus de touristes en Floride, avait-il souligné.
Figure de la droite populiste aux Etats-Unis, Ron DeSantis est largement vu comme le concurrent le plus sérieux de Donald Trump pour la primaire républicaine. Mais certains, dans son camp, fustigent désormais son combat anti-entreprises qui va à l'encontre de la tradition du parti, d'habitude ouvertement "pro-business".
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