L’Iran sème le trouble avec un nouveau «vrai-faux» tir de missile balistique
Selon l’agence de presse Tasnim, affiliée au corps des Gardiens de la révolution, le chef-adjoint de l’état-major des forces armées, Ali Abdollahi, a révélé lundi 9 mai 2016 que l’Iran avait testé fin avril un nouveau missile balistique.
Le démenti flou du ministre de la Défense
«Un missile d’une portée de 2.000 km avec une erreur de frappe de huit mètres», a déclaré le général Abdollahi, ajoutant qu’une telle marge était insignifiante pour une telle portée.
«Nous pouvons guider ce missile balistique, il sort de l’atmosphère et y rentre ensuite pour frapper la cible sans erreur», a-t-il encore précisé.
Quelques heures plus tard, le ministre de la Défense Hossein Dehqan, cité par l’agence officielle IRNA, démentait l’information. «Nous n’avons pas eu de test de missile avec une telle portée, comme l’ont indiqué les médias».
Atténuant le démenti, le ministre a toutefois indiqué que l’Iran n’a jamais cessé de développer ses capacités défensives, dont son programme balistique.
En la matière, Téhéran s’était attiré, fin mars, une volée de critiques des Etats-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne, après plusieurs tirs de missiles guidés de courte, moyenne et longue portée à partir de bases souterraines.
Estimant que ces tirs contrevenaient aux résolutions de l’ONU, les quatre puissances occidentales avaient invité le Conseil de sécurité à se saisir de ces violations.
Les missiles «indispensables» pour accompagner le dialogue, selon le Guide suprême
Des violations qui n’en sont pas pour le guide suprême de la République islamique. Selon Ali Khamenei, les tirs de missiles de l’Iran sont indispensables pour accompagner la diplomatie et le dialogue.
Prétextant de répondre à l’ancien président modéré, Akbar Hashemi Rafsandjani, qui avait écrit «le monde de demain est celui du dialogue, pas celui des missiles», le Guide avait rappelé sur son site internet :«Ceux qui affirment que l'avenir est dans les négociations et non dans les missiles sont soit des ignorants, soit des traîtres...Nos ennemis renforcent constamment leurs capacités militaires et de missiles, comment peut-on dire que le temps des missiles est dépassé».
Aussitôt relayées par une presse israélienne inquiète, les dernières révélations sur les performances techniques du nouveau missile ont été commentées par le mouvement d’opposition du Conseil national de la résistance iranienne.
Selon Shahin Gobadi, membre de la commission des Affaires étrangères du CNRI, le régime «a recours à ce genre de démonstration de force pour couvrir sa situation précaire et remonter le moral de ses troupes».
«Sur le plan intérieur, les querelle entre factions se sont exacerbées à des niveaux sans précédents», explique Shahin Gobadi, «et sur le plan régional, le régime a subi de grave défaites en Syrie ces derniers jours et il est plus isolé que jamais».
Téhéran veut rappeler à Washington et Moscou son rôle incontournable
En effet, treize «conseillers militaires» iraniens ont été tués et une vingtaine d’autres blessés ces derniers jours dans des combats dans la région d’Alep. Ces pertes, confirmées par les Gardiens de la révolution et les médias officiels iraniens, sont les plus importantes annoncées par Téhéran depuis son engagement aux côtés des troupes de Bachar al-Assad.
De plus, en dépit de sa présence militaire en force en Syrie, la République islamique semble perdre du terrain sur le plan diplomatique. Washington et Moscou ont réussi à accorder leurs violons pour obtenir une prolongation de la trêve dans la grande ville du nord syrien.
Tenu à l’écart d’une cessation des hostilités laborieusement négociée par tranches de 48 heures, Téhéran entend sans doute rappeler son rôle régional incontournable aux puissances qui seraient tentées de l’oublier.
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