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Vol MH17: selon Alban Mikoczy, «la théorie du complot» a du succès en Russie
Le crash du Boeing de la Malaysia Airlines, abattu le 17 juillet 2014 au-dessus du territoire ukrainien par un missile tiré depuis une zone contrôlée par des rebelles pro-russes, place le Kremlin dans une position délicate. Comment réagit-on en Russie à ce drame ? Les réponses du correspondant de France 2 à Moscou, Alban Mikoczy.
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Comment réagissent les autorités et l'opinion russes à cette affaire et à ses développements ?
Les Russes reconnaissent que ce crash est une tragédie, d'autant que 80 enfants ont péri dans la catastrophe. Mais très rares sont ceux qui pensent que le coup mortel peut venir des séparatistes.
La télévision russe accrédite, depuis jeudi 17 juillet au soir, l'idée que les Ukrainiens cachent la vérité et que les Occidentaux en profitent pour nuire à la Russie.
Cette théorie du complot a beaucoup de succès en Russie. Bercée de nationalisme, l'opinion est acquise à l'idée d'une vérité cachée par les Américains. Cette position a été réaffirmée officiellement par la conférence du ministère de la Défense russe, lundi 21 juillet.
Il y a été question d'un mystérieux satellite américain, de chasseurs ukrainiens et de la complicité d'un aiguilleur du ciel espagnol qui a fait faire à l'avion un virage sur l'aile inattendu. Autant d'informations qui, mises bout à bout, accréditent la thèse d'un complot. Beaucoup de citoyens russes croient en cette parole.
Et puis la propagande de la télévision est ici à peine croyable. Tour à tour, les chaînes officielles ont expliqué que c'était en fait l'avion du président Poutine, de retour du Brésil, qui était visé, que certains passagers étaient complices d'une opération visant à répandre des fioles du virus HIV sur l'est de l'Ukraine, ou que l'avion malaisien transportait en fait des armes. Autant de mensonges répétés régulièrement et qui finissent par rendre douteuse l'arrivée de toute vérité dans ce drame. Faire des victimes des coupables potentiels est une théorie bien connue de communication de crise.
L'affaire risque-t-elle de nuire à l'image de la Russie ?
La doctrine du Soft Power, incarnée par Dimitri Medvedev entre 2008 et 2012, a vécu. Aujourd'hui, la Russie préfère être crainte – et donc respectée – qu'aimée par les Occidentaux.
En fait, c'est une histoire d'amour déçu. Les autorités russes reprochent à l'Europe, et notamment à la France, de s'être alignée sur les Etats-Unis. C'est le retour de la théorie politique des blocs et la Russie, qui se sent rejetée, se tourne désormais vers l'Asie, la Chine en particulier...
Quelle est aujourd'hui l'image de la Russie dans le monde ?
Aux yeux d'un certain nombre de pays non-européens, elle propose un contre-exemple parfois séduisant, à la toute puissance occidentale. Les autres membres des BRIC (Brésil, Inde, Chine) essayent de bâtir des structures alternatives de pouvoir.
Dans le drame de l'avion MH17, la Russie cherche à ne pas froisser outre mesure les pays dont les ressortissants étaient nombreux dans l'avion. Les Pays-Bas, la Malaisie notamment sont écoutés avec attention et respect. En ce qui concerne l'Australie, c'est plus compliqué : les relations entre Canberra et Moscou sont notoirement mauvaises.
Les Russes vont tout faire pour que l'enquête internationale ne produise aucun scénario absolument définitif sur les causes du crash. Ainsi, il restera toujours une zone de mystère et la responsabilité des séparatistes ne sera jamais reconnue officiellement.
Les Russes reconnaissent que ce crash est une tragédie, d'autant que 80 enfants ont péri dans la catastrophe. Mais très rares sont ceux qui pensent que le coup mortel peut venir des séparatistes.
La télévision russe accrédite, depuis jeudi 17 juillet au soir, l'idée que les Ukrainiens cachent la vérité et que les Occidentaux en profitent pour nuire à la Russie.
Cette théorie du complot a beaucoup de succès en Russie. Bercée de nationalisme, l'opinion est acquise à l'idée d'une vérité cachée par les Américains. Cette position a été réaffirmée officiellement par la conférence du ministère de la Défense russe, lundi 21 juillet.
Il y a été question d'un mystérieux satellite américain, de chasseurs ukrainiens et de la complicité d'un aiguilleur du ciel espagnol qui a fait faire à l'avion un virage sur l'aile inattendu. Autant d'informations qui, mises bout à bout, accréditent la thèse d'un complot. Beaucoup de citoyens russes croient en cette parole.
Et puis la propagande de la télévision est ici à peine croyable. Tour à tour, les chaînes officielles ont expliqué que c'était en fait l'avion du président Poutine, de retour du Brésil, qui était visé, que certains passagers étaient complices d'une opération visant à répandre des fioles du virus HIV sur l'est de l'Ukraine, ou que l'avion malaisien transportait en fait des armes. Autant de mensonges répétés régulièrement et qui finissent par rendre douteuse l'arrivée de toute vérité dans ce drame. Faire des victimes des coupables potentiels est une théorie bien connue de communication de crise.
L'affaire risque-t-elle de nuire à l'image de la Russie ?
La doctrine du Soft Power, incarnée par Dimitri Medvedev entre 2008 et 2012, a vécu. Aujourd'hui, la Russie préfère être crainte – et donc respectée – qu'aimée par les Occidentaux.
En fait, c'est une histoire d'amour déçu. Les autorités russes reprochent à l'Europe, et notamment à la France, de s'être alignée sur les Etats-Unis. C'est le retour de la théorie politique des blocs et la Russie, qui se sent rejetée, se tourne désormais vers l'Asie, la Chine en particulier...
Quelle est aujourd'hui l'image de la Russie dans le monde ?
Aux yeux d'un certain nombre de pays non-européens, elle propose un contre-exemple parfois séduisant, à la toute puissance occidentale. Les autres membres des BRIC (Brésil, Inde, Chine) essayent de bâtir des structures alternatives de pouvoir.
Dans le drame de l'avion MH17, la Russie cherche à ne pas froisser outre mesure les pays dont les ressortissants étaient nombreux dans l'avion. Les Pays-Bas, la Malaisie notamment sont écoutés avec attention et respect. En ce qui concerne l'Australie, c'est plus compliqué : les relations entre Canberra et Moscou sont notoirement mauvaises.
Les Russes vont tout faire pour que l'enquête internationale ne produise aucun scénario absolument définitif sur les causes du crash. Ainsi, il restera toujours une zone de mystère et la responsabilité des séparatistes ne sera jamais reconnue officiellement.
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