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Offensive sur Raqqa : la Turquie refuse tout «changement démographique»

Ankara, non conviée par les Etats-Unis à participer à l’offensive pour la libération de Raqqa, bastion syrien de l’organisation djihadiste Etat islamique, met en garde contre «tout changement démographique». La Turquie assimile les Kurdes du YPG à des «terroristes».
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Combattant kurde du YPG  (DELIL SOULEIMAN / AFP)

Le message d’Ankara est clair: les Kurdes ne doivent pas s’installer à Raqqa après la libération de cette ville des mains de l’organisation Etat islamique pour ne pas être plus nombreux que les Arabes sunnites. Evincée à Mossoul, la Turquie se retrouve aussi marginalisée à Raqqa. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants  kurdes, arabes et turkmènes soutenue par les Etats-Unis, mènent l'offensive pour reprendre Raqqa aux djihadistes. Les FDS ont affirmé que Washington était d'accord pour que la Turquie ne joue aucun rôle dans l'opération. Tout comme à Mossoul.
 
Ankara refuse une continuité territoriale aux Kurdes, tout sauf un Kurdistan viable à ses frontières. La Turquie s'inquiète de la montée en puissance des FDS, dominées par les  milices kurdes YPG qu'elle considère comme des «terroristes» proches du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), organisation séparatiste kurde de Turquie en guerre contre Ankara depuis 1984.
 

Les Etats-Unis ont décidé de passer outre les réclamations de la Turquie qui s'est à plusieurs reprises dite opposée à une participation des YPG à l'offensive de Raqqa. Pour le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus, Raqqa – comme Alep et Mossoul – «appartient aux gens» qui y vivaient avant le début du conflit, une allusion aux Arabes sunnites majoritaires dans les trois villes.
 
«Colère de l'Euphrate»
Raqqa est la première grande localité dont s'était emparé le groupe Etat islamique qui a voulu en faire la «ville modèle» du califat autoproclamé sur les territoires conquis en Syrie et en Irak. Cette ville, située sur les bords du fleuve Euphrate, non loin de la  frontière turque, et qui comptait 240.000 habitants avant le début en 2011 du conflit en Syrie, est devenue en 2013 la première capitale provinciale à tomber aux mains de groupes armés opposés au régime du président syrien Bachar al-Assad.

Début 2014, l'organisation qui allait devenir l'EI quelques mois plus tard chassait par les armes les autres groupes présents dans la ville.

 
L’opération en cours à Raqqa est plus modeste que l’offensive de Mossoul. 30.000 hommes sont mobilisés, dont des forces kurdes et des combattants arabes, avec beaucoup moins de moyens qu’en Irak. Distantes de près de 400 kilomètres, Mossoul et Raqqa sont les deux dernières grandes villes contrôlées par Daech, qui a perdu une grande partie des territoires conquis en 2014 en Syrie et en Irak.

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