Etats-Unis : les associations de défense du droit à l'IVG craignent de voir la pilule abortive interdite par un juge texan
L'IVG à nouveau attaquée aux Etats-Unis. Moins d'un an après que la Cour suprême a renversé l'arrêt garantissant le droit à l'avortement, plusieurs associations redoutent de voir l'interruption volontaire de grossesse encore restreinte. Un juge fédéral du Texas doit en effet se prononcer sur la révocation de l'autorisation de la mifépristone, une pilule abortive, accordée par l'Agence fédérale du médicament (FDA). La décision pourrait être annoncée dès le vendredi 10 février, rapporte le Center for Reproductive Rights*.
En novembre 2022, l'association chrétienne conservatrice Alliance Defending Freedom avait ainsi attaqué la Food and Drug Administration, affirmant que l'agence avait "placé la politique au-dessus de la science lorsqu'elle a approuvé les pilules abortives aux Etats-Unis", rapporte la chaîne ABC News*. Le mouvement anti-IVG assure en outre que la mifépristone a "des effets secondaires intenses".
Un magistrat nommé par Donald Trump
Autorisé en 2000 par la FDA, ce médicament est pourtant connu pour être "sûr et efficace", pointe le Guttmacher Institute*. Selon cet institut de recherche sur les droits reproductifs, la mifépristone est utilisée dans 98% des IVG par voie médicamenteuse réalisées aux Etats-Unis, en combinaison avec une autre molécule. Ce deuxième médicament, le misoprostol, peut être utilisé seul pour mettre un terme à une grossesse. Mais on "ignore combien de cliniques proposeraient ce traitement et combien de patientes l'accepteraient", alerte le Guttmacher Institute.
Ce qui est certain, en revanche, c'est que la décision du juge Matthew Kacsmaryk empêcherait (au moins temporairement) la distribution de la mifépristone dans les 50 Etats américains, y compris ceux où l'avortement est légal. Les associations de défense du droit à l'avortement prennent ce risque très au sérieux car ce magistrat, nommé par Donald Trump, est connu pour ses positions conservatrices, rappelle ABC News.
Alors que plus de 50% des avortements aux Etats-Unis sont désormais réalisés par voie médicamenteuse, une telle décision "aurait un impact encore plus grand que la décision de la Cour suprême", juge Jenny Ma, du Center for Reproductive Rights. "Cela équivaudrait à bannir la pilule abortive dans tout le pays."
* Les liens signalés par un astérisque renvoient vers des contenus en anglais.
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