Ukraine : l'incertitude plane sur la présidentielle dans l'Est
Même si le scrutin sera peut-être perturbé par endroit, il va se dérouler tout de même. C’est en tout cas ce qu'assure le porte parole de la police régionale, Igor Diomin, qui dit répondre aux ordres de Kiev. "Les gens ne doivent pas avoir peur d’aller voter. Nous sommes en train de déployer 3.500 policiers dans les 22 districts de la région. Nous allons maintenir l’ordre dans les écoles où des bureaux de vote sont susceptibles d’ouvrir ", explique cet officier.
Mais cette version officielle se heurte à la réalité. Les responsables de commissions électorales qui tenteront demain de faire leur travail seront bien téméraires, étant données les menaces qu’ils ont reçues. Hier, des urnes ont été apportées dans deux écoles. En moins de 20 minutes, des séparatistes ont débarqué et les ont détruites. Dans un autre quartier, le président d’une commission électorale a été kidnappé et n'a pas donné de nouvelles depuis 48 heures. Le président de la république populaire autoproclamée de Donetsk a lui-même fait savoir fièrement que ses hommes avaient saisis tous les bulletins et tampons officiels et qu’il ne serait donc pas question d’élections sur son territoire.
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Des intimidations qui dissuadent certains volontaires des commissions électorales. Lorsqu’on se rend dans les potentiels bureaux de vote de la ville (écoles, universités, hôpitaux), on ne rencontre que des policiers désoeuvrés. Aucune agitation préélectorale à signaler.
Des habitants partagés sur la tenue du scrutin
Les habitants, eux, tentent de profiter malgré tout de ce week-end estival. Mais chacun a en tête le scrutin et les possibles violences auxquelles il pourrait donner lieu. Certaines personnes ne comptaient pas se rendre aux urnes. Tout comme les séparatistes, elles jugent ce scrutin illégal et ne sont pas choquées qu’on le perturbe. Pour Svetlana, la soixantaine, par exemple, le seul vote valable était le référendum pour l’autonomie il y a 15 jours.
"Cette élection, mes proches et moi, on n’en veut pas chez nous. C’est notre façon de protester contre les violences de l’armée ukrainienne à Odessa, à Marioupol, ou encore hier tout près d’ici. De toute façon, le seul président qui était légitime, c’est Ianoukovitch. Il fallait attendre 2015, comme c’était prévu, pour lui désigner un successeur", s’emporte cette femme qui en veut au pouvoir de Kiev. Ce soir, elle fait partie des 300 personnes qui se sont rassemblées place Lénine à Donetsk pour dire leur opposition à la tenue de ce scrutin.
Dans le centre ville de Donetsk surtout parmi les jeunes, on trouve aussi quantité de personnes qui confient qu’elles aimeraient pouvoir se rendre aux urnes dimanche. C’est le cas de Dimitri sorti promener avec son épouse et leur bébé. Mais il est soucieux. "Je souhaite vraiment aller voter, mais cette ambiance de guerre civile sur les routes, les hommes armés, tout ça me fait peur. Je vais attendre demain matin. Si j’entends que mon bureau ouvre et qu’il n y a pas de violence, je tenterai de m’y rendre. Mais sans ma femme et sans mon fils bien sûr. C’est trop dangereux" , explique le jeune homme.
Dans le reste du pays, on attend une forte participation. Le grand favori s’appelle Petro Porochenko, un milliardaire qui a fait fortune dans le chocolat. Il est crédité de 44 % d’intentions de vote dans la dernière enquête d’opinion. Ioulia Timochenko la pasionaria blonde de la révolution 2004 plafonne elle à 8 % dans les sondages. Si aucun candidat n’est élu ce dimanche, un deuxième tour sera organisé, le 15 juin.
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