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Les excès du nouvel an russe

Alban Mikoczy, le correspondant de France 2 en Russie, raconte une fin d'année toute dédiée à la consommation, de Moscou à Saint-Pétersbourg...
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les Russes dépensent beaucoup d'argent pour fêter le nouvel an, comme ici, dans un grand magasin de Moscou, le 18 décembre 2012. (Ekaterina Chesnokova/RIA Novosti )
185 euros, c’est la somme moyenne que les Russes vont consacrer à C Novim Godom («fêter la nouvelle année»). Une somme considérable quand on sait que le salaire moyen est ici inférieur à 1.000 euros par mois.

Ceux qui ne sont jamais allés en Russie autour du nouvel an l’ignorent, mais les premiers jours de la nouvelle année constituent une période étrange. Les villes entrent dans une sorte d’hibernation, qui commence le 31 décembre et s’achève au mieux le 10 janvier.

La première semaine de janvier, tout s'arrête
Tous les commerces sont fermés, les administrations closes, et même retirer de l’argent dans un distributeur automatique devient compliqué. A chaque carrefour, un sapin illuminé maintient une impression de vie mais, dans les villes, il ne se passe plus rien.

A l’intérieur des maisons, beaucoup d’hommes et quelques femmes se livrent au Zapoÿ (action de boire, tant et plus de vodka), au point d’atteindre une sorte de coma éthylique prolongé qu’Emmanuel Carrère a parfaitement dépeint dans son livre sur Edouard Limonov.


La vie politique, économique, culturelle est mise entre parenthèse
Même les sempiternels embouteillages de Moscou ou Saint-Pétersbourg ont disparu. En fait, le calendrier russe offre quelques bizarreries : le nouvel an précède le Noël orthodoxe de huit jours. Du coup, les bons repas se font dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier. Noël demeure ici avant tout une fête religieuse, celle de la naissance du petit Jésus.

Donc, c’est le 31 décembre qu’on échange les cadeaux, et que Ded Maroz, le grand-père polaire, accomplit (à peu de choses près) la même mission que notre père Noël. Et là, c’est du sérieux… Il n’y a jamais trop de cadeaux, trop de luxe, trop de prestige ! Certaines familles s’endettent même pendant des mois pour afficher ce soir-là une vraie opulence.

Les Russes aiment la démesure: elle s’exprime le 31 décembre
Les jours qui précèdent ─ en gros la dernière semaine de décembre ─ ont une fonction principale : donner le temps de faire les magasins. Dans les entreprises, il est très difficile de joindre qui que ce soit après 16h et pour cause: des millions de Moscovites prennent d’assaut les magasins dans une pagaille impressionnante.

Le centre commercial Vegas à Moscou, en Russie, le 22 décembre 2012. Les fêtes de fin d'année sont une bonne affaire pour le commerce russe. (Vitaliy Belousov/RIA Novosti )

En huit jours, les boutiques de vêtements font 30% de leur chiffre d’affaires annuel. C’est le dieu consommation que l’on célèbre ; peut être un souvenir inconscient des années de privation.

Le 10 janvier, il sera temps de sortir de cette espèce d’euphorie et d’observer alors qu’on a la gueule de bois. C’est le moment des promesses de devenir raisonnable. Engagements qui durent onze mois et trois semaines. Exactement.

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