Syrie: le pétrole, le régime Assad et les islamistes
Selon le régime Assad, cité par l’AFP, les pertes dans le secteur des hydrocarbures de la Syrie se sont élevées à près de 16 milliards d’euros au cours des trois années de guerre. Un secteur qui était l’une des principales sources de devises du pays avant le début des violences en mars 2011. Depuis, la production de pétrole se serait effondrée de 96 % (tandis que celle de gaz chutait de près de moitié): toujours selon les chiffres fournis par le pouvoir, elle est passée de 385.000 barils par jour à 17.000. Selon Bercy, cette production atteignait 600.000 barils par jour au milieu des années 90.
Cet effondrement est dû à «l’augmentation des agressions terroristes contre les infrastructures pétrolières, (aux) sanctions occidentales et (à) la suspension des compagnies étrangères de la prospection pétrolière», affirme le ministre syrien du Pétrole, Souleimane al-Abbas. De fait, le français Total, implanté en Syrie en consortium avec une entreprise publique, a cessé toute activité en décembre 2011, après l’annonce de sanctions européennes contre le pouvoir d’Assad.
Dans ce contexte, la chute de la production a provoqué des pénuries en carburant et en essence et l'expansion du marché noir. Ce qui a poussé le gouvernement à importer la presque-totalité de ses besoins en pétrole, en particulier d’Iran, principal allié régional du régime de Damas. D’une manière générale, «aujourd’hui, c’est en partie grâce au soutien économique de la Russie et de l’Iran que le pays arrive à réunir ses dernières forces», observe Le Figaro.
Malgré la guerre, le sous-sol syrien n’en continue pas moins à susciter des convoitises. En décembre 2013, le gouvernement de Bachar al-Assad a ainsi signé avec l’entreprise russe Soyuzneftegaz Company un accord de prospection pétrolière et gazière, d’une durée de 25 ans. Des prospections qui seront réalisées dans les eaux territoriales syriennes. Montant des recherches, selon Souleimane al-Abbas : 100 millions de dollars.
Les islamistes exportent le pétrole
De leur côté, les rebelles contrôlent désormais la majorité des puits de pétrole et de gaz, implantés pour la plupart dans le nord et l’est du pays. Depuis plusieurs mois, les djihadistes de l’Etat islamique (EI), un groupe ultra-radical qui s’est emparé de larges pans de territoires en Syrie et en Irak, ont pris le contrôle des principaux champs pétroliers dans la province de Deir Ezzor (est), frontalière de l’Irak. Ils exportent l’or noir par le biais de négociants vers l’Irak et la Turquie, dixit l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une organisation non gouvernementale souvent citée par la presse occidentale.
«Des camions-citernes immatriculés en Irak ont effectué des chargements ces derniers jours dans les champs pétroliers situés dans la province de Deir Ezzor, avant de transporter leur cargaison de pétrole vers des régions de l'ouest de l'Irak», a indiqué l'OSDH le 21 juillet 2014. Selon cette source, «ces camions-citernes appartiennent à des négociants irakiens venus acheter du pétrole sur les champs contrôlés par l'EI», notamment ceux d'al-Omar et d'al-Tanak, les plus grands de Syrie.
«Un nombre considérable de camions-citernes traversent (la frontière) chaque jour», affirme l’ONG. «Le baril de pétrole est vendu aux commerçants irakiens à des prix allant de 20 à 40 dollars». Après s’être emparé des champs de pétrole syriens, l’EI a commencé à vendre du pétrole à des prix bas (allant de 12 à 18 dollars) dans les régions contrôlées par l’organisation djihadiste. Et ce alors que le baril s’échange à plus de 100 dollars sur le marché mondial… Objectif des islamistes radicaux: «s’attirer le soutien de la population locale». «D'autres camions-citernes ont été vu pénétrer dans l'usine de gaz de Koneko à Deir Ezzor pour charger (du gaz liquide) et le transporter vers l'Irak à travers les régions contrôlées par l'EI», croit savoir l’ODSH.
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