Dans l'attente d'une trêve à Madaya, en Syrie : "Nous mélangeons du riz avec de l'herbe"
A quelques heures d'un cessez-le-feu prévu en Syrie ce lundi en fin de journée, des témoignages d'habitants de Madaya et d'Alep montrent l'urgence de l'aide médicale et alimentaire attendue pendant le répit, s'il est respecté.
Un cessez-le-feu en Syrie a été négocié vendredi entre les Etats-Unis et la Russie. La trêve doit prendre effet ce lundi au coucher du soleil. Omar Ouahmane, correspondant de franceinfo à Beyrouth, a recueilli les témoignages d'habitants de Madaya et d'Alep qui espèrent que la pause dans les combats va ouvrir le chemin à une aide humanitaire salvatrice.
A Madaya, la faim et les maladies
L'espoir est immense pour les habitants de Madaya, une ville de 40 000 habitants située au nord-ouest de Damas et assiégée par les forces du régime de Bachar al-Assad. Pour eux, le cessez-le-feu signifie surtout le retour de convois humanitaires qu’ils n’ont pas vus depuis le printemps dernier. L’aide d'urgence est qualifiée d’absolue par Khaled, un instituteur de Madaya qui témoigne via la messagerie WhatsApp.
Nous mangeons du riz tous les jours, parfois nous le mélangeons avec de l’herbe pour varier. Les gens maigrissent rapidement à cause de la famine. Beaucoup sont en dépression.
Raed ajoute que des maladies apparaissent : "il y a de nombreux cas de méningite."
Raja est professeur de mathématiques à Madaya. Via WhatsApp, il témoigne aussi d'une situation "très difficile". "Nous manquons de tout, nous n’avons pas reçu d’aide alimentaire depuis quatre mois, les étals sur les marchés sont vides. Il reste très peu d’huile, de farine, de sucre. Il n’y a presque plus de lait pour les bébés", décrit-il.
Cela fait très longtemps que l’on n’a pas mangé de viande. On espère tous que ce cessez-le-feu permettra l’arrivée de l’aide humanitaire. Après la fête de l’Aïd, nous en avons un besoin urgent.
A Alep, une situation tout aussi dramatique
La ville est coupée en deux. L’aide humanitaire est également attendue avec impatience par les 250.000 habitants des quartiers rebelles totalement assiégés par les forces de Damas.
Mohamed est infirmier. Il décrit la situation via Skype : "A Alep, vous savez, il n’y a plus rien. Il n’y a plus vraiment d’infrastructures médicales et rares sont les hôpitaux encore en activité."
Mais Mohamed doute du cessez le feu. "Je ne crois pas qu’il tiendra", dit-il, ici personne n’y croit. Les Russes et le régime ne respecteront pas leurs engagements. Ils n’ont pas tenu leur parole par le passé. Il y a quelques heures à peine, ils ont tué des civils, des enfants, des femmes."
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