Russie : l'état de santé d'Alexeï Navalny suscite l'inquiétude chez ses soutiens et de vives réactions à l'étranger
L'opposant au Kremlin a arrêté de s'alimenter le 31 mars pour dénoncer ses conditions de détention, et accuse l'administration pénitentiaire de lui refuser l'accès à un médecin et à des médicaments.
"Alexeï est en train de mourir. Dans son état, c'est une question de jours." Kira Yarmych, la porte-parole d'Alexeï Navalny, a tiré la sonnette d'alarme, samedi 17 avril, sur sa page Facebook. Elle évoque l'état de santé de l'opposant à Vladimir Poutine, qui mène une grève de la faim depuis le 31 mars pour protester contre ses mauvaises conditions de détention. Il accuse l'administration pénitentiaire de lui refuser l'accès à un médecin et à des médicaments alors qu'il souffre d'une double hernie discale, selon ses avocats.
Des médecins proches d'Alexeï Navalny, 44 ans, ont également exigé samedi de pouvoir le voir immédiatement, jugeant qu'il pouvait être victime d'un arrêt cardiaque à tout moment. Selon son médecin personnel, Anastasia Vassilieva, la concentration de potassium dans le sang d'Alexeï Navalny a atteint un niveau "critique" de 7,1 millimoles par litre, "ce qui signifie à la fois que la fonction rénale est altérée et que de graves problèmes de rythme cardiaque peuvent survenir d'une minute à l'autre", écrit-elle dans une lettre publiée sur Twitter.
"Un patient avec un tel taux de potassium doit être observé en soins intensifs, car une arythmie fatale peut se développer à tout moment. Décès par arrêt cardiaque", a ajouté sur Facebook le cardiologue Yaroslav Achikhmine. "C'est une indication totale d'hospitalisation. Si le traitement ne débute pas, il mourra dans les prochains jours", a affirmé Kira Yarmych, citant sur Twitter le médecin Alexandre Poloupane, qui avait déjà soigné Alexeï Navalny.
Un rassemblement de soutien prévu mercredi
Les alliés d'Alexeï Navalny ont appelé les Russes à manifester le 21 avril, afin de "sauver la vie" de l'opposant. "Il n'y a plus le temps. Il est temps d'agir. Il ne s'agit plus seulement de la liberté de Navalny, mais de sa vie", a écrit sur Facebook (en russe) le bras droit de l'opposant, Léonid Volkov. "En ce moment, il est en train d'être tué en colonie pénitentiaire, et on ne peut plus attendre." Ce rassemblement, prévu mercredi soir dans les principales villes du pays, est organisé le même jour que le discours annuel du président Vladimir Poutine devant les deux chambres du Parlement.
La situation est également suivie de près à l'étranger. La France s'est dite "extrêmement préoccupée" par l'état de santé d'Alexeï Navalny, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Ce dernier a dénoncé sur France 3 la "responsabilité majeure" de Vladimir Poutine dans ce dossier, et "souhait[é] que des mesures soient prises pour assurer l'intégrité physique de monsieur Navalny mais aussi sa libération". Lors de leur réunion lundi, les ministres des Affaires étrangères de l'UE vont discuter de la situation d'Alexeï Navalny, a annoncé le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas au quotidien Bild.
La Maison Blanche, pour sa part, a averti qu'il y aurait des "conséquences" pour la Russie si l'opposant mourait. La veille, le président américain Joe Biden avait déjà jugé que le sort réservé à l'opposant était "totalement injuste".
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