Cet article date de plus de sept ans.

Syrie: la lente agonie d'Alep sous les coups des régimes d’Assad et de Poutine

Comme en attestent les opérations sur le terrain, les régimes syrien et russe sont déterminés à cueillir une victoire militaire à Alep à n’importe quel prix. Face à l’intensification des bombardements aériens et la progression au sol des forces syriennes et des milices chiites pro-iraniennes qui les soutiennent, les civils payent le prix fort sous les yeux d’une communauté internationale médusée.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 8 min
Des dizaines de familles syriennes faisaient la queue à Jabal Badro, le 29 novembre 2016, pour accéder aux autobus affrétés par le régime. Ils tentent de fuir les zones d'Alep-Est, sous contrôle rebelle, avant l'assaut des soldats d'Assad et des milices chiites pro-iraniennes. (George OURFALIAN / AFP)

Alors que la France a appelé à une réunion immédiate du Conseil de sécurité sur la situation catastrophique de la deuxième grande ville de Syrie, un nouveau massacre de civils a été perpétré mercredi 30 novembre 2016 contre la population civile à Alep.

Des corps jonchant les rues et des taches de sang maculant le bitume 
Sur un document vidéo posté sur les réseaux sociaux, on peut voir en effet des corps joncher la rue, entre gravats et baluchons personnels, et des taches de sang maculer le bitume. Selon le témoignage d’un casque blanc des forces de la défense civile, 45 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées alors qu’elles essayaient de fuir la partie est de la ville contrôlée par les rebelles pour se réfugier à l’ouest, tenu par les forces loyalistes et les milices pro-iraniennes.

Ecartelée entre la volonté de rester chez elle et la nécessité de se mettre à l’abri face à l’offensive syro-russo-iranienne, la population fuit depuis plusieurs jours les quartiers contrôlés par la rébellion, prenant le risque de se retrouver chez l’ennemi qui les bombarde.
 
En quatre jours, sur les 250.000 habitants toujours assiégés dans cette partie d’Alep, 50.000 ont pu déserter dans la panique, certains en béquilles, d’autres en chaise roulante ou parfois portés à bout de bras par des personnes valides.
 
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, 20.000 d’entre eux ont trouvé refuge à l’ouest, sous contrôle loyaliste, et 30.000 ont rejoint l’enclave dite de Cheikh Maqsoud, aux mains des forces kurdes, qui participent, elles aussi à la reconquête de la ville.
 
Des forces pilotées par les Gardiens de la révolution iraniens
Après avoir repris en quelques jours un tiers des quartiers insurgés, les forces du régime appuyées par les combattants du Hezbollah libanais et les miliciens chiites irakiens, pilotés par les Gardiens de la révolution iraniens, poursuivent leur offensive en direction des quartiers sud de la zone.
 
Depuis le 15 novembre, près de 300 civils ont été tués à Alep-Est par les bombardements aériens et les tirs d’artillerie, tandis que 48 civils l’ont été par les tirs rebelles contre les zones gouvernementales d’Alep-Ouest.

La ville d’Alep est en train d’être rayée de la carte. En plein bombardement, Ismael a envoyé cette vidéo à @HugoClement. #Quotidien pic.twitter.com/pP1kHINq3i  
Face au désastre humanitaire qui règne dans les quartiers rebelles assiégés : habitations et centres de soins dévastés, absences de vivres et de médicaments, le président du conseil local des quartiers d’Alep-Est a, depuis Paris où il se trouve de passage, tiré la sonnette d’alarme.
 
«Je suis venu en France pour transmettre un cri de souffrance des femmes, des enfants et des civils qui sont tués tous les jours et toutes les nuits», a déclaré Brita Hagi Hassan, à l’issue de sa rencontre avec le chef de la diplomatie française, Jean Marc Ayrault.

Un appel à l'ouverture de corridors sécurisés pour évacuer les civils 
«Au nom de l’humanité, laissez les civils sortir de la ville», a-t-il poursuivi. «Nous avons vu des exécutions, des règlements de comptes. Tous les jeunes, et hommes de moins de 40 ans sont arrêtés et exécutés», a-t-il encore précisé, appelant à la mise en place de corridors sûrs d’évacuation de la population.
 
Pour tenter de mettre un terme à ces massacres à huis-clos, la France a appelé à la tenue en urgence d’une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, avec la participation par visio-conférence du médiateur des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura.
 
Pour l’ambassadeur français, François Delattre, «la France et ses partenaires ne peuvent pas demeurer silencieux face à ce qui pourrait être un des plus grands massacres de civils depuis la Seconde guerre mondiale».
 

Son homologue britannique, Matthew Rycroft, a indiqué que l’ONU avait un plan pour faire parvenir des secours aux habitants d’Alep-Est et évacuer les blessés. Toujours selon lui, l’opposition a accepté, et «je demande donc à la Russie de faire en sorte que le régime syrien donne son accord», a-t-il conclu.

Par son veto, Moscou paralyse la diplomatie internationale depuis six ans 
Ignorant tout appel à l’humanité et dédaignant les accusations de crimes de guerre, Moscou continue pour sa part de dénoncer «la cécité» des Occidentaux sur le dossier syrien. Se félicitant, bien au contraire, que les dernières opérations aient permis de «changer radicalement la situation» à Alep, le Kremlin ne semble se faire aucune inquiétude sur la réunion du Conseil de sécurité.
 
