Etats-Unis : la population multiethnique ne se mélange pas
30% des 4.170 Américains interrogés pour cette étude indiquent n’avoir aucun collègue, aucun ami et aucun parent d'une «race» différente. Ces chiffres illustrent la nature ségrégative de la société américaine qui, comme le rappelle Ann Morning, sociologue de l’université de New York, a une «histoire assez longue de limitation des contacts entre les races». Et «même si cela appartient au passé, les Blancs et les Noirs en perçoivent les échos».
Plus grande diversité en Californie
L'étude montre que que le critère géographique n'est pas anodin. Dans les Etats situés au bord de l’océan Pacifique, comme la Californie, on constate une plus grande diversité pour les relations amicales et amoureuses, tandis qu'au Sud, on enregistre le plus faible pourcentage de la population qui connaît plus de cinq personnes appartenant à une autre éthnie.
Les Hispaniques et les Américains d’origine asiatique sont moins soumis à des frontières en matière d'intégration, explique Mme Morning. Les derniers recensements indiquent que les Latino-Américains sont devenus la minorité la plus importante, implantés largement dans les Etats du Sud-Ouest, notamment au Nouveau Mexique,Texas et en Californie.
Les moins de 30 ans en couple mixte
L'âge est également un critère qui facilite plus ou moins les contacts entre minorités différentes. Un tiers des Américains de moins de trente ans vit en couple mixte, contre seulement un sur dix chez ceux plus âgés, selon l'enquête Reuters-Ipsos. De même, seul un adulte de moins de trente ans sur dix n'a aucun membre de sa famille, ami ou collègue d’une autre «race», alors que la proportion est deux fois plus élevée dans l'ensemble de la population.
Le débat sur la question raciale a été récemment relancé par l’affaire Trayvon Martin. Un adolescent noir tué, le 26 février 2012, en Floride, et dont le meurtrier, George Zimmerman, a été acquitté, le 13 juillet 2013. Le jury du tribunal de Sanford (Floride) s'était appuyé sur le principe de légitime défense.
Réaction personnelle d'Obama
Alors que des manifestations contre l'acquittement de l'agent de sécurité ont eu lieu dans de nombreuses villes américaines, le président Barack Obama, avait lui-même réagi en des termes très personnels, accentuant le caractère racial du drame.
«Lorsque Trayvon Martin a été abattu, j'ai dit qu'il aurait pu être mon fils. Une autre façon de le dire, c'est qu'il y a 35 ans, j'aurais pu être Trayvon Martin», a affirmé M. Obama, en soulignant que «la communauté afro-américaine observe ces questions à travers un ensemble d'expériences, et une histoire qui ne disparaît pas».
Une allusion à l'esclavage, aboli il y a 150 ans, et au régime de ségrégation abrogé il y a seulement un demi-siècle dans des Etats du Sud.
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