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Etats-Unis : la maire de Chicago fait polémique en ne retenant que des journalistes issus de minorités pour l'interviewer

L'ancienne avocate de 58 ans a expliqué vouloir ainsi "rompre avec le statu quo".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La maire de Chicago (Illinois), Lori Lightfoot, dans sa ville, le 2 avril 2019.  (KAMIL KRZACZYNSKI / AFP)

L'annonce a suscité une vague de critiques, plus ou moins virulentes. La maire démocrate de Chicago, Lori Lightfoot, a déclenché une polémique en sélectionnant uniquement des journalistes issus de minorités pour l'interviewer en tête-à-tête à l'occasion du deuxième anniversaire de sa prise de fonction. 

Dans une lettre envoyée aux journalistes de la presse locale et relayée par plusieurs médias américains, l'ancienne avocate de 58 ans a expliqué vouloir ainsi "rompre avec le statu quo""Depuis le premier jour de ma campagne, en 2018, j'ai été frappée par la proportion ultradominante de personnes blanches et d'hommes au sein des médias de Chicago, des responsables éditoriaux, des journalistes politiques et de ceux qui couvrent la mairie en particulier", a écrit l'édile.

Seuls 17% de journalistes issus de minorités aux Etats-Unis

"C'est une honte qu'en 2021, les journalistes accrédités à la mairie soient très majoritairement blancs dans une ville où plus de la moitié des habitants sont noirs, hispaniques, d'origine asiatique ou amérindienne", a-t-elle tweeté. Les personnes non blanches représentent 66% de la population de Chicago.

L'association nationale des journalistes noirs (NABJ) a salué "la sensibilité" de Lori Lightfoot "au manque de diversité parmi celles et ceux qui couvrent les collectivités locales", tout en précisant qu'elle ne pouvait "pas soutenir cette tactique", du fait de leur "engagement en faveur de la diversité en général, de l'égalité et de l'inclusion".

Selon des chiffres publiés par la revue de l'école de journalisme de Columbia, moins de 17% des journalistes étaient issus de minorités aux Etats-Unis en 2018, alors que 40% de la population américaine ne se définit pas comme blanche.

"Une opération de communication"

Le journaliste d'origine hispanique Gregory Pratt couvre la mairie pour le Chicago Tribune et faisait partie des reporters retenus par Lori Lightfoot. Il a annoncé sur Twitter qu'il avait conditionné la tenue de cet entretien à la levée des critères imposés par la maire. Le cabinet de Lori Lightfoot a refusé, et le journaliste a décliné l'interview. "Les politiciens ne choisissent pas qui les couvre", a-t-il tweeté.

"Cela ressemble plus qu'autre chose à une opération de communication d'un élu dans une situation difficile, qui place, en plus, des journalistes de couleur dans une position étrange", a tweeté Astead Herndon, journaliste politique du New York Times. "Mais soyons clairs, a-t-il poursuivi. Des tas de politiciens ne donnent des interviews qu'à des journalistes blancs. Mais ils ne le disent pas publiquement."

"Nous n'allons pas là-bas pour jouer à la corde à sauter avec Lightfoot", a tweeté Morgan Elise Johnson, co-fondatrice du site d'information The Triibe, qui couvre l'actualité afro-américaine à Chicago. "L'insinuation que des journalistes de couleur ne vont pas lui poser des questions importantes m'agace vraiment."

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