"Je vais voter pour ceux qui vivent dans la misère" : la communauté turque de France se mobilise pour le second tour de l'élection présidentielle
La sécurité du consulat semble en avoir le tournis. Mardi 23 mai, les ressortissants turcs de France votent pour le deuxième tour de l'élection présidentielle qui opposera, dimanche 28 mai en Turquie, le président sortant Recep Tayyip Erdogan à son concurrent Kemal Kiliçdaroglu. Un flux constant d'électeurs entrent et sortent du bâtiment, en se croisant. La communauté turque compte près de deux millions de personnes en France. Ces électeurs ont parfois des avis divergents.
Sefjane a 28 ans, est née en France. Ce qui compte pour elle, c'est que Recep Tayyip Erdogan continue de peser sur la scène internationale : "C'est l'un des seuls à pouvoir taper un peu du poing sur la table, face aux États-Unis par exemple, explique-t-elle. C'est aussi l'un des seuls à tenir tête de l'autre côté, à Poutine et à d'autres grandes puissances émergentes et déjà installées dans le monde."
Recep Tayyip Erdogan a recueilli 64 % des voix de France au premier tour
Comme 64 % des Turcs de France qui ont voté au premier tour en faveur du président sortant, Sefjane veut de l'équilibre, pour ne pas dire de la stabilité, et elle retrouve ses notions-là avec Recep Tayyip Erdogan. Là où le saut dans l'inconnu avec Kiliçdaroglu n'effraie pas Ruhichen, installée en région parisienne depuis 47 ans. Elle assure que la Turquie d'aujourd'hui la dérange, et que ce n'est pas pour elle-même qu'elle vote mais "Pour les gens qui vivent là-bas, dit-elle. Il faut qu'ils soient comme tout le monde, comme en Europe, dans la démocratie, dans la laïcité bien éduquée. J'aimerais bien voir mes compatriotes comme ça."
"Moi, je suis là, je vis là, j'ai un bon salaire. Je vais voter pour ceux qui vivent dans la misère, confie Zafer, qui se dit rongé par la culpabilité vis-à-vis de ceux qui résident en Turquie. Si je suis là, c'est parce qu'il y a une raison, une bonne raison." Son bulletin de vote, comme tous les suffrages recueillis en France, prendra la direction d'Ankara jeudi 25 mai. Les urnes, mises sous scellés, partiront par avion vers le siège de la commission électorale, où les votes de l'étranger seront comptés avec les autres dimanche 28 mai en fin de soirée. Ce processus ne rassure pas Zafer, qui dit redouter des fraudes.
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