Syrie : les violences continuent malgré les pressions sur Al-Assad
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, 16 civils et 19 membres des forces du régime sont morts lundi dans le sud du pays.
Lundi 14 novembre, le ministre des Affaires étrangères syrien estimait que le pays se dirigeait "vers la fin de la crise". Une déclaration qui résonne cruellement, alors que selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, 16 civils et 19 membres des forces du régime ont trouvé la mort le même jour, lors des violences à Deraa, dans le sud du pays.
Isolé au sein de la Ligue arabe, pointé du doigt par la communauté internationale, le régime de Bachar Al-Assad s'essoufle. Selon l'ONU, la répression des manifestations quotidiennes depuis le début de la crise a fait plus de 3 500 morts. FTVi fait le point sur la pression qui s'est renforcée dans le week-end autour du président syrien.
• L'oncle de Bachar Al-Assad se positionne
En exil à Paris, l'oncle du président syrien Bachar Al-Assad, Rifaat Al-Assad, a pris la tête dimanche 13 novembre d'un nouveau mouvement d'opposition, le Conseil national démocratique. Il appelle son neveu à quitter le pouvoir pour éviter "une guerre civile".
Depuis un hôtel parisien, il a déclaré vouloir incarner une nouvelle voix de l'opposition. Il prône notamment la création d'une alliance internationale chargée de négocier la démission de Bachar Al-Assad en échange de garanties pour sa sécurité. Ainsi, le dictateur pourrait être remplacé par un membre de sa famille. "Moi ou un autre", explique Rifaat al-Assad.
• D'anciens officiers soutiennent la rébellion
Anciens officiers aux ordres de Bachar Al-Assad, certains militaires ont déserté pour se réfugier au Liban. Selon les informations de Libération (article payant), le principal refuge de déserteurs au Liban rassemble environ 200 soldats "pour la plupart venus rejoindre l'Armée syrienne libre", qui regroupe des déserteurs et essaie d'organiser les rebelles.
Concrètement, cette Armée syrienne libre multiplie "les embuscades contre les forces de l'ordre et […] les milices du régime à l'intérieur du pays", indique Le Monde. Problème : cette armée de rebelles "ne constitue pas une vraie menace. Elle manque de tout, armes, munitions, structures mais aussi de vrais officiers", estime Wissam, un chercheur libanais interrogé par Libération.
• La Ligue arabe, l'Union européenne et les Etats-Unis envisagent des sanctions
Samedi, la Ligue arabe a suspendu la Syrie et l'a menacée de sanctions en raison du refus du régime d'appliquer comme promis le plan arabe de sortie de crise, qui prévoit en premier lieu l'arrêt des violences. Réponse de Damas lundi : la décision de la Ligue arabe est "extrêmement dangereuse", a dénoncé le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem. Par ailleurs, lundi, le roi de Jordanie, Abdallah II, a appellé Bachar al-Assad à "quitter le pouvoir (...) dans l'intérêt de son pays", dans une interview accordée à la BBC.
L'Union européenne a décidé lundi d'étendre ses sanctions contre le régime syrien. Gel des avoirs et interdiction de visa en Europe pour des personnes jugées responsables de la répression des manifestations, essentiellement des militaires. Ces sanctions, qui concernent 56 personnes, en viseraient désormais 18 de plus.
L'UE a également décidé de geler des crédits de la Banque européenne d'investissement en Syrie. Au total, l'Europe a déjà adopté sept séries de sanctions contre Damas, notamment un embargo sur les armes et les livraisons de pétrole.
De son côté, Barack Obama a "applaudi" la décision de la Ligue arabe de suspendre la Syrie. "Les Etats-Unis se joignent à la Ligue arabe dans son soutien au peuple syrien, qui continue à réclamer le respect de ses droits universels face à la violence inhumaine du régime", a déclaré samedi le président des Etats-Unis.
• Le pays garde toutefois des alliés précieux
Si la communauté internationale fait pression sur le régime syrien, l'unité n'est pas de mise. Damas peut compter sur le soutien de deux alliés de poids : la Russie et la Chine. Cette dernière a exhorté lundi la Syrie à mettre en œuvre le plan de la Ligue arabe, tout en se gardant de soutenir d'éventuelles sanctions contre le régime de Damas.
Et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a condamné lundi la décision de la Ligue arabe à l'égard de la Syrie, la jugeant "incorrecte".
Le ministre des Affaires étrangères syrien a quant à lui exclu lundi toute possibilité d'intervention étrangère en Syrie à l'instar du scénario libyen, en raison du soutien de la Russie et de la Chine.
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