La Turquie lance une offensive terrestre et aérienne contre une milice kurde en Syrie
Ankara considère que cette milice, les Unités de protection du peuple (YPG), est une organisation terroriste. Elle est pourtant l'alliée des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe Etat islamique.
L'opération, baptisée "Rameau d'olivier", est vue avec inquiétude par Washington. La Turquie a lancé une offensive terrestre et aérienne dans le nord de la Syrie, samedi 20 janvier, contre une milice kurde considérée comme une organisation terroriste. L'opération, qui a débuté à 15 heures, heure française, a notamment ciblé l'aéroport militaire de Minnigh, selon l'agence de presse turque Anadolu. Cette dernière évoque 108 cibles touchées au total.
"L'opération Afrine a commencé de facto sur le terrain (...) Etape par étape, nous débarrasserons notre pays jusqu'à la frontière irakienne de cette croûte de terreur qui essaye de nous assiéger", a déclaré le président turc, Recep Tayyip Erdogan, dans un discours télévisé.
La région d'Afrine (Syrie) est tenue par les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde vue comme une organisation terroriste par la Turquie. Cette milice est cependant alliée des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).
Enormes panaches de fumée
Un correspondant de l'AFP, se trouvant sur le côté turc de la frontière turco-syrienne, a vu deux avions de combat procéder à des frappes sur le côté syrien de la frontière. Ces dernières ont provoqué d'énormes panaches de fumée dans le ciel en début de soirée.
Ankara accuse les YPG d'être la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une rébellion dans le sud-est de la Turquie depuis plus de trente ans. Ces derniers sont considérés par la Turquie et ses alliés occidentaux comme une organisation terroriste. Mais les YPG ont aussi été un allié incontournable des Etats-Unis dans la guerre contre l'EI. Elles ont joué un rôle majeur dans l'éviction des jihadistes de leurs principaux fiefs de Syrie.
Moscou appelle à la "retenue"
Face à cette offensive turque, la Russie a appelé à la "retenue". Le ministre adjoint des Affaires étrangères syrien, Fayçal Mekdad, avait affirmé jeudi que l'aviation syrienne abattrait tout appareil militaire turc s'aventurant dans son espace aérien.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a indiqué samedi que son pays tenait le président syrien Bachar al-Assad informé "par écrit" de son offensive. Mais le régime syrien nie avoir été informé de cette opération.
Le ministère russe de la Défense a de son côté annoncé samedi que les militaires russes déployés dans la zone d'Afrine avaient quitté leurs positions, pour "empêcher d'éventuelles provocations" ou menaces à leur encontre. La Russie, présente militairement dans la région, entretient de bonnes relations avec les YPG. Selon Moscou, le chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, s'est entretenu samedi au téléphone avec son homologue américain, Rex Tillerson. Ils ont évoqué "les mesures visant à assurer la stabilité dans le nord" de la Syrie.
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