Depuis le début du chaos syrien, il a fait usage de son veto, paralysant durant près de six ans toute la diplomatie internationale et empêchant la chute d’une dictature redoutable pour le peuple syrien et toute la région.






















































































































































































































































































































































































































































Alors que la France a appelé à une réunion immédiate du Conseil de sécurité sur la situation catastrophique de la deuxième grande ville de Syrie, un nouveau massacre de civils a été perpétré mercredi 30 novembre 2016 contre la population civile à Alep.

Des corps jonchent la rue et des tâches de sang maculent le bitume 
Sur un document vidéo posté sur les réseaux sociaux, on peut voir en effet des corps joncher la rue, entre gravats et baluchons personnels, et des taches de sang maculer le bitume. Selon le témoignage d’un casque blanc des forces de la défense civile, 45 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées alors qu’elles essayaient de fuir la partie est de la ville, contrôlée par les rebelles, pour se réfugier à l’ouest, tenu par les forces loyalistes et les milices pro-iraniennes.

https://twitter.com/SyriaCharity/status/802463990995619840
 
Ecartelée entre la volonté de rester chez elle et la nécessité de se mettre à l’abri face à l’offensive syro-russo-iranienne, la population fuit depuis plusieurs jours les quartiers tenus par la rébellion, prenant le risque de se retrouver chez l’ennemi qui les bombarde.
 
En quatre jours, sur les 250 000 habitants toujours assiégés dans cette partie d’Alep, 50 000 ont pu déserter dans la panique, certains en béquilles, d’autres en chaise roulante ou parfois portés à bout de bras par des personnes valides.
 
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, 20 000 d’entre eux ont trouvé refuge à l’ouest, sous contrôle loyaliste, et 30 000 ont rejoint l’enclave dite de Cheikh Maqsoud, aux mains des forces kurdes, qui participent, elles aussi à la reconquête de la ville.

Fuir l'offensive des forces pilotées par les Gardiens de la révolution iraniens 
Après avoir repris en quelques jours un tiers des quartiers insurgés, les forces du régime appuyées par les combattants du Hezbollah libanais et les miliciens chiites irakiens, pilotés par les Gardiens de la révolution iranienne, poursuivent leur offensive en direction des quartiers sud de la zone.
 
Depuis le 15 novembre, près de 300 civils ont été tués à Alep-Est par les bombardements aériens et les tirs d’artillerie, tandis que 48 civils l’ont été par les tirs rebelles contre les zones gouvernementales d’Alep-Ouest.
 
Face au désastre humanitaire qui règne dans les quartiers rebelles assiégés : habitations et centres de soins dévastés, absences de vivres et de médicaments, le président du conseil local des quartiers d’Alep-Est a tiré depuis Paris, où il se trouve de passage, la sonnette d’alarme.
 
«Je suis venu en France pour transmettre un cri de souffrance des femmes, des enfants et des civils qui sont tués tous les jours et toutes les nuits», a déclaré Brita Hagi Hassan, à l’issue de sa rencontre avec le chef de la diplomatie française, Jean Marc Ayrault.

Appel à l'ouverture de corridors sécurisés pour évacuer les civils 
 «Au nom de l’humanité, laissez les civils sortir de la ville», a-t-il poursuivi. «Nous avons vu des exécutions, des règlements de comptes. Tous les jeunes et hommes de moins de 40 ans sont arrêtés et exécutés», a-t-il expliqué, appelant à la mise en place de corridors sécurisés pour évacuer la population.
 
Pour tenter de mettre un terme à ces massacres à huis-clos, la France a appelé à la tenue en urgence d’une réunion du Conseil de sécurité, avec la participation par visio-conférence du médiateur des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura.
 
Pour l’ambassadeur français, François Delattre, «la France et ses partenaires ne peuvent pas demeurer silencieux face à ce qui pourrait être un des plus grands massacres de civils depuis la Seconde Guerre mondiale».
 
Son homologue britannique, Matthew Rycroft, a indiqué que l’ONU avait un plan pour faire parvenir des secours aux habitants d’Alep-Est et évacuer les blessés. Toujours selon lui, l’opposition a accepté, et «je demande donc à la Russie de faire en sorte que le régime syrien donne son accord», a-t-il ajouté.

Avec son veto, Moscou paralyse la diplomatie internationale depuis six ans  
Ignorant tout appel à l’humanité et dédaignant les accusations de crimes de guerre, Moscou continue pour sa part de dénoncer «la cécité» des occidentaux sur le dossier syrien. Se félicitant au contraire que les dernières opérations aient permis de «changer radicalement la situation» à Alep, le Kremlin ne semble se faire aucune inquiétude à propos de la réunion du Conseil de sécurité.
 
Depuis le début du chaos syrien, il a fait usage de son veto, paralysant durant six ans toute la diplomatie internationale et empêchant la chute d’une dictature redoutable pour le peuple syrien et toute la région.='mso-spacerun:yes'> 
 
 
 
 
 
 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.