Attentat à Ankara : pourquoi le gouvernement turc est pointé du doigt
Francetv info vous explique pourquoi le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan est mis en cause.
Des milliers de Turcs sont descendus dans les rues de la capitale, dimanche 11 octobre. Pour rendre hommage aux victimes, mais aussi pour dénoncer la responsabilité du gouvernement. Car, près de 24 heures après le massacre, l'attentat qui a frappé une manifestation pacifiste dans le centre d'Ankara n'a toujours pas été revendiqué.
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Parmi les commanditaires possibles, le Premier ministre Ahmet Davutoglu a cité l'Etat islamique (EI), les nationalistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et un groupe révolutionnaire d'extrême gauche, le Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C).
Mais rapidement, le HDP, le parti qui a organisé la manifestation de samedi, a accusé le pouvoir. "Nous sommes confrontés à un Etat meurtrier qui s’est transformé en mafia", a déclaré le chef de file du parti, Selahattin Demirtas. Des accusations reprises dans les cortèges de manifestants, à Istanbul et dans plusieurs villes du sud-est du pays, aux cris d'"Erdogan meurtrier", ou encore "AKP assassin !" (L'AKP est le parti du président Erdogan).
Francetv info vous explique pourquoi le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan est accusé.
Parce que le dispositif de sécurité est mis en cause
Le HDP a notamment dénoncé l'absence de policiers en nombre suffisant sur les lieux de rassemblement, rapporte France Info. Et ceux présents sont accusés d’avoir délibérément entravé le travail des secouristes.
L'explosion s'est produite en plein cœur de la capitale turque, à "un kilomètre du ministère de l'Intérieur, et à trois de la présidence de la République", explique à RTL Samim Akgonul, chercheur au CNRS et enseignant au département d'études turques à l'Université de Strasbourg. Une zone extrêmement contrôlée et surveillée.
"Il serait impossible de faire ceci sans qu'il y ait une implication directe ou indirecte de ce qu'on appelle 'l'État profond' en Turquie, qui justement œuvre contre la paix". Pour lui, "tous les indices montrent qu'il y a une implication de l'État même".
Parce qu'Erdogan est accusé d'attiser volontairement les tensions
Cette attaque intervient à trois semaines d'élections législatives anticipées cruciales pour le président turc. En juin dernier, le HDP avait remporté 13% des voix, contre 41% pour l'AKP, lui faisant perdre la majorité absolue qu'il possédait depuis 2002. Alors qu'il accuse régulièrement ce parti d'opposition de collusion avec les "terroristes" du PKK, l'attentat de Suruç, en juillet dernier, lui avait permis "d'engager un combat contre les terroristes, surtout le PKK", rappelle Didier Billion spécialiste de la Turquie à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), interrogé par le JDD.
Ce dernier imagine donc, dans Le Parisien cette fois, que cet attentat pourrait être l'œuvre d'une cellule clandestine liée aux segments les plus nationalistes de l'appareil d'Etat. Il ne désigne pas directement le président turc, mais il estime "qu'une stratégie de tension est l'œuvre", initiée par Erdogan : "Son objectif est d'instaurer un régime présidentiel plus fort et pour y parvenir, il a besoin de gagner largement les législatives. Cet été, il a enclenché une guerre contre les terroristes, kurdes ou islamistes pour rallier à lui l'électorat le plus nationaliste."
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