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2 mars 1917: comment le tsar de toutes les Russies est tombé
1917. Le pouvoir absolu qui règne en Russie s’effondre en quelques jours. La guerre, la faim, le froid ont très rapidement raison d’un régime de plus de 300 ans. Lorsque les soldats rejoignent les ouvriers de Petrograd, le tsar Nicolas II comprend que son règne est terminé. La révolution de Février est victorieuse et ouvre la voie à celle d'Octobre qui marque le triomphe des bolcheviks de Lénine.
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Quand Nicolas II a entraîné la Russie dans la guerre contre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie sous prétexte de défendre la Serbie slave, il ne se doutait pas qu'il en serait l'une des victimes indirectes et qu'il allait mettre un terme à 300 ans de monarchie absolue.
Le tsar était monté sur le trône en 1894. Lors de la Révolution de 1905 («répétition générale» de 1917, selon l'expression de Lénine), il a été obligé de «concéder» des libertés nouvelles ainsi qu’une assemblée parlementaire, la Douma. Mais le tsar a tout fait pour maintenir son pouvoir et a réduit progressivement la représentativité de l’Assemblée.
Nicolas II entraîne la Russie dans la guerre
Pays très dual, la Russie de Nicolas II est à la fois une puissance industrielle en plein développement et un pays rural en grande partie arriéré. Les armées russes ne sont pas préparées à la guerre moderne. Sous-équipée, malgré 14 millions d’hommes mobilisés, elle souffre de problèmes logistiques et son artillerie et son aviation sont insuffisantes.
Si quelques succès sont emportés face à l’empire austro-hongrois, les Allemands infligent des défaites sanglantes aux Russes dès 1914. La suite de la guerre est très coûteuse pour l’empire dont les pertes humaines sont énormes et les difficultés insoutenables pour la population.
Rationnement à Petrograd
En ce début de 1917, rien ne semble indiquer la tempête qui s'annonce. Les révolutionnaires sont sous surveillance. Les bolcheviks sont quasiment absents de la capitale de l'empire. Lénine est réfugié en Suisse et Trotski aux Etats-Unis. Les autres leaders sont déportés en Sibérie. Mais cela n'empêche pas l'agitation sociale de se propager dans les usines de la capitale où les militants révolutionnaires et les autres partis de gauche (mencheviks, socialistes-révolutionnaires ou anarchistes) restent puissants.
Même Trotski reconnaît dans son Histoire de la révolution russe que les manifestations n'ont pas été déclenchées par des partis politiques: «L'initiative fut spontanément prise par un contingent du prolétariat exploité et opprimé plus que tous les autres – les travailleuses du textile, au nombre desquelles, doit-on penser, l'on devait compter pas mal de femmes de soldats.» La première manifestation fut en effet menée par des femmes.
La crainte d'un rationnement et le chômage technique provoque des manifestations de rue. La troupe réprime d'abord les manifestants avant de se montrer solidaire des ouvriers qui défilent dans les rues. Faute de soldats fiables, le régime s'effondre. Les militaires obtiennent du tsar d'abdiquer. Nicolas II tente une dernière manœuvre. Le 2 mars, il renonce au trône en faveur de son frère, le grand-duc Michel... qui finalement refuse le titre. Le 3 mars (calendrier julien), la Russie n'est plus une monarchie.
Double pouvoir
Une situation confuse s'installe en Russie. Un gouvernement provisoire issu de la Douma se met en place sous la surveillance du soviet de Petrograd. Cette situation, que les marxistes ont appelée «double pouvoir», se maintient jusqu'à ce que les tensions soient trop fortes. En octobre (calendrier julien), les bolcheviks y mettent fin en prenant le Palais d'hiver.
L'ancien monarque a peut-être été fusillé avec toute sa famille dans la nuit du 17 au 18 juillet 1918, à Ekaterinbourg, une semaine avant que celle-ci ne tombe aux mains des Blancs.
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