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Reportage Guerre en Ukraine : le mouvement des femmes réclamant le retour des soldats semble prendre de l'ampleur en Russie

Au moins 300 000 hommes sont actuellement engagés par la Russie sur le front ukrainien.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une affiche promeut l'engagement dans l'armée russe, en novembre 2023 à Moscou. (NATALIA KOLESNIKOVA / AFP)

Après 14 mois de mobilisation, des épouses ou des sœurs de soldats mobilisés réclament leur retour. Les militaires n'ont que très peu de permissions et les pertes, même s'il n'y a aucune statistique officielle, sont importantes. Ce n'est pas la première fois que le pouvoir russe est confronté à des protestations de femmes, qui étaient moins audibles ces derniers mois. Leur mouvement qui semble né sur les réseaux sociaux, monte dans plusieurs villes.

Sur Telegram, le canal qui rassemble ces femmes s'appelle "le chemin de la raison" et il compte quelque 14 000 abonnés. Dans plusieurs villes de Russie, des femmes sont même sorties manifester pour réclamer le retour de leurs hommes mobilisés. Mais elles prennent bien soin de ne pas trop critiquer ouvertement la politique du gouvernement, comme cette femme qui a diffusé ce témoignage à visage découvert sur Telegram : "Personnellement, je ne suis pas opposée à l'opération militaire spéciale, mais il est tout à fait injuste que depuis quatorze mois, ils accomplissent le travail de militaires professionnels indéfiniment et sans remplacement, comme des esclaves." 

"Je ne comprends tout simplement pas comment cela peut arriver. N'y a-t-il vraiment aucun moyen de procéder à un remplacement dans un si grand pays où vivent plus de 68 millions d'hommes ?"

Une femme russe

sur Telegram


Ce mouvement est difficile à quantifier. Il ne semble pas massif, ni pour autant marginal. Surtout, le message délivré peut être problématique pour le pouvoir russe. En appelant à une rotation chez les mobilisés, ces femmes soulignent les inégalités criantes de la société russe. Les soldats au front viennent souvent des régions ou des classes les plus pauvres du pays.

Une rotation n'est pas envisagée par les autorités

Mais ce mouvement n'a encore suscité aucune réaction officielle et le retour des mobilisés chez eux semble moins que jamais à l'ordre du jour. Les combats font rage, notamment dans la région de Kherson, où des soldats russes ont diffusé une vidéo sur les réseaux sociaux. Ils protestent contre l'attitude de leur hiérarchie après de lourdes pertes pour la défense d'îles située sur le fleuve Dniepr : "Le commandant du bataillon a du mal avec la rotation. Il ne nous laisse pas nous reposer en ce moment, il nous oblige à nous rendre dans les îles. Personne n'ira. Oui, nous n'avons pas peur, personne n'ira dans les îles. S'il veut que nous allions dans les îles, qu'il vienne s'asseoir dans le bateau avec nous et nous naviguons vers les îles."

Ce week-end, les femmes de soldats ont tenté d'organiser des manifestations dans certaines villes. Elles ont toutes été interdites officiellement en raison de l'épidémie de Covid.

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