"On veut rentrer chez nous, reprendre une vie normale" : le désespoir des familles syriennes d'Idlib
Idlib, trois millions de civils et 900 000 déplacés depuis décembre, sous la pression de l'offensive du régime qui veut reconquérir ce dernier bastion rebelle. "La pire catastrophe humanitaire depuis le début de la guerre en Syrie", selon l'ONU. Une guerre sans fin, dont les premières victimes sont comme souvent les civils, et notamment les enfants.
La Mosquée Al Hussein, dans le centre-ville d’Idlib, ultime refuge pour 150 femmes et leurs enfants. Entre les matelas, un poêle et quelques couvertures, il y a la Wisal, arrivée de Saraqeb, une ville reprise par le régime. "On fêtait l’anniversaire de mon frère chez nos voisins, après je suis allée me coucher et dans mon rêve j’ai entendu ma maman qui m’appelait", raconte la fillette de 10 ans. Quelques secondes après, un obus tombe devant de sa maison.
Ma mère et mon frère sont morts, mon oreille a été coupée et mon bras droit paralysé.
Wisal, 10 ansà franceinfo
"Notre équipe d’urgence est appelée tous les jours dans des lieux comme ça, où les mamans et les enfants sont traumatisés", témoigne Abdul Razac, fondateur de l’ONG syrienne Violet, l’une des rares à opérer encore dans cette province du nord-ouest de la Syrie, où l'offensive menée depuis la fin de l'année dernière par les forces gouvernementales avec l'appui de la Russie a fait des centaines de milliers de déplacés.
"Ces situations sont compliquées, difficiles. En plus les enfants tournent en rond dans ces abris temporaires", poursuit ce trentenaire, en rappelant que la plupart ne sont plus ou n’ont jamais été scolarisés.
"L’école ? Il n’y en n’a plus depuis dix ans ! Il n’y a plus d’éducation. Ici, on a de la nourriture et de l’eau mais on veut que les bombes s’arrêtent, on veut rentrer chez nous, reprendre une vie normale", confirme Hasna, qui a trouvé refuge dans les sous-sols du stade municipal d’Idlib, comme des centaines d’autres familles.
"Sortir de cette atmosphère de mort"
"Les enfants grandissent trop vite, leurs pensées, leurs mentalités… On essaye de les ramener à leur âge réel avec des jeux, des activités", explique encore Abdul Razac de l’ONG Violet, dont les moyens sont dérisoires face à un tel défi.
Même volonté à cinq minutes de la mosquée Al Hussein, où malgré la guerre une salle de jeu a ouvert il y a quelques mois. "On veut faire quelque chose de doux, sortir les adultes et les enfants de cette atmosphère de mort, de destruction", explique le gérant de la salle, en soulignant que même quelques minutes de joie et de légèreté des enfants, c’est bon pour les parents.
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