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Russie: espoir de libération pour les membres des Pussy Riot et de Greenpeace

La Russie a adopté le 18 décembre 2013 une loi d'amnistie qui pourrait bénéficier aux deux Pussy Riot, Nadejda Tolokonnikova et Irina Khrounova, trois mois avant leur libération prévue en mars 2014. L'amnistie devrait aussi s'appliquer aux trente militants de Greenpeace, dont 26 étrangers, arrêtés dans l'Arctique pour «hooliganisme».
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Marche de l'opposition en soutien aux deux membres des Pussy Riot emprisonnées, le 12 juin 2013, à Moscou. (Iliya Pitalev / RIA NOVOSTI)

Soumise par Vladimir Poutine pour le 20e anniversaire de la Constitution russe, la loi d'amnistie a été définitivement adoptée à la Douma par 446 députés sur 450. Le texte présenté par le Kremlin, le 9 décembre, prévoit d’amnistier les personnes condamnées à des peines inférieures à cinq ans de détention, notamment pour «hooliganisme», soit la charge retenue contre deux Pussy Riot, Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova, âgées respectivement de 24 et 25 ans.

Libres le 1er janvier 2013 ?
Toutes deux purgent une peine de deux ans de détention pour avoir chanté en février 2012 une «prière punk» contre Vladimir Poutine dans la cathédrale de Moscou. Libérables en mars 2014, elles pourraient ainsi recouvrer la liberté le 1er janvier 2014. Le fait que les deux militantes anti-Poutine soient toutes deux mères d'enfants mineurs leur offre une chance supplémentaire de bénéficier d'une amnistie. En revanche, elles en seraient exclues si un tribunal jugeait qu'elles ont enfreint la réglementation dans le camp où elles purgent leur peine.

La militante des Pussy Riot, Nadejda Tolokonnikova, le 25 septembre 2013, en cellule de confinement d'une colonie prénitentiaire, dans le village de Partza.  (Ilya Shablinsky / RIA NOVOSTI)

La Cour suprême de Russie avait ordonné le 10 décembre 2013 le réexamen de la condamnation des deux jeunes femmes, faute de preuves sur leur motivation par la «haine contre un groupe social». Irina Khrounova, l’avocate de Nadejda Tolokonnikova, a dit «espérer vivement» une libération de sa cliente dans le cadre d'une amnistie, craignant toutefois que les autorités pénitentiaires ne la fassent «traîner».

Greenpeace optimiste
La loi d'amnistie pourra-t-elle s'appliquer aux militants de Greenpeace arrêtés, en septembre 2013, lors d'une opération contre les forages pétroliers en Arctique? Compte tenu des modifications de dernière minute proposées par le président Poutine au projet de loi, il est «pratiquement certain» que les poursuites judiciaires contre ces trente membres de l’équipage de l’Artic Sunrise vont s'éteindre et que les vingt-six non-Russes du groupe pourront rentrer dans leur pays, a affirmé l'ONG.

Appréhendés le 18 septembre 2013 à bord du brise-glace, les 30 militants, hommes et femmes, avaient été emprisonnés dans des conditions difficiles pendant deux mois. Libérés sous caution, ils n'ont pas pu quitter la Russie et encourent jusqu'à sept ans de prison en cas de condamnation pour «hooliganisme».

L'«Arctic Sunrise», le 17 Septembre 2013, en mer au large Russie. (DENIS SINYAKOV / GREENPEACE / AFP)

Grâce aux amendements apportés par les députés, les personnes qui font l'objet d'une enquête pourront être amnistiées contrairement au texte initial.

La loi d'amnistie concerne environ 25.000 condamnés sur les près de 700.000 que compte le pays, ont assuré des responsables parlementaires, cités pas les médias. Ce qui représente 3% de la population carcérale en Russie. Mais le chef de la commission parlementaire à la justice, Pavel Krachenennikov, a chiffré à 10.000 le nombre de prisonniers qui pourraient être libérés, d’après l’agence Interfax.

Cette mesure ne permettra pas de «rétablir la confiance dans les autorités au sein de la frange de la société qui est la plus critique à leur égard», a estimé Andreï Babouchkine, conseiller au Kremlin en matière de droits de l’Homme.

Une occasion ratée d'apaiser les tensions 
Le Premier ministre russe, Dimitri Medvedev, avait laissé entendre début décembre que l'amnistie ne bénéficierait pas à l'ancien homme d'affaires Mikhaïl Khodorkovski, emprisonné depuis plus de dix ans pour fraude et évasion fiscale. Ni à la pluspart des manifestants arrêtés lors de la vaque de contestation contre la réélection de Vladimir Poutine début 2012.

«Ce projet nous enlève une occasion d'apaiser les tensions sociales», avait regretté un autre membre du Conseil des droits de l'Homme, Igor Pastoukhov. Même si elle est jugée plus restricitive que ce qui avait été proposé par ce Conseil consultatif, le président russe mise sur cette loi d'amnistie pour redorer son image à l'étranger, en vue des Jeux Olympiques d'hiver de 2014 à Sotchi.

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