Combattants irakiens et iraniens dans le brasier syrien
Les autorités irakiennes signalent depuis le début 2012 des trafics d’armes, dissimulées dans des chargements civils, et des infiltrations de combattants sunnites d'Irak en Syrie.
Les combattants, qui ont souvent des liens familiaux de l’autre côté de la frontière, sont essentiellement issus de tribus sunnites des provinces irakiennes d'Anbar et de Ninive, limitrophes de la Syrie. Ces Irakiens viennent grossir les rangs du soulèvement contre Bachar al Assad.
La frontière entre la Syrie et l’Irak a déjà connu un trafic florissant à l’époque où des volontaires syriens ont fait le chemin inverse pour se battre contre les forces américaines venues renverser Saddam Hussein. A l’époque, la Syrie a approvisionné en armes les opposants au régime en place.
Le réveil des sunnites irakiens à la frontière
(Infolivetv, le 15-02-2012)
Le pouvoir irakien craint la contagion
L'Irak connaît un équilibre instable entre les Kurdes, la minorité sunnite au pouvoir sous Saddam et la majorité chiite qui gouverne. Les chiites irakiens entretiennent aujourd'hui des liens étroits avec les chiites d'Iran, unique allié majeur du régime de Bachar al Assad dans le monde arabo-musulman.
L’insurrection syrienne contre le clan alaouite (branche dissidente du chiisme) inquiète Bagdad qui redoute l'arrivée au pouvoir à Damas de sunnites partisans d'une ligne dure de tendance salafiste. L'appel d'al Qaïda à combattre le régime syrien pourrait encourager certains groupes islamistes sunnites à venir gonfler les rangs de la rébellion syrienne.
Même son de cloche à Téhéran où le régime des mollahs s'inquiète d'une possible chute de Bachar al Assad. Elle aurait pour effet d'entraîner une interruption des livraisons d'armes iraniennes à son allié libanais du Hezbollah, engagé dans la lutte contre Israël. Le mouvement chiite pro-iranien, inquiet à l'idée de perdre son allié syrien, a rapatrié dès le début du conflit dans la vallée libanaise de la Bekaa ses armes cachées dans des dépôts en Syrie.
Quand on reparle des Pasdaran...
Selon de nombreuses sources, le régime iranien aurait envoyé en Syrie des combattants en soutien à Bachar al Assad.
Les rebelles de l'Armée syrienne libre ont capturé en décembre 2011 sept Iraniens à Homs, haut lieu de la révolte. Pour eux, ce ne sont pas des ingénieurs comme l'indique Téhéran mais des Gardiens de la Révolution appelés aussi Pasdaran, armée idéologique née après la révolution islamique de 1979.
Les Pasdaran, qui représentent 2% de la population iranienne, possèdent un pouvoir économique, financier, étatique et répressif énorme. Ils ont en charge le programme balistique iranien qui dispose de missiles capables d’atteindre Israël. Leur bras armé, la Force al-Qods, entraîne des groupes intégristes à travers le monde.
Les Occidentaux convaincus
Les Européens accusent trois de leurs généraux d'être «impliqués dans la fourniture de matériel et d'assistance pour aider le régime syrien à réprimer les manifestations».
Sur la base d'écoutes téléphoniques, les Américains affirment qu'ils ont livré de l'équipement antiémeute au régime syrien. Et que l'Iran aiderait également les services de renseignements syriens à surveiller leurs opposants sur Internet.
Le flux de l'aide militaire iranienne à Assad intervient alors que les Etats arabes envisagent d'armer les opposants au régime. Ce qui augmente le risque d'un conflit plus large pouvant se propager aux pays voisins.
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