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"Il faut rebâtir notre ville pour que l'on vive comme avant" : Raqqa la Syrienne peine à entamer sa reconstruction, deux ans après sa libération

Avec l’invasion turque au nord et la guerre entre les rebelles et le régime à l’Ouest, très peu d’aide humanitaire parvient jusqu’à Raqqa. Les habitants désespèrent de voir un jour la ville syrienne reconstruite.

Article rédigé par franceinfo - Noé Pignède
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des enfants travesent une rue détruite par les bombardements dans Raqqa, l'ancienne capitale de l'Etat islamique, le 1er mai 2019. (DELIL SOULEIMAN / AFP)

Des montagnes de gravats, des immeubles éventrés, des routes défoncées par les mortiers : voilà ce qu’il reste du quartier de Al-Nahda, dans le centre-ville de Raqqa. Deux ans après la libération de la ville, devenue un champ de ruines, la rue est presque déserte. Il y a deux ans, la coalition internationale libère la ville du joug des jihadistes, après quatre mois d'intenses combats et de bombardements aériens. Mais depuis, la ville peine à entamer sa reconstruction : avec l’invasion turque au nord et la guerre entre les rebelles et le régime à l’Ouest, très peu d’aide humanitaire parvient jusqu’à Raqqa et ses habitants désespèrent de la voir un jour reconstruite. Seuls quelques habitants comme Tarif, vivent encore ici.

Pendant les combats, tout le monde était coincé ici. Le quartier était assiégé et à cause des bombes, nous devions rester au rez-de-chaussée. Nous sommes dans l’une des dernières rues à avoir été libérées.

Tarif

à franceinfo

"L’immeuble, là devant vous, était occupé par Daech, poursuit Tarif. Avant de s’enfuir, ils l’ont brûlé pour faire disparaître tous leurs documents. Les autres bâtiments ont été détruits par les bombardements."

Tarif nous invite dans ce qu’il reste de sa maison. Ce père deux enfants, vient de reconstruire les murs du premier étage, mais il n’a plus d’argent pour continuer les travaux. "Ils nous ont dit, indique-t-il, que les organisations humanitaires allaient nous aider, mais en deux ans, personne n’est jamais venu. Moi, j’ai un diplôme de juriste, mais ça ne sert à rien, il n’y a pas de travail…" "Parfois, je fais le taxi, mais ça me permet juste de manger, et de survivre. Nous n’avons plus rien. Où est la reconstruction ? Où est le travail ? Où est l’espoir ?"

Au milieu des ruines, la vie reprend

À Raqqa, la vie reprend au milieu des ruines. Au détour d’une rue, un vieux parc d’attractions a même rouvert ses portes. Abou Ahmed regarde ses enfants crier de joie dans les montagnes russes. Tous ont grandi dans la guerre. "C’est important que les enfants puissent venir s’amuser ici, oublier les destructions, les combats, les bombardements, souligne Abou Ahmed. J’aimerais pouvoir effacer les images de guerre de leur mémoire. Tout le monde voit seulement Raqqa comme un endroit détruit et dangereux. Mais regardez ces enfants jouer !"

La vie va continuer. Il faut rebâtir notre ville, pour que l’on puisse vivre normalement, comme avant la guerre. Ensuite, si Dieu le veut, les habitants reviendront.

Abou Ahmed

à franceinfo

Selon les autorités locales, il faudrait près d’un milliard de dollars pour reconstruire l’ancienne capitale de l’État islamique. De l’aide qui peine à arriver, tant la situation politique et sécuritaire demeure instable dans la région. Deux ans après la libération de Raqqa, un bâtiment sur deux est toujours à terre.

Ses ruines piégées dans la guerre, Raqqa la Syrienne peine à entamer sa reconstruction - Noé Pignède

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