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Reportage Présidentielle en Turquie : l'inconnue du vote des électeurs de Sinan Ogan "pas attirés par le programme d'Erdogan" et qui refusent de voter pour Kiliçdaroglu

Après avoir remporté 5% des voix au premier tour, l'ultranationaliste est en position de force. Mais si le report des voix peut être décisif, ses militants rencontrés semblent déjà avoir choisi leur camp.
Article rédigé par franceinfo, Jean-Sébastien Soldaïni
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le candidat ultranationaliste Sinan Ogan visite des commerçants dans un bazar à Ankara, en Turquie, le 4 mai 2023. Photo d'illustration. (AYTAC UNAL / ANADOLU AGENCY / VIA AFP)

La campagne de l'entre-deux tours a débuté en Turquie, et il y a un homme-clé à convaincre. Avant le second tour de la présidentielle, qui sera organisé le dimanche 28 mai, les deux finalistes tentent d'aller chercher les voix du candidat Sinan Ogan. Il a recueilli 5,2% des voix au premier tour, et n'a pas encore annoncé s'il soutiendrait l'un des deux candidats.

>> Présidentielle en Turquie : qui est Sinan Ogan, arrivé troisième de l'élection et homme-clé du second tour ?

Le candidat ultranationaliste, anti-kurde et opposé à l'immigration, est donc en position de "faiseur de roi" : il négocie avec Recep Tayyip Erdogan et avec Kemal Kiliçdaroglu, même si son électorat est très volatil et n'est pas attaché à un parti.

"Sinan Ogan devrait fixer ses conditions"

Sinan Ogan a notamment proposé le renvoi des plus de trois millions de réfugiés syriens qui vivent sur le sol turc. Les drapeaux qui tapissent le mur d’entrée du café de Bilal ne sont pas là au hasard. Il y a l’ancien drapeau de l’empire Ottoman ou celui du Turkistan. Des symboles pour ceux qui, comme lui, rêvent de la grande Turquie et aller récupérer les territoires historiques, tout en rejetant ceux qui, assure-t-il, n’ont rien à faire ici : "C’est à cause des Syriens que nous n’avons pas la tranquillité. À cause d’eux que les jeunes n’arrivent pas à trouver du travail, car les Syriens travaillent à des salaires plus bas, sans la sécurité sociale. C’est à cause d’eux aussi que les loyers augmentent", dénonce-t-il.

Trois millions et demi de réfugiés que chacun des deux candidats veut désormais renvoyer de l’autre côté de la frontière. Une bonne façon de plaire à ceux qui se qualifient de nationalistes turcs. Une volonté de plaire, mais ce n'est pas encore suffisant mais pas encore suffisant pour décider Berkan. Ce jeune architecte n’attend pas de consignes de vote de Sinan Ogan. Il veut que son candidat prenne l’initiative dans cet entre-deux tours. "Au lieu de nous dire qu'il faut voter Erdogan ou Kiliçdaroglu, Sinan Ogan devrait fixer ses conditions pour donner son soutien à un candidat, explique Berkan. La première condition, c’est régler le problème des immigrés. Ça doit avancer sur ce sujet. Il y a aussi le terrorisme et là-dessus on est plutôt d’accord avec ce que fait Erdogan."

"Une fois que Sinan Ogan aura posé ses conditions, on ira vers le candidat qui proposera les meilleures choses sur ces sujets."

Berkan

à franceinfo

Un rejet de Kemal Kiliçdaroglu ?

Dans leur bouche, le terrorisme correspond à un sigle à trois lettres, c'est-à-dire le PKK, le parti des travailleurs kurdes qui est dans le viseur de Recep Tayyip Erdogan. Le président turc en ballotage qui ne trouve pas forcément grâce aux yeux d'Emin : "Il n’y a rien qui m’attire dans le programme du président Erdogan".

"Je n’y retrouve pas mes valeurs politiques et ce qui est dans son programme, ce sont des choses qu’il a déjà faites."

Emin

à franceinfo

Mais si "rien ne [l]’attire", c’est pourtant bien pour Recep Tayyip Erdogan qu’il votera au second tour, par rejet de Kemal Kiliçdaroglu qui a, pour seul tort à ses yeux, de s’être allié à la gauche pour tenter de l’emporter.

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