Cet article date de plus d'onze ans.

Le gaz sarin s'invite dans le conflit syrien

Le gaz sarin est considéré depuis 1991 comme une arme de destruction massive. Sa détention et sa conservation ont été interdites en 1993. Il a été utilisé comme arme chimique lors du conflit Iran-Irak dans les années 1980, puis dans l'attentat du métro de Tokyo en 1995. Aujourd'hui, le régime syrien est accusé par la France d'avoir eu recours à ce gaz neurotoxique.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des marins recherchent du gaz sarin dans des bouteilles plastiques, le 28 novembre 2003, lors d'un exercice inédit de lutte internationale antiterroriste. (MARINE NATIONALE / AFP )

Après avoir fait analyser des échantillons fournis par des reporters du journal Le Monde, Paris accuse le régime syrien d'avoir eu recours à des gaz toxiques contenant du sarin. «La France a désormais la certitude que le gaz sarin a été utilisé en Syrie à plusieurs reprises et de façon localisée», a affirmé, le 4 juin 2013, Laurent Fabius au 20h de France 2. 

L'utilisation d'armes chimiques en Syrie est régulièrement évoquée depuis plusieurs mois et considérée comme une «ligne rouge» par les Etats-Unis. 


Le Sarin est mortel, inodore, incolore et volatile. Inhalé ou au contact de la peau, ce gaz organophosphoré bloque la transmission de l'influx nerveux et entraîne la mort par arrêt cardio-respiratoire. Les victimes se plaignent d'abord de maux de tête violents et présentent des pupilles dilatées. Surviennent ensuite convulsions, arrêts respiratoires et coma avant la mort. La dose létale est d'un demi-milligramme pour un adulte.

Le puissant gaz neurotoxique tient son nom, «sarin», de ses inventeurs : Schrader, Ambros, Rüdiger et Van der Linde. Ces quatres chimistes allemands l'ont découvert par hasard, en 1938, en travaillant à l’élaboration de nouveaux pesticides pour IG Farben, une entreprise connue pour avoir travaillé en étroite collaboration avec les nazis.

Première guerre du Golfe
Produit en grosses quantités par l’Union soviétique et les Etats-Unis après la Seconde guerre mondiale, le sarin est utilisé comme arme chimique : lors du conflit Iran-Irak, entre septembre 1980  et août 1988 (première guerre du Golfe) puis par la secte Aum Vérité Suprême dans un attentat perpétré, le 20 mars 1995, dans le métro de Tokyo. Le bilan s'élève alors à 12 morts et plusieurs milliers de blessés.


Le régime syrien, qui a reconnu pour la première fois, le 23 juillet 2012, posséder des armes chimiques, disposerait de «centaines de tonnes» d'agents chimiques divers, selon le Centre d'études sur la non-prolifération à l'Institut Monterey, aux Etats-Unis.

Washington avait évoqué avec prudence, le 24 avrll 2013, des indices sur l'utilisation par le régime de Bachar al-Assad d'armes chimiques contre les rebelles. Le 6 mai 2013, Carla del Ponte, membre de la commission d'enquête de l'Onu sur la violation des droits de l'Homme en Syrie, avait accusé les rebelles syriens d'utiliser du gaz sarin.

En Syrie, le gouvernement et l'opposition armée s'accusent mutuellement d'avoir employé des armes chimiques dans le conflit qui a fait, depuis mars 2011, plus de 94.000 morts, selon les chiffres de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Du gaz VX stocké en Syrie
Damas stockerait également du gaz VX. Développé dans un centre de recherche britannique en 1952, il est dix fois plus puissant que le sarin pouvant provoquer la mort en quelques minutes.

La Syrie est l'un des rares pays à ne pas avoir signé, en 1993, la Convention sur l'interdiction des armes chimiques. Elle n'est donc pas membre de l'Organisation chargée de contrôler son application, l'OIAC. Comme elle, six autres Etats n'ont pas signé cette convention : le Soudan du Sud, l'Angola, la Syrie, l'Egypte, la Corée du Nord et la Somalie. Israël et la Birmanie l'on signée mais ne l'ont pas ratifiée.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.