Syrie : une résolution sur les armes chimiques votée à l'unanimité à l'ONU
Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté un texte encadrant la destruction de l'arsenal chimique du régime de Bachar Al-Assad. Une première depuis le début du conflit.
Une première depuis le début de la crise syrienne. Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté à l'unanimité, dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 septembre, un texte encadrant la destruction de l'arsenal chimique du régime de Bachar Al-Assad. Le secrétaire général de l'ONU a par ailleurs annoncé la tenue mi-novembre d'une conférence de paix sur la Syrie pour tenter de mettre fin à un conflit qui a fait plus de 100 000 morts depuis mars 2011.
Que prévoit la résolution ?
Le texte adopté dans la nuit à l'ONU fait suite à l'accord conclu à Genève mi-septembre afin d'éviter une intervention militaire en Syrie, menace brandie par Washington en réponse à une attaque à l'arme chimique le 21 août.
Issue d'âpres négociations entre les Etats-Unis et la Russie, fidèle allié de Damas, la résolution de l'ONU prévoit la possibilité pour le Conseil de sécurité de prononcer des sanctions si le plan de désarmement n'est pas respecté. Cependant, il ne s'agit pas de sanctions automatiques. En cas de violation des engagements, il faudrait une deuxième résolution, ce qui laisse à Moscou une possibilité de blocage. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a toutefois souligné qu'il y aurait des "conséquences" pour le pouvoir syrien s'il ne respectait pas ses engagements.
Comment les armes chimiques vont-elles être détruites ?
Avant le vote au siège de l'ONU, le Conseil exécutif de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) avait validé vendredi dans la nuit à La Haye une feuille de route sur la destruction de l'arsenal chimique syrien.
"Nous nous attendons à avoir une équipe sur le terrain en Syrie dès la semaine prochaine", a déclaré le porte-parole de l'OIAC, Michael Luhan. Tous les sites répertoriés dans la liste officielle remise par la Syrie le 19 septembre à l'OIAC doivent avoir été inspectés au plus tard 30 jours après l'adoption de ce texte.
Si la Syrie ne respecte pas ce plan, qui prévoit la destruction complète de l'arsenal chimique d'ici à la mi-2014, l'OIAC pourra "soumettre le problème directement à l'attention" de l'ONU.
Quelles initiatives pour mettre fin au conflit ?
"Le dossier chimique n'est qu'un aspect du drame syrien, avait rappelé M. Fabius peu avant le vote. Si on veut mettre fin au massacre, il n'y a pas d'autre solution que de relancer le processus politique".
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a annoncé que la communauté internationale s'était fixée comme objectif d'organiser une conférence de paix sur la Syrie dite de "Genève 2" "mi-novembre". Des contacts vont être pris en octobre pour préparer la conférence et le médiateur de l'ONU en Syrie, Lakhdar Brahimi, fera le point des préparatifs fin octobre, selon des sources diplomatiques.
"Genève 2" doit en principe faire se rencontrer des délégations du pouvoir syrien et de l'opposition pour tenter de former d'un commun accord un gouvernement de transition, en prélude à des élections libres. La convocation de cette conférence a été reportée à plusieurs reprises en raison de divergences sur ses objectifs et sur les participants.
L'Iran a fait part de sa volonté de participer à cette conférence. "Pour Genève ou toute autre réunion internationale (...), si l'Iran y participe, il répondra activement à cette invitation et y prendra part pour le bien du peuple syrien", a déclaré le président iranien, Hassan Rohani.
Quelles réactions au vote du Conseil de sécurité ?
"Ce soir, la communauté internationale a rempli sa mission, a commenté Ban Ki-moon. C'est le premier signe d'espoir en Syrie depuis longtemps." Pour le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, "le Conseil de sécurité mérite enfin son nom". De son côté, le président américain, Barack Obama, a qualifié vendredi "d'énorme victoire pour la communauté internationale".
L'opposition syrienne, elle, est plutôt satisfaite. "Nous aurions aimé une résolution plus claire (...) nous en voulions un peu plus, mais nous sommes contents de cette résolution, nous pouvons nous en accommoder", a déclaré le président de la Coalition nationale syrienne, Ahmad Jarba. Il a posé plusieurs conditions à l'éventuelle participation de son groupe à Genève 2: "Nous voulons y être, mais le but de Genève doit être clair", a-t-il expliqué. "Il s'agit d'une transition vers la démocratie, cela ne doit pas être un dialogue sans fin avec le régime" syrien.
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