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Laurent Fabius confirme l'utilisation d'armes chimiques en Syrie

Cette annonce intervient après que des analyses effectuées par un laboratoire français sur des échantillons ont "démontré la présence de sarin".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 4min
Un combattant rebelle tire dans les rues d'Alep, en Syrie, lundi 3 juin 2013. (MUZAFFAR SALMAN / REUTERS)

Des doutes persistaient, ils sont désormais levés. La France a "la certitude que le gaz sarin a été utilisé en Syrie à plusieurs reprises et de façon localisée", a déclaré mardi 4 juin le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius dans un communiqué. Une annonce qui intervient après des analyses effectuées par un laboratoire français sur des échantillons ramenés par des journalistes du Monde.

Qu'est-ce que ce gaz ? Où a-t-il été utilisé ? Quelles sont les conséquences de cette découverte ? Francetv info récapitule.

Qu'est-ce que le gaz sarin ?

Le sarin est un puissant gaz neurotoxique mortel, inodore et invisible, découvert en 1938 en Allemagne. Outre son inhalation, le simple contact avec la peau de ce gaz bloque la transmission de l'influx nerveux et entraîne la mort par arrêt cardio-respiratoire. 

Les victimes se plaignent d'abord de maux de tête violents et présentent des pupilles dilatées. Surviennent ensuite convulsions, arrêts respiratoires et coma précédant la mort, si plus d'un demi-milligrame du gaz est ingéré. Il peut être utilisé en aérosol, notamment à partir de l'explosion de munitions, mais également servir à empoisonner l'eau ou la nourriture.

Où et par qui a-t-il été utilisé ?

Dans son communiqué, le ministère ne désigne ni lieux, ni responsables de l'utilisation du sarin. Mais, invité du 20 heures de David Pujadas mardi, Laurent Fabius s'est fait plus offensif. Pour le ministre des Affaires étrangères, il ne fait "aucun doute" que ce gaz  avait été utilisé par "le régime et ses complices", au moins dans un cas, qu'il n'a pas précisé.

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Les échantillons étudiés proviendraient de Jobar, dans la banlieue de Damas, où deux envoyés spéciaux du Monde ont été témoins mi-avril de l'utilisation de gaz toxiques, ainsi que de Saraqeb, au sud de Homs (centre), où une attaque a été signalée fin avril.

Par ailleurs, la Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie a, dans un rapport publié mardi, répertorié l'usage d'agents chimiques à au moins quatre occasions en Syrie, en mars et avril. Mais leurs enquêtes n'ont pour l'instant "pas permis d'identifier la nature de ces agents chimiques, les systèmes d'armes employés ni qui les a utilisés".

Cette découverte va-t-elle pousser la communauté internationale à intervenir en Syrie ?

C'est encore loin d'être acquis. D'abord parce que selon Washington, les preuves françaises ne suffisent pas. "Nous devons augmenter le faisceau des preuves en notre possession (...) avant de prendre une décision", a ainsi réagi le porte-parole de Barack Obama, interrogé à ce sujet mardi soir. "Il nous faut enquêter davantage".

Sur le plateau de David Pujadas, Laurent Fabius a été plus offensif. "Il y a une ligne qui est franchie incontestablement. Nous discutons avec nos partenaires de ce qu'il va falloir faire et toutes les options sont sur la table. Ou bien on décide de ne pas réagir ou bien on réagit, y compris d'une façon armée, là où est produit, où est stocké le gaz", a-t-il souligné.

Mais il a immédiatement nuancé son propos. "Nous n'en sommes pas là. (...) Il faut à la fois réagir et en même temps ne pas bloquer la conférence éventuelle de la paix", a-t-il dit, faisant référence à la conférence internationale "Genève 2" initiée par Washington et Moscou pour ouvrir des négociations entre les belligérants syriens.

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