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Irak: le chef chiite Moqtada al-Sadr rompt avec Assad et se démarque de l’Iran
Bachar al-Assad doit quitter le pouvoir sinon il risque de connaître le même sort que Kadhafi. Tel est le message diffusé par le puissant chef chiite irakien Moqtada al-Sadr après le bombardement chimique de Khan Cheikhoun. C’est la première fois qu’un responsable de cette communauté s’oppose aussi ouvertement à l’alliance stratégique entre le pouvoir alaouite et la République islamique d’Iran.
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Le bombardement chimique de Khan Cheikhoun en Syrie n’a pas fait sortir que le président américain, Donald Trump, de ses gonds. L’influent ou le puissant chef chiite, comme on le qualifie généralement, Moqtada al Sadr, est lui aussi sorti de sa réserve.
Assad doit partir pour ne pas finir comme Kadhafi
«Il serait juste que le président Bachar al-Assad démissionne (…) et évite au cher peuple de Syrie le fléau de la guerre et l’oppression des terroristes», a-t-il déclaré, dans un communiqué rendu public le samedi 8 avril 2017.
Trois jours plus tard, depuis la ville sainte de Najaf où il est basé, à 200 km au sud de Bagdad, il persiste et signe. «J’ai exhorté Assad à partir pour préserver l’axe de la résistance et afin de lui éviter le sort de Kadhafi», a-t-il prédit dans un nouveau communiqué, en référence au lynchage du dirigeant libyen par la rébellion en octobre 2011.
Même s’il prend ses précautions en défendant «l’axe de la résistance» contre Israël, qui comprend l’Iran, la Syrie et le Hezbollah libanais, Moqtada al-Sadr est le premier haut responsable chiite à contester ainsi la légitimité du président syrien.
Une surprenante offensive frontale contre un des piliers de la stratégie iranienne d’exportation de la révolution islamique. Bien que formé en Iran, Moqtada al-Sadr, dont les miliciens ont combattu les forces américaines en Irak, joue en effet de plus en plus la carte nationaliste.
Moqtada al-Sadr mobilise contre l'influence de l'Iran
Il en a même profité pour condamner les représailles américaines contre Bachar al-Assad et exhorter les Etats-Unis et la Russie à se retirer du théâtre syrien.
Engagé à la tête d’un vaste mouvement populaire contre la corruption et en faveur de réformes dans le pays, il organise régulièrement des manifestations dans la «zone verte» ultra-sécurisée de Bagdad, siège du pouvoir et du parlement irakien dominés par Téhéran.
Moqtada al-Sadr mobilise également ses partisans contre les milices chiites du Hachd al-Chaabi (les Forces populaires de mobilisation), alliées de l’Iran. Il s’en démarque tant en raison de leur engagement auprès d’Assad en Syrie que pour leurs exactions contre les populations sunnites en Irak, sous couvert de lutte contre les djihadistes de l’Etat islamique.
Selon le site libanais AlKalima Online, de jeunes Irakiens ont même repris à l’université Al-Diwaniya dans le sud du pays le slogan «Iran dehors! dehors!» contre Kaïs al-Khazaali, le chef de Aasaeb ahl al-Hak (la ligue des vertueux), venu mobiliser en faveur des milices pro-iraniennes. Un slogan que les partisans de Moqtada scandaient lors des occupations de la «zone verte».
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