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Reportage Séisme en Turquie : "Tout à l’heure, nous avons enterré 15 familles entières", se désole un responsable religieux au cimetière d'Iskenderun

Article rédigé par franceinfo - Marie-Pierre Vérot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Au cimetière d'Iskenderun, quatre jours après le séisme qui a frappé le sud-est de la Turquie, des hommes sont réunis après la prière. (Marie-Pierre Vérot / Radio France)

Les corps ne cessent d'arriver au cimetière d'Iskenderun dans la province du Hatay en Turquie, particulièrement touchée par le séisme de lundi 6 février.

Une triste mélopée monte du cimetière. Effondrée sur une chaise en plastique, une vieille dame se balance, le regard perdu. Non loin de là, posés à même le bitume, deux corps recouverts d’une simple couverture, et un ballet incessants de véhicules, le coffre empli de corps enveloppés de housses mortuaires. 

Le décompte, toujours provisoire, est infernal : des dizaines de milliers de morts, de blessés et de sans-abris. Si les recherches se poursuivent pour tenter de retrouver des rescapés dans un froid glacial après le violent séisme qui a frappé lundi la Turquie et la Syrie, la question de ceux qui restent est au coeur des préoccupations. franceinfo s'est rendu dans l'un des cimetières d'Iskenderun, dans la province du Hatay, particulièrement meurtrie dans le séisme.

>> Séisme en Turquie et en Syrie : à Osmaniye, ville relativement épargnée, les hôpitaux face à l'afflux de blessés


Des centaines d'enterrement célébrés par jour

Le hodja, titre donné aux enseignants coraniques, Mohamed Yusuf les accueille et mène la prière dehors, sur un parking improvisé. Il a été envoyé d’une autre province pour aider ici. "En général, ce sont les proches qui apportent leurs morts, que ce soit en voiture ou dans leurs bras, explique-t-il. Normalement, il faudrait un véhicule de type mini-van, comme un corbillard, mais là, même cette voiture simple, que vous voyez derrière vous, en transporte. Ils arrivent à l’arrière de camions, de poids-lourds... Les gens utilisent tout ce qu’ils peuvent." 

Dans les rues d'Iskenderun, quatre jours après le séisme qui a frappé le sud-est de la Turquie, des corps attendent d'être inhumés. (Marie-Pierre Vérot / Radio France)

Faute d’eau, les ablutions se font à la terre avant que les corps ne soient ensevelis. Le hodja s’incline, la voiture repart et une autre arrive immédiatement. C’est un spectacle d’une infinie tristesse. Mohamed Yusuf n’a même pas le temps de consoler les familles. Sa journée a commencé à 5 heures du matin et il sait qu’elle durera jusqu’au cœur de la nuit. Aujourd’hui, il a accueilli 300 ou 400 morts, il ne sait plus. 

Et nous, en tant qu’officiers religieux, je vous assure que nous ne savons pas pour combien de morts nous avons prié. Notre douleur ne cesse de croître. Les enfants, avec leurs familles…

Mohamed Yusuf, hodja

à franceinfo

Et de glisser : "Juste tout à l’heure, nous avons enterré 15 familles entières avec les grands-parents, les enfants... Quelle douleur ! La mère hurlait. D’un autre côté, un autre proche aussi. Les cris montaient au ciel."Nous essayons de faire de tout notre possible, ajoute-t-il. Cette douleur est la nôtre, la douleur de notre pays." Depuis le cimetière, sur les hauts d’Iskenderun, on découvre la ville en partie détruite, et au-dessus, les monts Nur, "la lumière", à la cime enneigée. 

Le reportage de Marie-Pierre Vérot à Iskenderun
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