Royaume-Uni : la Banque des graines rassemble 16% des plantes du monde

Créée il y a 24 ans par les jardins botaniques royaux, cette banque mondiale de graines prend tout son sens dans le contexte du dérègelement climatique.
Article rédigé par Richard Place
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des graines du monde entier sont stockées à -20 degrés dans le Sussex, dans le sud de l'Angleterre. (RICHARD PLACE / RADIO FRANCE)

Au Royaume-Uni, des graines du monde entier sont gardées dans un coffre-fort souterrain. Dans le sud de l’Angleterre, plus précisément dans le Sussex, plus de 80 personnes travaillent chaque jour pour préserver cet héritage de la planète. Créée il y a 24 ans par Kew gardens, les jardins botaniques royaux, cette banque mondiale a encore plus de sens avec le réchauffement climatique.

Une porte blindée se referme sur le trésor. L'abri est prévu pour résister aux inondations, aux bombardements, aux radiations. 16% des plantes sauvages que l’on trouve dans le monde y sont préservées. Cela représente près de 2,5 milliards de graines et environ 40 000 espèces.

Elles sont stockées à -20 degrés dans de grands bocaux en verre. Le docteur Louise Colville, directrice de recherche, est l’une des gardiennes de ce temple. "La banque représente une assurance. Une assurance contre la perte d’espèces, de diversités", expose-t-elle. L'une de ses activités est la restauration : "Notre banque garantit au moins que l’on puisse conserver ces espèces et dans le futur de pouvoir restaurer ces terres. Nous avons des programmes en cours à Madagascar, en Thaïlande et aussi sur des prairies au Royaume-Uni. Quand on perd en diversité, quand une espèce de plantes disparaît, on ne sait pas ce que l’on perd. Ça pourrait être utile, médicinal… On garde la possibilité de les garder, les étudier et peut-être de s’en servir. Si on laisse faire, on pourrait perdre un futur remède contre le cancer par exemple", souligne Louise Colville.

"Les menaces viennent du changement climatique, des destructions humaines…"

Dr Louise Colville, directrice de recherche

à franceinfo

Avant d'être stockées, les graines sont nettoyées, asséchées, étudiées. Il existe une fiche détaillée pour chaque variété. "Celles-ci viennent de Géorgie, en Europe de l’Est, explique Lucy Taylor, qui vient de recevoir de nouveaux spécimens qu'elle analyse, ce sont des bulbes communs de printemps." Elle utilise "une petite machine à rayons X destinée aux hôpitaux. Ça sert normalement à étudier les tissus cellulaires mais c’est parfait pour analyser des graines".

"Mieux résister au changement climatique"

Ces graines sont directement envoyées par des pays ou prélevées sur place par des équipes de Kew gardens. Timothy Pearce coordonne les partenariats et travaille beaucoup en Afrique de l’Est. Et selon lui, l’idée n’est pas seulement d’archiver. "Au Kenya, j’ai ramassé une plante qui ressemblait beaucoup à du riz ordinaire qui poussait dans un fossé desséché au bord de la route, rapporte-t-il. Il y a donc des gènes différents chez ce cousin du riz qui pourrait l’aider à mieux résister au changement climatique." 10% des espèces conservées ici ont déjà disparu dans la nature ou sont sur le point de disparaître. Les graines stockées dans cette banque peuvent aussi servir à faire revivre cette diversité.

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