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Gibraltar: plus que jamais pour le Royaume-Uni malgré le Brexit

A l'opposé des Ecossais anti-Brexit qui songent à leur indépendance, les 32.000 habitants de Gibraltar, enclave britannique à l'extrême sud de l'Espagne, affirment, eux, leur attachement indéfectible au Royaume-Uni. Cela malgré un vote à 96% pour le maintien dans l'UE lors du référendum du 23 juin 2016. Le Brexit l'ayant emporté, ce petit territoire de 7 km² se retrouvera de fait exclu de l'Union.
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min

Parole de Michel Barnier, négociateur en chef de l'Europe sur le Brexit: aucune clause spéciale ne sera accordée à Gibraltar en dépit de ses demandes, comme le maintien de l'ouverture de la frontière pour les touristes et pour les 10.000 travailleurs espagnols quotidiens ainsi que l'accès au marché unique pour les sociétés installées sur la péninsule.

Conséquence, cela obligera en principe ses habitants à demander un visa pour quitter l'enclave, du moins par la terre.

«C'est petit mais bien actif»
En juin 2016, l'annonce du Brexit avait fait l'effet d'une bombe. Sur place, se répandait une atmosphère de deuil. Aujourd'hui, malgré les inquiétudes et l'absence d'informations sur la concrétisation du Brexit, les résidents de Gibraltar se montrent plus que jamais proches de Londres.

«Nous avons un lien très solide avec le Royaume-Uni et ils ont dit qu'ils n'allaient pas nous lâcher», veut croire Damon Bossino, un avocat né sur le territoire il y a 45 ans.

«Gibraltar est un lieu unique», renchérit Alfredo Vazquez, comptable de 36 ans, interrogé par l'AFP. «C'est petit mais bien actif, un lieu magnifique entouré par la mer, la Méditerranée d'un côté, l'Atlantique de l'autre. Je vois l'Afrique de mon balcon».


L'Espagne tente à nouveau sa chance
Pour son approvisionnement, Gibraltar dépend de l'Espagne. Son économie prospère spécialisée dans les services financiers et les jeux en ligne profite aussi à sa voisine espagnole, via les travailleurs frontaliers. Aux yeux de Madrid, qui réclame régulièrement la restitution de Gibraltar, cédée par l'Espagne à la Grande-Bretagne en 1713, le Brexit ressemble à une aubaine.

Encouragées, les autorités hispaniques tentent un nouveau rapprochement avec une proposition de co-souveraineté, qui permettrait aux Gibraltariens de devenir espagnols et de garder un passeport de l'UE.

Cependant, déjà soumise à référendum en 2002, cette offre avait été rejetée... Les habitants ne semblent pas prêts à se jeter dans les bras de Madrid.

«Question d'identité, dit encore Alfredo, nous préférons maintenir notre statut, même si nous traversons des difficultés».

Le Rocher de Gibraltar en a vu d'autres
Du temps de la dictature de Francisco Franco (1939-1975), la frontière était fermée: «Les familles se parlaient en criant de part et d'autre de la grille. Ils s'annonçaient ainsi les naissances. Franco avait même coupé les lignes téléphoniques», raconte Damon.

Tous semblent espérer que l'Espagne ne les prendra pas «en otage» pour faire pression sur le Royaume-Uni, comme quand, lors d'une dispute entre Londres et Madrid en 2013, il fallait attendre «huit heures pour passer en voiture». Chacun préfère penser à la mise en place de solutions de bon sens.

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