Californie: «gazon contre dollars» pour économiser l'eau des jardins
S'ils ne font pas encore l'unanimité, les jardins secs et désertiques gagnent du terrain à Los Angeles (Californie) et se multiplient dans les quartiers chics. Une subvention de la municipalité a poussé les amateurs de pelouses verdoyantes, symbole de l’«American Way of life», à sauter le pas et abandonner leur cher gazon, grand consommateur d'eau.
Restreindre la consommation d'eau pour les jardins est l'objectif du programme «gazon contre dollars». La ville de Los Angeles offre 3 dollars par tiers de mètre carré de pelouse remplacée par des pierres, galets, paillis minéraux, plantes grasses et autres végétations méditerranéennes moins gourmandes en eau. «Dans les années 50,60, il y avait l'image traditionnelle de la maison style ranch avec la pelouse et tout...(...) Je pense qu'il faut juste qu'on passe à autre chose», estime Anne Philips, une paysagiste spécialisée dans les jardins «écolo». Ces derniers privilégient les plantes succulentes, comme les cactus, les aromates, la lavande, les agaves, etc. «Ca n'a pas besoin d'être ennuyeux ou laid, ni de piquer!», assure encore cette paysagiste.
Avec la sécheresse qui sévit en Californie depuis trois ans, les nappes phréatiques souterraines sont asséchées menaçant l'approvisionnement en eau de ses 38 millions d'habitants. Dans la presse locale, les courriers de lecteurs et les éditoriaux réclament à l'unisson des mesures d'urgence pour interdire l'arrosage des pelouses et encore plus celles des golfs, alors même que des restrictions sont imposées aux agriculteurs. Le gouverneur de Californie, Jerry Brown, a pris un arrêté pour limiter à deux fois par semaine l'arrosage des pelouses et interdire les systèmes de jets qui projettent de l'eau sur les trottoirs et les allées.
«Gazon contre dollars», une aubaine
Dans cet Etat de la côte Ouest, bordé au Sud par le désert, le concept «gazon contre dollars» représente une aubaine pour le développement de sociétés paysagistes. Go Green Gardeners a ainsi vu son activité dopée de 30%, en remplaçant par exemple les jets d'arrosage automatique qui entraînent une forte évaporation et une déperdition d'eau, par des systèmes posés directement au pied des plantes et qui arrosent la végétation avec moins de débit et une plus grande précision.
Mais pour inciter les «Angelenos» et les californiens à économiser l'eau, il faut «deux compteurs d'eau, préconise Stéphanie Pincetl, chercheuse et professeur de l'Institut d'études environnementales de l'université UCLA. Un pour la consommation intérieureet l'autre pour la consommation extérieure, celle des jardins. Selon elle, «avec des factures de ce type les gens comprendraient que 60% au moins de l'eau facturée vient de celle utiliséepour les jardins».
Bonne nouvelle: laisser jaunir sa pelouse pendant l'été dans un quartier coquet, ne sera plus passible d'une amende, comme l'imposait certaines municipalités...
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