Cet article date de plus de dix ans.

Syrie : Obama face à un Congrès divisé

En demandant au Congrès de se prononcer ces jours-ci sur la question d'une intervention en Syrie, le président américain s'est tourné vers un Sénat et une chambre des Représentants divisés. A la différence des anciennes campagnes militaires américaines, le cas de Damas ne suscite pas de rassemblement patriotique. L'issue du vote est incertain.
Article rédigé par Pierrick de Morel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Jonathan Alcorn Reuters)

La Syrie sera-t-elle un jour frappée pour avoir franchi la "ligne rouge " dont parlait le président américain ? Depuis que Damas est accusé d'avoir utilisé des armes chimiques contre les rebelles le 21 août, Barack Obama ne cesse de clamer sa volonté de punir le régime de Bachar al-Assad par les armes.

Déterminé à se passer de l'aval de l'ONU, le chef d'Etat américain n'a cependant pas voulu intervenir sans se tourner vers son Congrès. A partir de lundi et au cours de débats qui devraient durer plusieurs jours, le Congrès va devoir répondre à deux questions : faut-il intervenir en Syrie, et faut-il soutenir Barack Obama dans ce projet ? Pour le président américain, les réponses à ces deux interrogations sont incertaines.

Un problème complexe pour le Congrès

Des actions militaires ciblées et rapides comme celles que veut mener Obama en Syrie, les Etats-Unis en ont connues plusieurs dans leur histoire. Sur son site Internet, le New York Times rappelle que des actions de ce genre ont déjà été menées par Ronald Reagan à la Grenade (1983), par Bill Clinton au Kosovo (1997) ou encore... par Barack Obama en Libye (2011).

De même, intervenir sans l'accord de l'ONU n'est pas non plus une nouveauté, les Américains s'étant déjà passé de l'avis des Nations unies par le passé, en Irak notamment (2003).

Ce qui est inédit en revanche, c'est le contexte de ces frappes aériennes : le président américain veut convaincre le Congrès de frapper un pays souverain dans le but de punir un crime de guerre présumé, et sans volonté de faire tomber le régime. 

Pas de "rassemblement patriotique "

Selon Frédéric Carbonne, correspondant permanent de Radio France à Washington, les anti-guerre sont nombreux aux Etats-Unis, et Barack Obama trouvera sur son chemin des opposants aussi bien du côté républicain que parmi les membres de "son " clan démocrate.

Autre constat : le cas syrien ne suscite pas comme par le passé d'union nationale. "C'est incroyable ce qui est en train de se passer , explique David Harrisson, qui travaille à la revue Congresionnal Quarterly, revue spécialisée sur le Congrès. D'habitude, quand les Etats-Unis votent sur une intervention militaire, les débats politiques entre démocrates et républicains sont mis de côté et il y a un sort de rassemblement patriotique. "

Un rassemblement patriotique qui ne devrait pas se produire cette fois tant les divisions entre les deux partis sont réelles, rendant l'issue du vote du Congrès imprévisible. Pas sûr que les coups de fil que donnent Barack Obama depuis de nombreux jours influencent réellement la décision finale du Sénat et de la Chambre des Représentants.

D'après les derniers sondages, près de 60 % des Américains sont contre toute action militaire en Syrie. Le Sénat pourrait voter mercredi, tandis que la chambre des Représentants ne s'exprimera pas avant la semaine prochaine.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.